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gloire d'un siècle, qui sera lui-même éternellement celle de notre patrie. Cette force de raisonnement, cette énergie de langage, cette sublimité de pensées, d'où, je vous prie', arrivoient-elles à Bossuet? II les puisoit, comme les autres orateurs, mais avec plus d'abondance, à cette source céleste que la main du Créateur plaça au cœur de l'homme : Creavit Deus hominem ad imaginem suam.

N'étoit-ce pas de la même source que découloient ces vers immortels qui, après tant de siècles, nous ravissent dans les pères de la poésie grecque et latine, et depuis dans les modernes qui ont suivi de plus près ces Maîtres antiques? Oui, la céleste origine de l'homme se manifeste dans leurs chants sublimes; oui, l'image du Créateur y sera éternellement retracée pour tout lecteur instruit, dont le sentiment n'aura pas été glacé, et le cœur desséché par une philosophie abjecte et sans goût.

par

Nous voici parvenus enfin à ces hautes sciences, sur lesquelles je me suis réservé de m'expliquer en dernier lieu. C'est l'astronomie que les incrédules prétendent ravaler davantage la race humaine; et c'est par elle, au contraire, que je prétends la relever encore plus haut. L'astronomie va donc nous fournir des traits plus étonnants de ressem

blance avec notre Créateur.

Vous nous parlez de ces Globes énormes qui roulent au-dessus de nos têtes, et près de qui, dites

vous, nous ne sommes rien. Mais d'abord, ne les saisissez-vous pas en imagination? Ne tournez-vous pas en idée leur circonférence? Votre pensée ne va-t-elle pas de l'un à l'autre d'un vol facile et rapide? De plus, est-ce donc par le volume des masses qu'il faut mesurer le prix, la valeur des créatures? Qu'est-ce qu'une masse aveugle, inerte, insensible, à côté de l'être intelligent? Ces globes projettent au loin des flots de lumière, et n'en sont pas eux-mêmes plus clairvoyants. Ils roulent perpétuellement dans un même cercle, et n'ont pas encore appris à le connoître. Ils l'achèvent pour le recommencer incessamment, et ne savent pas, comme vous, quelle main les lança sur la tangente de leurs orbites : ils ne savent pas, comme vous, par quelle loi, par quel ordre ils reprennent leur route accoutumée, sans pouvoir s'en écarter jamais.

Vous nous parlez de leur nombre incalculable. Eh bien! quel qu'il soit, je puis l'augmenter à ma volonté; je puis y ajouter tant qu'il me plaît, aujourd'hui, demain, à toute heure, à tout instant; puisqu'il ne sauroit y avoir pour moi de terme à la possibilité d'accroître un nombre quelconque.

Vous nous parlez de l'extrême vîtesse qui les emporte. Mais si leur mouvement effraie mon imagination, s'il échappe à mon œil par sa rapidité, il ne sauroit échapper à la puissance de votre calcul. Vous suivez ou dévancez leur course à votre gré;

vous prescrivez même à chacun le tems qu'il doit mettre à l'achever. Vous lui dites : «A telle heure, tu t'éloigneras," et il s'éloigne : «Tu reparoîtras à telle autre," et il reparoît. Ne diroit-on pas que dans votre voix, il a entendu l'ordre même du ToutPuissant?

Vous nous parlez encore de la distance incommensurable de plusieurs étoiles. Eh bien, Messieurs, franchissons ensemble l'étenduë qui nous en sépare: élançons-nous en esprit sur la plus éloignée; et de là, contemplons à loisir les nouvelles plaines que l'espace nous étale. Les voyez-vous, ainsi que les plaines inférieures, sillonnées par des globes imperceptibles d'ici-bas? Ajoutez à leur nombre le nombre que vous voudrez. Sont-elles, au contraire, vuides et désertes; peuplez-les donc par des mondes de votre création. Mais à tous ces traits de votre puissance d'imagination, de votre infatigable génie, reconnoissez en vous l'image et l'émanation de la puissance incréée et créatrice, et publiez dorénavant avec nous cette grande vérité : Creavit Deus hominem ad imaginem suam.

En un mot, vous cherchez et yous contemplez au loin les merveilles de l'Univers : et pendant qu'à travers vos tubes ingénieux votre œil se fatigue à les poursuivre, la plus étonnante vous échappe. Laissez là vos longs télescopes; fermez un instant les yeux sur le magnifique spectacle du firmament;

ouvrez-les sur vous-mêmes. Est-il prodige pareil à celui de votre être? Eh quoi! qu'à quelques grains de poussière organisée se trouve unie, associée une intelligence plus vaste que tous les mondes ensemble; n'est-ce point la plus grande des merveilles, la plus faite pour étonner la raison et la confondre? Et ce prodige pourtant, n'en avez-vous pas la conscience intime en vous-mêmes? Ne sentez-vous pas que vous pouvez ajouter à la grosseur, à la vitesse, au nombre, à la distance de tous les astres existants? Ne sentez-vous pas que vous pou vez en créer avec une fécondité inépuisable d'imagination? Que votre intelligence ne connoît pas. plus de bornes que l'espace lui-même, dans lequel les mondes se jouent et se balancent au large? et que par conséquent, en elle, comme dans le vaste sein de l'espace, est contenu tout entier, l'Univers? Concluez donc que plus vous nous objectez la petitesse réelle de nos corps, plus vous agrandissez le prodige de notre être. Concluez encore que, si par les organes matériels vous n'occupez qu'un point imperceptible de notre Globe, ce Globe à son tour n'occupe avec sa masse qu'un point imperceptible dans votre intelligencé.

*

Le géant de la fable supportoit péniblement le Ciel, et son dos fléchissoit sous le faix: vous portez l'Univers dans la tête, et vous ne sentez ni poids ni fatigue. Admirez donc avant tout la force et

l'étendue de vos facultés mentales, et proclamez au monde avec nous cette vérité transcendante : Creavit Deus hominem ad imaginem suam. (111)

Les arts, les lettres, les sciences, le génie, viennent de nous montrer les traces de cette image divine que nous cherchions dans l'homme. Mais quoi? ne s'en trouveroit-il aucune dans la multitude de ceux dont l'intelligence est bornée, dont les facultés demeurent sans culture? Quels traits auront-ils à nous présenter d'une nature céleste? Quels traits, mes Frères? les plus précieux comme les plus aimables, qui ne sont le privilège de personne, qui n'appartiennent pas moins au pauvre, à l'ignorant, qu'au riche et au lettré, que tous enfin peuvent également se donner; tous, excepté le méchant qui n'en veut pas, ou le triste incrédule qui les dédaigne.

Non, mes Frères, ce n'est ni par les talents, ni par les dons de l'esprit que nous ressemblons davantage à Dieu, mais par nos sentiments, nos affections, nos vertus. C'est dans le cœur surtout que son image est empreinte; c'est dans le cœur que les attributs de la Divinité se retracent avec plus de pureté, plus de charmes. Là, comme sur un autel consacré au Seigneur, sont immolées les passions qui offensent le Ciel et troublent la terre. Là sont offerts au Créateur et à nos semblables, les sacrifices généreux du renoncement à soi-même. Là

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