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excellence de la Rédemption du monde ; je ne suis pas surpris que partout où il se présentait à la pensée du prophète quelque ombre du Messie, quelque trait qui leur en rappelât le souvenir, ils se soient élancés vers lui de toute l'ardeur de leurs pieux désirs, et que l'esprit de Dieu qui les animait, les éclairât alors de grandes, de vives et d'admirables lumières, pour parler aux hommes, d'un mystère sur lequel portaient leurs plus chères espérances.

Nous devons donc écouter avec un respect profond les paroles des prophètes et considérer avec simplicité ce qui, dans leurs écrits, peut ne se rapporter qu'à des événements ordinaires, et ce qui ne peut s'appliquer manifestement qu'au Messie. Quand, d'une part, nous voyons leurs paroles n'offrir un sens raisonnable, qu'autant qu'elles auraient cet objet surnaturel, quand d'ailleurs et surtout nous savons que c'est l'interprétation qu'elles avaient reçue jusqu'ici, nous conviendrait-il, pourrions-nous, sans une grande témérité, leur donner un sens différent? Au lieu de nous fatiguer l'esprit et de nous dessécher le cœur dans une étude critique de ces divins livres, au risque d'y perdre la foi, comme l'ont perdue tant de savants orgueilleux, bénissons Dieu, qui, à toutes les époques, a voulu relever l'espérance des hommes par de consolantes promesses, et estimons-nous heureux d'en voir aujourd'hui la réalisation. « Si on ne » découvre pas ici, disait Bossuet, un dessein toujours >> soutenu et toujours suivi; si on n'y voit pas un même >> ordre des conseils de Dieu, qui prépare dès l'origine » du monde ce qu'il achève à la fin des temps, et qui, >> sous divers états, mais avec une succession toujours

>> constante, perpétue aux yeux de l'univers la sainte » société où il veut être servi, on mérite de ne rien voir » et d'être livré à son propre endurcissement, comme >> au plus juste et au plus rigoureux de tous les sup» plices 1. >>

1

§ II.

ATTENTE DU MESSIE.

Les prophéties que l'on vient de rapporter, et la dispersion des Juifs dans l'univers, expliquent l'attente générale d'un grand événement, l'attente d'un Messie, que l'on a retrouvée chez un grand nombre de peuples, vers la fin de la République romaine. Cette république, qui avait soumis à ses lois l'Europe, l'Afrique, et presque toute l'Asie connue alors, n'avait point à redouter de puissances étrangères; cependant un secret pressentiment de l'avenir agitait les peuples, qui, après les violentes commotions qui venaient de les ébranler, s'attendaient à voir paraître un homme extraordinaire dont l'autorité rétablirait toutes choses.

Suétone rapporte un bruit populaire qui avait excité la sollicitude du sénat : on disait de toutes parts que la nature enfantait un roi au peuple romain, et cela avant la naissance d'Auguste, avant, par conséquent, qu'on eût pu se faire à Rome à l'idée d'un roi 2. Le même historien, Tacite, et d'autres écrivains de ce siècle assurent d'ailleurs que, d'après une idée fort répandue,

1 Discours sur l'hist. univ., 11* part., ch. 30.

1 In vitâ Augusti, n. 94.

bientôt des hommes sortis de l'Orient et venus de la Judée auraient la domination sur les peuples 1. Tout le monde connaît la fameuse Églogue de Virgile à Pollion, et l'annonce que ce grand poëte fait d'un enfant qui allait descendre des cieux et naître d'une vierge, pour effacer les vestiges de nos crimes, délivrer le monde de la crainte, répandre la joie sur toute la nature et ramener l'âge d'or parmi les hommes. Il est possible qu'en écrivant ces vers, Virgile ne pensât pas au Messie, et qu'il n'eût en vue que la naissance d'un enfant extraordinaire, qui devait bientôt mettre un terme aux malheurs de la république. Mais ne sommes-nous pas au moins autorisés à voir dans ces vers une imitation des oracles des prophètes, et à penser que Virgile animait son style, des brillantes figures que la tradition donnait au Messie? Il s'autorise luimême des oracles donnés par la sibylle de Cumes. Plusieurs saints docteurs, dont nous avons eu occasion de citer les témoignages, ont cru qu'il y avait eu de vraies prophéties faites au milieu des peuples infidèles, prophéties souvent attribuées à des sibylles. C'était un nom général, qui ne désigne aucun personnage bien distinct que nous connaissions, mais sous lequel ont pu être dé

1 Percrebuerat Oriente toto, vetus et constans opinio esse in fatis, ut eo tempore Judæd profecti, rerum potirentur. Suétone, Vita Vespasiani, cap. 4.

