Sayfadaki görseller
PDF
ePub

et pures, tandis qu'il laisse les âmes présomptueuses à la vanité de leurs pensées. Mais on sent en même temps le besoin d'une étude sérieuse de la religion, pour mieux connaître encore le don de Dieu, pour l'aimer davantage, et aussi pour être à même d'en instruire les autres.

§ Ier.

NÉCESSITÉ D'ÉTUDIER LA RELIGION.

1o Il ne faut pas un grand effort de raison, pour comprendre que l'étude la plus intéressante et la plus essentielle pour nous, est celle de la religion. Que l'homme cultive les arts, la littérature, les sciences humaines : qu'il se livre à de laborieuses recherches du passé pour étudier l'histoire des nations qui se sont succédé, ou celle de la nature et des phénomènes dont le monde a été le théâtre; nous ne blâmerons pas sa curiosité, nous applaudirions plutôt à ses efforts. Mais avant de chercher ainsi à pénétrer le secret des choses qui lui sont étrangères, ne devrait-il pas s'étudier lui-même?..... Cette connaissance ne serait-elle pas d'un intérêt plus grave, plus immédiat? Or qui nous révèlera les lois qui doivent diriger notre vie dans ce monde; qui nous fera remonter à notre origine première; qui nous rendra compte des desseins de Dieu; qui nous éclairera sur notre fin ultérieure, si ce n'est la religion?

La raison ne suffit pas pour résoudre ces questions importantes, car elle n'a pas des données assez sûres pour découvrir l'origine des choses, et elle ne peut soulever

le voile qui cache l'avenir. Quand on voit les plus beaux génies de l'antiquité païenne flotter incertains entre la vérité et l'erreur, tantôt affirmer que l'âme est spirituelle et qu'elle survit au corps, tantôt ne parler de ces doctrines consolantes que sous une forme dubitative; quand on les voit n'oser affirmer s'il y a un Dieu créateur, ou si le monde est éternel; si les hommes sont libres ou s'ils sont soumis à un destin aveugle, on demeure facilement convaincu de la faiblesse extrême de la raison pour la solution de tous ces grands problèmes. Ce n'est pas qu'elle ne puisse s'élever par la vue des créatures à l'idée de Dieu et de quelques-unes de ses perfections invisibles; mais qu'il lui faut pour cela d'application et de persévérance, si elle n'est pas soutenue par des secours extérieurs ! que difficilement elle se dégage des préjugés que les passions ou l'éducation lui auraient donnés!... D'ailleurs, alors même qu'elle parvient par la lumière naturelle à connaître Dieu, comme cause première de toutes choses, et que par la réflexion sur elle-même, sur la nature de l'homme, elle se forme quelque idée de sa fin naturelle, elle ne demeure pas moins dans une ignorance absolue sur ce que nous sommes dans l'ordre surnaturel, sur la fin ultérieure pour laquelle nous avons été créés. Donc l'homme, son origine, ses destinées, les lois qui doivent régir ses rapports avec Dieu,... demeureront pour nous d'impénétrables secrets, si la religion ne nous éclaire; et cependant, si sur des points d'une si haute gravité nous ne pouvions nous fixer, que nous importerait de savoir tout le reste?

Il faut convenir du moins qu'il n'y aurait pas de quoi

se flatter ni s'enorgueillir de cette igorance et de l'indifférence que l'on mettrait à en sortir. Il ne convient pas de porter la tête haute quand on a le cœur si bas, et que l'on se méprise soi-même assez pour n'avoir nul soin de son âme, de son passé et de son avenir. L'immortalité de l'âme, disait Pascal, et nous devons le dire également de la religion que Dieu a établie pour nous préparer à une immortalité bienheureuse, « l'immortalité de » l'âme est une chose qui nous importe si fort et qui >> nous touche si profondément, qu'il faut avoir perdu >> tout sentiment pour être dans l'indifférence de savoir >> ce qui en est. Toutes nos actions et toutes nos pensées >> doivent prendre des routes si différentes, selon qu'il y >> aura des biens éternels à espérer ou non, qu'il est >> impossible de faire une démarche avec sens et juge» ment, qu'en la réglant par la vue de ce point qui » doit être notre dernier objet. Ainsi notre premier in» térêt et notre premier devoir est de nous éclaircir » sur ce sujet d'où dépend toute notre conduite. Et >> c'est pourquoi, parmi ceux qui n'en sont pas per» suadés, je fais une extrême différence entre ceux qui >> travaillent de toutes leurs forces à s'en instruire et » ceux qui vivent sans s'en mettre en peine et sans y » penser.

