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de sa divinité. « Il veut, disait-il, l'amour des hommes, c'est-à-dire ce qu'il y a au monde de plus difficile à obtenir ; il l'exige, et il y réussit tout de suite. J'en conclus sa divinité. Alexandre, César, Annibal, Louis XIV, avec tout leur génie, y ont échoué. Ils ont conquis le monde, il n'ont pu parvenir à avoir un ami... Vos enfants, général Bertrand, vous aiment-ils? Vous les aimez et vous n'êtes pas sûr d'être payé de retour. Si vous veniez à mourir, ils se souviendraient de vous en dépensant votre fortune; mais vos petits-enfants sauront à peine si vous avez existé... Et vous êtes le général Bertrand ! et nous sommes dans une île, et vous n'avez d'autre distraction que la vue de votre famille.

» Le Christ parle, et désormais les générations lui appartiennent par des liens plus étroits, plus intimes que ceux du sang, par une union plus sacrée, plus impérieuse que quelque union que ce soit. Le plus grand miracle qu'il ait fait est sans contredit le règne de la charité.

» J'ai passionné des multitudes qui mouraient pour moi. A Dieu ne plaise que je forme aucune comparaison entre l'enthousiasme des soldats et la charité chrétienne, qui sont aussi différents que leur cause. Mais, enfin, il fallait ma présence, l'électricité de mon regard, mon accent, une parole de moi... Certes, je possède le secret de cette puissance magique qui enlève l'esprit, mais je ne saurais la communiquer à personne; aucun de mes généraux ne l'a reçue ou devinée de moi. Je n'ai pas davantage le secret d'éterniser mon amour dans les cœurs. Maintenant que je suis à Sainte-Hélène, maintenant que je suis cloué sur ce roc, qui bataille et conquiert des empires pour moi? Où sont les courtisans de

mon infortune? Pense-t-on à moi? Qui se remue pour moi en Europe? Qui m'est demeuré fidèle? Où sont mes amis? Oui, deux ou trois que votre fidélité immortalise, vous partagez, vous consolez mon exil.

» Telle est la destinée des grands hommes; l'on nous oublie ! Louis XIV, à peine mort, fut laissé seul, dans l'isolement de sa chambre à coucher de Versailles, négligé par les courtisans ce n'était plus leur maître, c'était un cadavre. Encore un moment, voilà mon sort et ce qui va m'arriver à moi-même. Assassiné par l'oligarchie anglaise, je meurs avant le temps, et mon cadavre va être rendu à la terre pour y devenir la pâture des vers. Quel abîme entre cette misère profonde et le règne éternel du Christ, prêché, encensé, aimé, adoré, vivant dans tout l'univers... »

On assure qu'à la suite d'une de ces conversations, Napoléon, voyant le général Bertrand garder le silence, lui dit avec quelque émotion : « Si vous ne comprenez » pas que Jésus-Christ est Dieu, eh bien ! j'ai eu tort de » vous faire général. »

§ III.

MIRACLES DE JÉSUS-CHRIST.

A l'autorité de sa parole, à la preuve si frappante qui ressort de son caractère et de tout l'ensemble de sa conduite, Jésus-Christ ajoute celle de ses œuvres, pour confirmer sa divine mission. « Si vous ne voulez pas croire » à mes paroles, disait-il aux Juifs, croyez à mes œu

» vres, car elles rendent témoignage de moi; elles prou» vent que le Père céleste m'a envoyé1. »

Nous n'avons pas à discuter la réalité historique de ces œuvres; nous l'avons fait, en établissant l'autorité des livres du Nouveau Testament. Jamais histoire ne fut soumise à un examen plus approfondi, à des critiques plus sévères de la part de ceux qui avaient intérêt à la contredire, que ne l'a été le récit des évangélistes; jamais non plus la vérité ne sortit avec plus d'éclat des discussions, des doutes, des contradictions dont elle avait été l'objet. Les Juifs contemporains ne contestèrent pas les prodiges opérés par Notre Seigneur; plusieurs en furent vivement touchés, et malgré les préjugés de l'éducation, malgré les périls auxquels ils s'exposaient, ils embrassèrent le christianisme; les autres attribuèrent la plupart de ces miracles à l'intervention du démon. Les philosophes païens qui, dès les premiers siècles, combattirent la Religion, ne contestèrent pas non plus les miracles rapportés dans l'Evangile; à l'exemple des Juifs incrédules, ils essayèrent de les expliquer par la magie, et ils s'efforcèrent d'en atténuer la valeur en les comparant aux oracles de leurs faux dieux et aux miracles prétendus d'Appolonius de Thyane, et de quelques autres imposteurs qui passaient alors, parmi les idolâtres, pour des hommes extraordinaires. Quant aux disciples du Sauveur, hommes simples, sans étude, sans art, ils racontaient naïvement ce qu'ils disaient avoir vu de leurs yeux, avoir touché de leurs mains, et ils souffraient la persécution, ils mouraient, pour sceller de leur sang la sin

