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prévaloir les ennemis sur le peuple et le réduisaient aux dernières extrémités. Élevait-il la voix vers Dieu pour solliciter un pardon, aussitôt Dieu suscitait un homme qui, par son genie et sa valeur, rétablissait les affaires, triomphait des ennemis, assurait la paix au peuple, qui en jouissait tout aussi longtemps qu'il demeurait attaché à la loi. Ces hommes, ainsi suscités par la Providence, étaient appelés Juges, parce qu'ils rendaient la justice à tous ceux des diverses tribus qui recouraient à eux. Ils n'avaient pas, d'ailleurs, d'autorité sur tout le peuple : les tribus, indépendantes les unes des autres, unies seulement par les liens de la fraternité et par la religion, étaient sous le gouvernement immédiat de Dieu qu'elles consultaient dans les doutes, et Dieu rendait ses oracles dans le tabernacle; quelquefois il l'expliquait par l'organe du grand prêtre, d'autres fois par des prophètes. Cet état de choses dura pendant quatre cents ans, au bout desquels le peuple demanda à Samuel d'établir un roi qui eût le commandement de toutes les tribus. Dieu agréa cette demande et choisit Saül qui fut réprouvé ensuite pour ses infidélités, et la royauté fut alors établie, toujours par l'ordre de Dieu, dans la tribu de Juda et dans la famille de David, d'où devait sortir le Messie.

Le règne de David et celui de son fils Salomon forme l'époque la plus glorieuse du peuple de Dieu; jamais il ne fut plus heureux, plus calme, plus riche, ni plus respecté par les étrangers; jamais aussi la loi de Moïse ne fut plus religieusement observée, et quand, dans les siècles qui suivirent, les écrivains sacrés voulaient faire l'éloge d'un prince, ils disaient qu'il avait marché dans

les mêmes voies que David. Son fils Salomon, si renommé pour sa sagesse, et qui construisit le temple du Seigneur avec une magnificence extraordinaire, s'égara, sur la fin de ses jours, jusqu'à rendre des honneurs divins à de fausses divinités. Aussitôt Dieu lui envoya un prophète pour lui annoncer qu'il le punirait en ôtant à son fils une partie de son royaume, et qu'il ne lui laisserait le reste qu'en considération des mérites de David. Les menaces de Dieu ne tardèrent pas à se réaliser; aussitôt après la mort de Salomon, il se forma un schisme; dix tribus se révoltèrent contre Roboam, successeur de Salomon, qui ne retint sous son autorité que la tribu de Juda, celle de Lévi et une portion de celle de Benjamin. Ce fut l'origine des deux royaumes, le royaume de Juda et celui d'Israël, dont il est si souvent fait mention dans les Écritures. Les dix tribus ajoutèrent à leur rébellion contre la maison de David, le crime plus grave d'abandonner le temple de Jérusalem, où tous les Juifs devaient se rendre, selon la loi de Moïse, à certaines solennités pour l'oblation des sacrifices; ils se construisirent un temple à part sur le mont Garizim, et là, ils adorèrent des idoles à la place du Dieu véritable. Les princes qui régnèrent sur le royaume d'Israël furent les causes principales de cette défection; Dieu les châtia souvent, et enfin il leur annonça qu'eux et leurs peuples, qu'ils entraînaient dans ces prévarications sacriléges, seraient dispersés par leurs ennemis. En exécution de ces arrêts de la justice divine, les rois d'Assyrie s'emparèrent des villes et de tout le royaume d'Israël, réduisirent le roi et sa famille en captivité, et dispersèrent le peuple dans les provinces de leur vaste empire.