» Je ne puis avoir que de la compassion pour ceux » qui gémissent sincèrement dans ce doute, qui le re>> gardent comme le dernier des malheurs, et qui, n'é» pargnant rien pour en sortir, font de cette recherche » leur principale et leur plus sérieuse occupation. Mais » pour ceux qui passent leur vie sans penser à cette » dernière fin de la vie, et qui, par cela seul qu'ils ne

» trouvent pas en eux-mêmes des lumières qui les per» suadent, négligent d'en chercher ailleurs et d'exa>> miner à fond si cette opinion est de celles que le

peuple reçoit par une simplicité crédule, ou de celles qui, quoique obscures en elles-mêmes, ont néan>> moins un fondement très-solide, je les considère » d'une manière très-différente. Cette négligence en une >> affaire où il s'agit d'eux-mêmes, de leur éternité, » de leur tout, m'irrite plus qu'elle ne m'attendrit : » elle m'étonne et m'épouvante, c'est un monstre pour » moi.

» Il ne faut pas avoir l'âme fort élevée pour com» prendre qu'il n'y a point ici de satisfaction véritable et » solide, et que tous nos plaisirs ne sont que vanité, » que nos maux sont infinis, et qu'enfin la mort qui » nous menace à chaque instant nous mettra en peu » d'années, et peut-être en peu de jours, dans un » état éternel de bonheur ou de malheur, ou d'anéan» tissement. Entre nous et le ciel, ou l'enfer, ou le » néant, il n'y a donc que la vie qui est la chose du » monde la plus fragile, et le ciel n'étant pas certaine»ment pour ceux qui doutent si leur âme est immor» telle, ils n'ont à attendre que l'enfer ou le néant.

» Il n'y a rien de plus réel que cela ni de plus terrible. » Faisons tant que nous voudrons les braves, voilà la >> fin qui attend la plus belle vie du monde.

>> C'est en vain qu'ils détournent leur pensée de cette » éternité qui les attend, comme s'ils pouvaient l'anéan» tir en n'y pensant pas. Elle subsiste malgré eux, elle » s'avance, et la mort qui la doit ouvrir les mettra in» failliblement, dans peu de temps, dans l'horrible né

» cessité d'être éternellement ou anéantis ou mal>> heureux.

>> Voilà un doute d'une terrible conséquence, et c'est » déjà un très-grand mal que d'être dans le doute; >> mais c'est un devoir au moins indispensable de cher» cher quand on y est. Ainsi celui qui doute et qui ne >> cherche pas est tout ensemble et bien injuste et bien » malheureux. Que s'il est, avec cela, tranquille et sa>>tisfait, qu'il en fasse profession, et enfin qu'il en >> fasse vanité, et que ce soit de cet état même qu'il » fasse le sujet de sa joie et de sa vanité, je n'ai pas de > terme pour qualifier une si extravagante créature 1. »

2o L'homme raisonnable ne portera pas longtemps le poids d'un pareil doute; il ne peut pas rester indifférent sur la question d'un avenir éternel, et dès lors il sent l'impérieuse nécessité d'étudier la religion. Quand le doute aura disparu de son esprit, quand, à la suite d'une application sérieuse et par la miséricorde de Dieu, il sera convaincu de la vérité du Christianisme; il ne se croira pas dispensé de continuer ses études, jusqu'à ce qu'il ait acquis une connaissance suffisante, non-seulement des principes sur lesquels repose la religion, mais de ses dogmes, de ses préceptes, de son culte. Plus il connaîtra l'excellence, la profondeur, la beauté des dogmes que Dieu nous a révélés, la sainteté de la morale évangélique, la raison des diverses pratiques du culte, plus il appréciera le bonheur d'être chrétien, et il se sentira affermi dans la résolution de vivre conformément à sa foi. L'estime et l'amour d'une chose sont naturellement en

1 Pensées de Pascal, Nécessité d'étudier la religion.

« ÖncekiDevam »