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turellement dans notre esprit, que tout en nous et hors de nous nous montre conforme à la vérité, cette idée devait se perpétuer sur la terre.

Ce n'est pas sur de simples présomptions, et par une conjecture fondée sur des raisons de convenances, que nous croyons à une révélation primitive; c'est un fait historique des plus incontestables. Il n'y a pas un seul peuple ancien qui n'en ait conservé le souvenir dans ses traditions, et ces mêmes traditions se réfléchissent dans les idées religieuses et jusque dans les fables des peuples plus modernes : de là est venu le respect universel pour l'antiquité. Partout et toujours, les peuples ont cru que les saines maximes étaient celles que l'on avait reçues des anciens, parce que, disait Cicéron, l'antiquité se rapproche davantage des dieux (1). Or une pareille tradition, qui, sous mille formes différentes, se retrouve sans aucune exception, dans tous les pays du monde, sans que les erreurs qui sont venues dans la suite altérer les dogmes et corrompre le culte religieux par des su perstitions de toute nature aient pu la détruire, peutelle s'expliquer autrement que par un fait primitif auquel elle se rattache? Ce fait est prouvé surtout par les annales du peuple le plus ancien qui existe sur la terre, le peuple hébreu; mais il importe d'observer que les monuments historiques de cette grande famille, qui remontent d'âge en âge, par un enchaînement non interrompu, au berceau du genre humain, sont sur le point dont il s'agit ici dans une harmonie parfaite avec

1 Quoniam antiquitas proximè accedit ad deos, a diis quasi traditam religionem tueri, lex jubet... Cicéron, de Legibus, lib. II, cap. 11.

les souvenirs des autres nations qui habitèrent l'Asie. Les premiers hommes auxquels Dieu se manifesta, qui eurent le bonheur de le voir sous une forme sensible, de converser avec lui, durent passer le reste de leur vie sous l'impression de ces grands événements, Ce fut l'objet le plus ordinaire de leurs entretiens avec leurs enfants, et ceux-ci transmirent à leurs petits-fils les croyances qu'ils avaient reçues de leurs pères.

Qui n'admirerait avec un vif sentiment de reconnaissance ces moyens si simples, si multipliés, si adaptés à notre nature que Dieu a choisis pour conserver sur la terre le dogme de son existence? Il nous éclaire par les traditions de nos pères et par le spectacle de ses œuvres; il a répandu dans notre âme un rayon de lumière qui nous aide à le connaître; il nous attire vers lui par une action secrète qui agit sur le cœur. Tant que le cœur est pur, il fait ses délices d'aller à Dieu et de se reposer en lui; si des passions mauvaises l'égarent, nous sommes repris par une voix intérieure qui jette un trouble salutaire dans notre âme, et nous avertit que nous ne trouverons jamais de vrai bonheur hors de lui.

§ II.

CE QUE DIEU EST EN LUI-MÊME.

I. Il est impossible de se démontrer l'existence de Dieu, ou de savoir, en dehors de toute démonstration, qu'il existe, sans avoir une idée de sa nature, de ses perfections, de ses rapports avec nous.

Nous le concevons d'abord comme un être parfait, qui n'est produit par aucun autre, qui existe dès lors nécéssairement et toujours, possédant en lui-même un bonheur inaltérable.

A côté de nous, au-dessus de nous, si nous ne remontons jusqu'à Dieu, nous ne rencontrons que des êtres incomplets, qui n'ont, s'il est permis de parler ainsi, qu'une existence précaire. Ils sont, mais ils pourraient ne pas être, il a été un temps où ils n'étaient pas ; ils ont telle qualité, telle autre leur manque, et le bien qu'ils possèdent, les perfections que l'on admire en eux ont des limites. Cependant nous avons tous l'idée d'une perfection infinie, cette idée de l'infini nous domine, et elle éclaire notre intelligence dans l'estime qu'elle fait des choses; elle n'apprécie les perfections, elle ne connaît les défauts, que par une sorte de comparaison, qu'elle fait ordinairement à son insu, sans s'en rendre compte, de l'objet qu'elle voit avec l'idée qu'elle a de l'infini. Si elle juge de la vérité d'une doctrine, de la justice d'une action, du mérite d'un être, c'est qu'elle a antérieurement l'idée du vrai et du bien absolu, en un mot l'idée de l'infini. Il faut donc qu'il y ait un être à qui rien ne manque, et en qui soit réalisée cette idée de l'infini; il faut que cette idée nous vienne de lui, qu'elle ne soit en nous que l'impression que nos esprits reçoivent de leurs rapports avec lui, car manifestement elle ne peut venir des créatures. Ce qui est imparfait et borné ne présentera jamais l'image, ne donnera jamais l'idée du parfait, de l'infini; c'est impossible: voilà Dieu, nous ne savons pas tout ce qu'il est, mais nous pouvons assurer, avec une entière certitude, qu'il est infiniment parfait.