Le royaume de Juda devait profiter de l'exemple de celui d'Israël, pour se préserver des excès qui avaient attiré de si graves malheurs. Dieu y fut plus fidèlement servi pendant un certain temps, et si quelques princes se rendirent gravement coupables contre la Religion, le Seigneur les supportait avec patience, en considération de David; il fit éclater, en faveur de ceux qui se montrèrent zélés pour sa loi, la puissance de son bras, en les délivrant miraculeusement des armées ennemies. C'est ainsi que, sous le pieux roi Ézéchias, une puissante armée fut anéantie, dans une seule nuit, par le glaive d'un ange exterminateur. Cependant ni la piété de ces princes, ni celle de plusieurs justes qui gémissaient des excès du peuple, ne purent à la fin arrêter la main de Dieu, quand les iniquités de Juda eurent comblé la mesure. Isaïe prédit de terribles châtiments, il vit de loin le superbe et redoutable Nabuchodonosor, qui devait un jour servir d'instrument à la justice de Dieu. Jérémie fit plus, il ne se contenta pas d'annoncer, comme l'avait fait Isaïe, la captivité du peuple, la destruction dos temples, la ruine de Jérusalem; compta même le nombre des années que durerait la captivité, pour que les Juifs ne pussent pas ne pas voir, dans les malheurs qui allaient les châtier, la main de Dieu qui les frappait.

En même temps, et pour mieux persuader le peuple de cette action de la divine Providence, les prophètes annonçaient la perte des nations puissantes et orgueilleuses qui auraient opprimé la Judée. La chute, les humiliations profondes de Nabuchodonoser, la destruction de Babylone, tout cela était annoncé par Isaïe longtemps avant, ainsi que le retour des Juifs dans leur patrie. Dieu

appelait ainsi les princes d'Assyrie pour châtier son peuple, et ensuite il brisait cet instrument de ses vengeances, comme un père brise la verge dont il a frappé son fils. « Ne crains pas, ô Jacob, dit le Seigneur, par l'organe » de Jérémie, parce que je suis avec toi. Je te châtierai » avec justice, mais je ne te détruirai pas, coinme » je détruirai les nations parmi lesquelles je t'ai dis>> persé1. >>

Nous ne raconterons pas ici comment le peuple juif, qui avait d'abord refusé de croire à la parole des prophètes, trompé par des séducteurs, fut battu par les armes de Nabuchodonosor, qui ravagea ses terres, réduisit son temple en cendres, mit à mort ses principaux citoyens et traîna les autres en captivité. Nous n'entrerons pas dans ces détails, et ne rapporterons pas non plus le retour du peuple après les soixante et dix années de servitude qu'avaient prédites Jérémie, le renversement du trône des princes assyriens, la prise et plus tard la destruction de Babylone; il faudrait pour cela entreprendre une histoire qui sortirait du plan que nous avons dû nous tracer; le simple souvenir de ces grands événements, d'ailleurs bien connus, et de ceux qui survinrent après le rétablissement de Jérusalem et de son peuple, événements que nous ne pouvons pas même rapporter ici sommairement, justifie l'observation qui fait ici l'objet principal de ce chapitre : « Le peuple de » Dieu, subsistant toujours au milieu du changement » des empires, ce peuple, tantôt châtié, tantôt consolé » dans ses disgrâces, par les différents traitements qu'il

Jérémie, XLVI, 28.

>> reçoit selon ses mérites, rend un témoignage public à » la Providence qui régit le monde 1. >>

§ III.

LE PEUPLE JUIF SERT AUX DESSEINS DE LA PROVIDENCE EN RÉPANDANT PARMI LES NATIONS, LES CROYANCES QU'IL CONSERVAIT LUI-MÊME.

Dieu ne s'était pas seulement proposé, en choisissant le famille d'Abraham, de conserver dans la postérité de ces patriarches les croyances primitives, les dogmes de l'unité de Dieu, de la création, de la Providence, mais il voulut se servir d'elle pour répandre dans le monde ces mêmes croyances.

Pour l'accomplissement de ces desseins, le peuple juif fut placé dans la situation la plus avantageuse qui fùt alors. La Palestine se trouvait au centre du monde connu, entre l'Egypte et l'Arabie d'un côté, la Syrie, la Chaldée, l'Assyrie, de l'autre ; là où les premières grandes monarchies s'étaient élevées et d'où la science et les arts se répandirent en Occident. Elle était aussi dans le voisinage de Tyr et de Sidon, ces ports fameux de l'univers dont les commerçants parcouraient toutes les plages et allaient former des colonies dans les pays les plus éloignés. Les mœurs particulières du peuple hébreu, ses usages, et les choses extraordinaires que la Providence avait faites et ne cessait encore de faire en sa faveur, devaient naturellement porter ses voisins à s'informer de sa religion et de ses lois, et cet examen

1 Bossuet, Histoire universelle, II part., chap. 14.

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