Pluribus persuasio inerat antiquis sacerdotum libris contineri, eo ipso tempore fore, ut valesceret Oriens profectique Judæd rerum potirentur. Tacite, Hist. lib. V, n. 13.

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signées des personnes réellement inspirées, comme l'avait été autrefois Balaam, dont la prophétie paraît avoir été connue des Gentils, et avait donné aux Mages l'idée de venir chercher le Sauveur, à la première apparition d'une étoile qu'ils virent briller du côté de la Judée 1.

C'est par de semblables prophéties, que plusieurs hommes très-doctes ont expliqué les vieilles traditions des Gaules, selon lesquelles les druides avaient élevé des autels à la Vierge qui devait enfanter, à la Mère future de Dieu. Le fait de ces inscriptions est devenu incontestable, par suite des découvertes nombreuses que l'on a faites, le caractère prophétique que les savants leur attribuent n'est pas aussi certain; il se pourrait à la rigueur que ces inscriptions ne présentassent autre chose qu'une allusion mythologique; elles ont néanmoins un rapport si frappant avec les paroles d'Isaïe, que nous considérons l'interprétation de ces savants comme trèsvraisemblable. En supposant que les Gentils n'aient pas été favorisés eux-mêmes de prophéties, on peut présumer qu'ils auront connu, par la lecture même de nos divines Écritures, qui étaient fort répandues, ou par

Liv. des Nombres, XXIV, 17; Év. de s. Matth., II, 2.

2 V. Vie de M. Olier, t. I. Sur l'origine de la dévotion à NotreDame de Chartres. On trouve de pareilles inscriptions ou du moins des traditions très-anciennes qui sont relatives à ces inscriptions, dans plusieurs endroits où les druides avaient établi leurs siéges. Guibert, abbé de Nogent, qui vivait dans le XII siècle, dit que l'eglise de son monastère avait été bâtie sur l'emplacement d'un bocage sacré où les druides sacrifiaient à la Mère future de Dieu qui devait naître : Matri futuræ Dei nascituri. En d'autres lieux, on lisait simplement: Virgini parituræ Druides.

le commerce avec les Juifs, plusieurs particularités relatives au Messie, et entre autres, la prophétie d'Isaïe qui avait annoncé le prodige de l'enfantement d'une Vierge,

Un incrédule du dernier siècle parle de cette tradition qu'il appelle une chimère, et la force de la vérité lui fait dire; «Les Hébreux attendaient, tantôt un conqué»rant et tantôt un être indéfinissable; ils l'attendent en» core... L'oracle de Delphes, comme on le voit dans » Plutarque, était dépositaire d'une ancienne et secrète >> prophétie sur la future naissance d'un fils d'Apollon, >> qui amènerait le règne de la justice; et tout le paga»nisme grec et égyptien avait une multitude d'oracles » qu'il ne comprenait pas, mais qui tous décelaient de » même cette chimère universelle. C'était elle qui don»> nait lieu à la folle vanité de tant de rois et de princes, » qui prétendaient se faire passer pour fils de Jupiter........ >> Les autres nations de la terre n'ont pas moins donné » dans ces étranges visions. Tous les Américains atten» daient du côté de l'Orient, qu'on pourrait appeler le » pôle de l'espérance de toutes les nations, des enfants » du soleil... Enfin, il n'y a eu aucun peuple qui n'ait » eu son expectative de cette espèce 1. » L'estimable écrivain, auquel nous avons emprunté cette citation, observe avec beaucoup de raison que l'incrédulité se combat ici visiblement elle-même. La vérité la pousse à des aveux, dont elle ne peut se tirer que par des suppo¬

1 Cité dans les Études philosophiques sur le Christianisme, par M. Auguste Nicolas, t. II, ch. 4, § 3, p. 149-155. Cet auteur rapporte le témoignage d'autres philosophes incrédules qui ont reconnu les mêmes traditions. V. page 147.

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