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l'histoire des tourmentes religieuses. L'Église en a essuyé dans tous les siècles; nulle, j'en conviens, comparable à celle du nôtre. Elle n'avoit encore eu à combattre que le polythéisme et l'hérésie : de nos jours c'étoit le farouche athéisme qui s'acharnoit sur elle.

Dans la foule de ses adversaires incrédules, je m'attacherai aujourd'hui à quelques-uns des plus marquants, qui n'ont pas rougi d'avancer que le Christianisme est une religion barbare, funeste à la société, inventée pour le malheur du genre humain. J'entreprends de confondre cette indigne allégation; mensonge, il faut le dire, le plus effronté que l'on connoisse en histoire. Je veux vous en convaincre dans cette Conférence, en vous exposant brièvement ce qu'étoit le genre humain avant Jésus-Christ; ce qu'il est devenu depuis ; ce qu'il deviendroit, s'il étoit abandonné aux ténèbres et à la brutalité de notre moderne matérialisme. Ces trois réflexions vont partager et remplir notre Discours sur cet important sujet.

PREMIÈRE PARTIE.

Lorsque l'on remonte en idée à l'époque de la première dispersion du genre humain, on sé sent involontairement attristé par cette désolante ré

flexion comment les chefs qui alloient marcher a la tête des émigrations diverses, ne convinrent-ils pas avec tous les pères de familles, des précaution's nécessaires pour perpétuer, chacun de son côté, le souvenir des traditions primitives, qu'ils avoient tous reçues dans les champs de Sennaar? Comment, à mesure qu'ils conduisoient leurs tribus errantes vers des contrées inconnuës, ne les accoutumèrentils pas à marcher dans la présence et la crainte du Seigneur ? Les enfants à leur tour auroient transmis dans la suite la même instruction à leurs jeunes familles. Ainsi la Terre, en recevant de nouvelles peuplades sous ses climats divers, n'auroit reçu que de vrais adorateurs; et de tous les lieux habités, les hommes n'auroient jamais adressé leurs hymnes et leurs prières qu'au Père commun de la nature. Trop coupable et funesté négligence dans les chefs et dans les guides! de quels maux ne fut-elle pas la source pour leur innombrable postérité? 197 Malheureusement sans doute, les difficultés de subsistance, l'intempérie des climats, la rigueur des saisons, les obstacles de tout genre qu'opposoient à leur marche la rencontre des montagnes, des fleuves, des marais, des forêts, des animaux féroces, absorbèrent leurs pensées dans le soin de leur conservation commune. La jeunesse, ainsi li vrée sans instruction aux habitudes d'un état sauvage, aux appétits des sens, aux penchants d'une

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nature corrompue, à la licence inséparable d'une multitude indistinctement cantonnée, ne connut bientôt de goût que pour les choses sensibles et présentes, d'attrait et d'occupation que pour une vie purement animale. L'ignorance, accruë de jour en jour, et s'épaississant de plus en plus d'une génération sur l'autre, avoit donc à la fin étendu comme un voile entre les créatures et le Créateur. Les peuples trop abrutis, désormais pour resaisir par la pensée l'essence éternelle, invisible, dont la tradition s'étoit effacée, la divisèrent en mille et mille Divinités qu'ils placèrent, les uns au-dessus de leurs têtes, les autres sous leurs pieds, dans les champs, dans les fleuves, dans les forêts, sur les montagnes les vertus et les vices, les héros et les astres, les éléments et les animaux, tout fut Dieu, hormis Dieu même. A l'exception d'un seul coin privilégié, l'idolâtrie couvrit la terre; et dans l'Univers qui est son temple, le Créateur ne se vit désormais ni adorateur ni autel,

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Après avoir abandonné Dieu, les hommes en furent abandonnés. Alors, toute chair corrompit sa voie. Les mêmes penchants enfantèrent à-peuprès partout les mêmes désordres, auxquels se joi gnirent des superstitions locales, inconcevables de nos jours par leur extravagance et leur barbarie, mais malheureusement trop attestées. De vous détailler à présent, mes Frères, les mœurs et les opi

nions, les pratiques superstitieuses ou atroces, qui prévalurent dans l'Antiquité payenne, seroit une tâche beaucoup trop longue. Et quelle clarté d'ail leurs répandre sur un tableau où tout n'est que désordre et confusion? Nous choisirons done quelques-uns des traits les plus marquants, et nous les ferons passer rapidement sous vos yeux.

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Dès que l'homme eut cessé de sentir le joug salutaire de son seul et véritable maître, l'homme devint despote dans ses caprices et ses passions. Tout ce qui dépendoit de lui, femmes, enfants, esclaves, étrangers, vaincus, tous éprouvèrent sa domination tyrannique. Celle qu'une indulgente Pro+ vidence lui avoit donnée pour adoucir les peines de la vie; celle que dans cette destination touchante, elle avoit douée au-dedans d'un coeur semblable au sien, et au-dehors de ces avantages personnels, que je dédaignerois de relever dans cette enceinte sacrée, si je ne savois qu'ils sont aussi des dons du Ciel, et qu'ils peuvent toujours s'allier avec les plus solides, les plus hautes qualités; celle enfin qui en retour de l'affection qu'elle prodigue, attend et mérite une affection exclusive et réciproque, fut misérablement réduite à partager le cœur d'un époux avec des rivales. La polygamie s'établit sur toute la terre, ou simultanée, ou du moins successive, sous le déguisement du divorce. Voilà donc la foible moitié du genre humain condamnée à manger le

pain de l'amertume, et à dévorer ses larmes dans les tourments d'une jalousie inévitable; les enfants, à l'exemple de leurs mères, divisés entre eux par des querelles intestines, et les hommes qui auroient goûté le repos et le bonheur dans l'unité du commerce nuptial, ne recueillant, dans leur pluralité d'épouses, qu'un surcroît de troubles et de chagrins domestiques. (1)

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Injustes envers leurs femmes, ils furent souvent cruels à leurs enfants. Il ne se trouva pas toujours de berceau pour eux dans la maison paternelle. Pour y vivre, ce n'étoit pas assez de naître; il falloit encore qu'en venant au monde, l'enfant fût accueilli, comme l'étranger, à son arrivée; écarté ou bienvenu, suivant que son père agréoit ou dédaignoit de le prendre dans ses bras. Que si, par calcul d'avarice, ou à la vue d'une difformité naturelle, il en détournoit froidement la tête, c'en étoit fait : ce signe d'indifférence étoit un arrêt de mort. Ni les cris d'une mère en pleurs, ni les gémissements du nouveau-né, ni cet ascendant qu'il nous fait sentir impérieusement par sa foiblesse même, rien ne pouvoit le sauver. Déjà même il avoit disparu, emporté par un esclave impitoyable, auquel il sourioit peutêtre, à l'instant qu'il en étoit délaissé dans les champs. (II) Tirons le voile sur le spectacle d'un pauvre petit être, expirant à l'air dans les convulsions du froid et de la faim, ou sous la dent meur

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