II. Dieu est éternel. Il n'y a en lui ni commencement, ni progrès, ni fin; on ne peut pas dire qu'il a été ou qu'il sera; mais si l'on veut parler de lui avec une précision rigoureuse, il faut se borner à dire qu'IL EST. Si vous supposiez un moment où il n'était pas, il n'aurait jamais été, rien ne pourrait être; car à ce moment que vous imagineriez, il n'y aurait rien, ce serait le pur néant : or du néant, de l'absence absolue de tout être, que peut-il sortir? Mais si Dieu existe nécessairement, il est nécessairement tout ce qu'il est, il n'y a rien de fortuit, rien de contingent en lui, on ne peut supposer en lui la moindre variation, le moindre progrès. De qui recevrait-il de nouveaux degrés de perfection? D'une cause extérieure?.. Alors cette cause extérieure, cet être plus parfait, communiquant ses perfections, serait le Dieu véritable. De sa propre nature?.. Il faudrait donc dire que l'être divin se développe successivement, qu'il se dirige vers un terme qu'il n'atteindra jamais ; il serait donc essentiellement imparfait. La raison repousse une pareille idée, elle nous dit que Dieu est constamment le même, sa nature est d'être ce qu'il est. Il est assez ordinaire, dans le langage humain, que nous parlions du passé et de l'avenir de Dieu; nous disons qu'il était avant la production du monde, qu'il sera éternellement après la fin du monde visible, comme s'il y avait en Dieu deux éternités, dont l'une aurait précédé et l'autre suivrait : ces expressions signifient non ce que Dieu est en lui même, mais ce que sont, par rapport à lui, les créatures qui n'ont toutes qu'une existence finie, changeante, successive. Ces créatures vont, elles viennent, elles se succèdent; Dieu demeure invariablement

ce qu'il est, son éternité est une permanence indivisible. « Vos années, ô mon Dieu, lui dit saint Augustin, ne >> vont ni ne viennent, et les nôtres vont et viennent, >> afin d'arriver toutes. Vos années sont toutes à la fois » parce qu'elles sont, elles ne se succèdent pas parce » qu'elles ne passent pas. Vos années ne sont qu'un >> jour, et ce jour n'est pas chaque jour, mais aujour» d'hui, et votre aujourd'hui ne le cède pas au lende» main, il ne succède pas à la veille, votre aujourd'hui, » c'est l'éternité 1. »

III. De l'idée que Dieu est infiniment parfait, qu'il est l'être nécessaire et éternel, nous devons conclure qu'il a une intelligence complète de toutes les vérités, une volonté souverainement droite, une puissance absolue que rien ne limite.

Ce qui a été, ce qui est, ce qui sera, ce qui est possible, est également connu de Dieu; il ne lui faut ni attention, ni réflexion, ni raisonnement pour apprendre, ni mémoire pour retenir; il voit la vérité sans nuage, sans milieu, non par parties, mais dans son ensemble, lla voit dans la contemplation de lui-même. Il aime nécessairement ce qui est bien, ce qui est conforme à l'ordre, c'est-à-dire ce qui porte quelque trait de ressemblance avec ses perfections, ce qui exprime quelquesunes des idées qui sont en lui, et il s'y complaît; il condamne ce qui est mal, et ainsi sa volonté est toujours sainte; elle est la règle assurée de toutes les affections pures, de toutes les bonnes actions; rien n'est bon que ce qui lui est conforme.

1 Confessions de saint Augustin, liv. XI, chap. 13.

છે.

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