1 Évang. de s. Jean, X, 38.

cérité de leur témoignage. L'univers a cru à la parole des apôtres, en se faisant chrétien. Des philosophes incrédules du dernier siècle, qui ont abjuré les croyances du monde, ont accusé les apôtres d'ignorance ou de duplicité, sans formuler une seule preuve contre eux; ils n'ont pas osé cependant accepter les explications des philosophes anciens; qu'ont-ils donc fait? Ils ont mieux aimé se jeter dans le scepticisme ils ont attaqué les principes les plus universellement admis sur la certitude historique; quelques-uns ont poussé l'extravagance jusqu'à nier même l'existence de Notre Seigneur, ce qui est le comble de la folie. La vérité s'est ainsi vengée par les contradictions, et les incohérences où sont tombés ceux qui l'attaquaient si témérairement.

Revenons aux miracles de Jésus-Christ, Ces miracles ne sont pas des phénomènes produits dans les airs, tels que les Juifs en demandaient; de pareilles œuvres auraient paru une ostentation de puissance et elles n'auraient eu probablement d'autre résultat que de satisfaire la curiosité des peuples. Notre Seigneur, qui devait guérir nos maux et soulager nos infirmités, aima mieux faire des miracles d'une utilité directe pour les hommes, en leur procurant un soulagement réel dans leurs maux. Qu'il nous suffise de citer un petit nombre d'exemples. Il apaisa d'un mot la furie des vagues de la mer qui allaient engloutir ses disciples; par la vertu de cette seule parole, calmez-vous, les flots soulevés s'apaisèrent, la tempête cessa, la mer redevint d'un calme parfait. Un jour, se trouvait à sa suite un nombre considérable de Juifs qui étaient venus dans le désert pour entendre sa parole; il éprouva une tendre compassion

de les voir souffrir la faim, et pour les nourrir, il bénit cinq pains et quelques poissons que l'on distribua par son ordre à cette troupe composée de plus de quatre mille personnes; or, toutes furent rassasiées, et il resta beaucoup plus de pain qu'il n'y en avait avant qu'on le distribuât; car, de ces restes, on remplit sept grandes corbeilles. Il rendit la vue à des aveugles-nés, il guérit des paralytiques, des épileptiques, des hommes tourmentés par les démons, souffrant toutes sortes de maux; il les guérit, non par l'application de remèdes, mais par

L'histoire évangélique rapporte deux multiplications miraculeuses de pains. Dans la première que nous avons rappelée, il y eut cinq mille personnes rassasiées et dans la seconde il y en eut seulement quatre mille; dans celle-ci, sept pains et quelques petits poissons servent à la multiplications; dans celle-là, il n'y avait eu que cinq pains et deux poissons. Une autre différence est que dans la seconde on recueillit douze corbeilles des restes et dans la première on en avait ramassé sept. Aussi les Évangélistes distinguent avec soin l'une de l'autre, de manière que, malgré la ressemblance qu'elles ont à différents égards, il est impossible de les confondre (v. Év. de s. Marc, VIII, 19, 20).

Il ne fut pas difficile aux disciples de Jésus-Christ de savoir le nombre des personnes qui étaient présentes, parce qu'ils les firent toutes ranger par bandes de cinquante et de cent. Ce nombre était si considérable qu'il ne pouvait y avoir d'illusion possible sur le fait principal; plusieurs, sans nul doute, vivaient encore quand saint Matthieu et saint Marc publièrent leurs Évangiles. Ce fut un des miracles les plus extraordinaires et les plus incontestables. Cinq mille personnes dans un cas, quatre mille dans un autre, mangent de ces pains; elles en sont rassasiées et on rapporte sept et douze corbeilles des morceaux qui restaient, beaucoup plus, par conséquent, qu'il n'y en avait avant que ce grand nombre de personnes en eussent mangé. Jésus-Christ voulait, par cette dernière circonstance, rendre le miracle plus sensible aux yeux de tout le peuple.

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