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» l'on y peut remédier, et qu'il peut être arrêté. Ce qu'il » y a de certain, c'est que les temples, qui étaient pres» que déserts, sont fréquentés et que les sacrifices, >> longtemps négligés, recommencent; on vend partout » des victimes qui trouvaient auparavant peu d'ache» teurs. De là on peut juger quelle quantité de gens » peuvent être ramenés de leur égarement, si l'on fait » grâce au repentir. »

L'empereur lui fit cette réponse : « Vous avez, mon >> très-cher Pline, suivi la voie que vous deviez dans >> l'instruction du procès des chrétiens qui vous ont été » déférés; car il n'est pas possible d'établir une forme >> certaine et générale dans cette sorte d'affaires. Il ne » faut pas en faire perquisition. S'ils sont accusés et >> convaincus, il les faut punir. Si pourtant l'accusé nie » qu'il soit chrétien, et qu'il le prouve par sa conduite, » je veux dire en invoquant les dieux, il faut pardonner » à son repentir, de quelque soupçon qu'il ait été aupa» ravant chargé. Au reste, dans nul genre de crime, l'on >> ne doit recevoir des dénonciations qui ne soient sous>> crites de personnes, car cela est d'un pernicieux >> exemple et très-éloigné de nos maximes 1. »

Le proconsul déclarait donc ne pas savoir, si c'était le nom que l'on poursuivait dans les chrétiens, ou des crimes attachés à ce nom. Il a interrogé avec soin des apostats de cette religion : tout ce qu'il a pu apprendre par leurs dépositions, c'est qu'à un jour marqué ils s'assemblaient pour chanter des louanges en l'honneur du Christ, qu'ils s'engageaient par serment à ne point commettre de

Lettres de Pline, liv. X, lettres XCVII, XCVIII.

crimes, à ne point manquer à leurs promesses, à ne point nier un dépôt; qu'ils mangeaient entre eux des mets innocents. Voilà tout ce que Pline en savait. Or, sans autre renseignement, il déclare que sa pratique est de punir sévèrement tous ceux qui s'avouent chrétiens et de laisser aller tous ceux qui déclarent ne l'être pas ou avoir renoncé à ce titre. Il finit par demander à l'empereur si en cela il se conduit sagement, et Trajan, prince renommé dans l'empire par sa sagesse et sa bonté, lui répond qu'il fait bien, qu'il ne faut pas rechercher les chrétiens, mais que s'ils sont accusés et convaincus de l'être, il les faut punir s'ils refusent d'abjurer leurs croyances. C'était une justice à la manière du monde païen.

Les chrétiens eurent un peu de relâche sous quelques empereurs, comme sous les règnes d'Antonin le Pieux et d'Alexandre Sévère; les autres princes furent persécuteurs. Mais ce fut surtout du temps de Valérien, de Dioclétien et de Galère que la persécution devint plus violente. L'exil, la torture, les tourments les plus inouïs, tout fut mis en œuvre contre le Christianisme, que les tyrans avaient résolu de noyer dans un fleuve de sang, selon l'expression d'un auteur païen. La fureur des proconsuls n'avait pas de bornes. A Rome, et dans toute l'étendue de l'empire, on ne voyait que des instruments de mort dressés contre les adorateurs du Christ. Les païens crurent alors avoir triomphé de ce Dieu; ils dressèrent des statues, ils firent frapper des médailles en l'honneur des princes, et, parmi leurs titres de gloire, ils inscrivirent celui d'avoir aboli le Christianisme *.

1 On frappa des médailles et on éleva des colonnes à la gloire de

On sait ce qu'il en fut: ce culte accusé de superstition et d'infamie, ce culte détesté et proscrit se maintint, et se propagea avec de nouveaux succès; car il semblait que le sang des martyrs fût une semence féconde de chrétiens. Au troisième siècle, il plut enfin à Dieu de mettre un terme aux persécutions; Constantin adora Jésus-Christ; la Croix triompha à Rome même, d'où, depuis Néron, étaient partis tant de décrets qui devaient, selon les calculs humains, l'anéantir à jamais.

Nous en avons dit assez pour prouver que le Christianisme a triomphé par la seule vertu toute-puissante de Dieu. Tout effet a nécessairement une cause: que l'univers adore Jésus-Christ mis à mort par les Juifs, voilà un fait indubitable; ce fait n'est explicable par aucune cause humaine, il faut donc en rechercher la raison dans l'ordre surnaturel, et reconnaître que c'est l'œuvre de Dieu seul.

Quelques écrivains ont osé comparer les progrès rapides du mahométisme à ceux de la religion chrétienne. Mais que pouvait-on voir de commun entre le faux prophète des Arabes, et Notre Seigneur Jésus-Christ? Mahomet établit son empire sur des contrées livrées à une ignorance grossière : il leur propose une religion volup

ces princes, sur lesquelles se lisaient les inscriptions que nous traduisons littéralement :

DIOCLETIEN CESAR-AUGUSTE,

pour avoir aboli la superstition
du Christ,

pour avoir étendu le service des dieux.
DIOCLETIEN, JOVIEN, MAXIMIEN-HERCULE,
pour avoir étendu l'empire romain,
et pour avoir éteint le nom des Chrétiens
qui causaient la ruine de la république.

tueuse, il les exalte par des projets d'ambition et de conquête la ruse, les passions, la force des armes font ce que la persuasion seule n'aurait pas opéré. Ses apôtres sont des généraux d'armées : ils ne font pas de miracles, ils ne vont pas mourir pour le salut des peuples, mais ils portent le glaive et le feu pour exterminer ceux qu'ils ne peuvent soumettre à l'empire de leur maître. Est-ce donc ainsi que Jésus-Christ a procédé à la conversion du monde?...

D'autres écrivains ont prétendu que la religion païenne était tombée dans un tel discrédit, qu'il dut suffire au Christianisme de se montrer pour être universellement adopté. Nouvelle erreur, assertion démentie par l'histoire. Le polythéisme en discrédit... mais auprès de qui?

Où a-t-on vu que le peuple fût moins attaché à ses dieux dans les premiers siècles du Christianisme qu'il ne l'avait été auparavant? Les fêtes, les réjouissances publiques, les illusions de l'esprit et du cœur, les habitudes de l'enfance, voilà les liens qui retenaient le peuple attaché au culte des idoles, au point que le plus souvent les persécutions furent allumées par la fureur de ce peuple, qui en cela débordait même les tyrans, et excitait les proconsuls. Les princes, de leur côté, avaient un intérêt politique à conserver la Religion nationale, qui unissait presque partout la souveraine sacrificature au pouvoir civil, concentrant dans une même main les deux puissances civile et religieuse. Ils considérèrent comme une atteinte grave à leur autorité l'introduction d'un culte nouveau, qui se constituait dans une pleine indépendance à leur égard; voilà pourquoi ils poursuivaient les chrétiens comme des rebelles.

Donc ni le peuple, ni la puissance civile, ne se montra disposé à favoriser la chute du polythéisme; n'allons pas nous imaginer que les philosophes aient voulu donner l'appui de leur science à la religion nouvelle. Nous avouons sans difficulté que dans certaines écoles on se formait, sur la Divinité, des notions plus saines que celle que donnait le polythéisme; mais on ne citerait pas un philosophe qui ait voulu se servir de ses lumières pour détourner le peuple du culte des idoles; on ne citerait ni province, ni ville, ni même une bourgade ramenée par eux à l'adoration d'un seul Dieu. Ces philosophes, si tolérants pour tous les cultes autorisés de l'empire, se montrèrent ennemis implacables de la seule Religion vraie; ils la poursuivirent dans leurs écrits; ils excitèrent contre elle les empereurs; ce fut de leur part que vinrent les difficultés les plus graves. Si quelques-uns d'entre eux eurent le bonheur de suivre la vérité, ils furent en bien petit nombre, et encore parmi eux il y en eut qui voulurent faire un mélange de leurs systèmes avec les enseignements de la foi, ce qui produisit les hérésies qui auraient corrompu le Christianisme, si Dieu n'avait pourvu à la conservation de son œuvre.

§ VI.

NOMBRE ET CONSTANCE SURHUMAINE DES MARTYRS.

Jésus-Christ a donc triomphé des passions des peuples, de la fausse sagesse des philosophes païens et de la puissance des persécuteurs en établissant sa Religion dans le monde. Ce triomphe est une grande preuve

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