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pas sans doute aussi pour tromper son attente, qu'il inspira (car toute pensée bonne vient de Dieu) qu'il inspira, dis-je, au premier des philosophes le souhait si ardent de voir descendre sur la Terre la Sagesse divine. Non, mon Dieu! vous ne rejetterez ni le vœu du sage, ni celui de votre prophête. Vous entendrez dans l'un et l'autre le gémissement de vos créatures : vous ne les abandonnerez pas à leurs ténèbres. Vous vouliez que les hommes avouassent eux-mêmes l'impossibilité d'en sortir par leurs propres forces : ils l'ont reconnue par l'organe de leurs sages. Daignez donc, ô mon Dieu! daignez leur envoyer le Maître après lequel ils soupirent, le seul qui puisse les éclairer, le seul qui ait droit de commander à la Terre, et de soumettre tous les esprits à ses commandements.

La Providence ne se règle, mes Frères, ni sur les jugements de l'homme, ni sur l'impatience d'un être de si peu de jours. Elle procède avec maturité et dans le secret, selon la profondeur de ses conseils; et quoique tardive aux yeux d'une raison bornée, elle fait toujours arriver les événements dans l'ordre et les tems arrêtés.

Les habitants de la terre, divisés en gouvernements jaloux les uns des autres, vivent encore dans un état de guerre continuelle. Tant que subsiste cet isolement des peuples avec leurs inimitiés réciproques, la vérité ne sauroit aller librement de l'un

à l'autre; il faut que les voies soient préparées à la prédication; que la parole divine, sans être arrêtée. dans sa course, puisse se porter, se faire entendre de proche en proche aux nations; il faut donc que les obstacles à sa diffusion tombent, comme il faut que les nuages disparoissent avant que le flambeau du jour répande sa lumière sur l'Univers.

Déjà le peuple, suscité dans cette vuë par la Providence, a commencé d'exécuter ses décrets. Les Romains portent leurs armes victorieuses, presqu'en même tems, dans les diverses parties du monde connu. Tout plie devant elles. L'Occident a subi la loi du vainqueur : le Nord la reconnoît; la Grèce et ses isles, l'Asie et l'Afrique sont conquises. Le voyez-vous ce quatrième Empire de Daniel? Comme il a brisé tous les autres d'un bras de fer! Rome est devenue la maîtresse de l'Univers: Elle donne la paix au Monde; le commerce, les arts, les lettres fleurissent; l'Orient est en attente, la Terre comme en travail pour enfanter le Juste; les tems s'accomplissent; ils sont accomplis, et le Désiré des nations descend au milieu d'elles.

SECONDE PARTIE.

Les nations vont entendre une doctrine d'une nouveauté bien surprenante pour elles déjà les

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Apôtres se sont partagé le Monde. Déjà ils poursuivent la mission, que leurs successeurs continueront jusqu'à la fin des siècles. Ils proclament chacun de son côté le Royaume de Dieu arrivé sur la Terre; ils l'annoncent avec le même zèle au pauvre et au riche, à l'ignorant et au lettré, au Grec et au Barbare, à l'habitant des villes, comme à celui des campagnes. Plus de vaines fictions, plus d'idoles, plus de culte superstitieux : une Religion est nouvellement descenduë du Ciel, pour éclairer les esprits et réformer les cœurs; elle s'adresse indistinctement à tous, et convoque à elle l'Univers entier.

Rapellez-vous ici, mes Frères, la timide prudence des anciens philosophes qui, dans la crainte de provoquer contre eux la haine en heurtant les opinions populaires, s'y conformoient extérieurement, contre leur intime conviction. Et voici que des Apôtres isolés les attaquent toutes de front; des hommes sans crédit, sans suite, sans études, sans lettres, des hommes tirés des dernières classes du peuple, arrivant d'un pays généralement détesté ou méprisé par les autres.

Me demandez-vous maintenant quelle est cette doctrine nouvelle qu'ils enseignent? La voici en deux paroles qui vont changer la face du Monde :

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Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton ame, de toutes tes forces et

ton prochain comme toi-même. C'est-à-dire, tu

aimeras le Seigneur, seul Dieu, infini en puissance comme en bonté, en miséricorde comme en justice, en sagesse comme en durée. Au seul bruit et à l'éclat de ce grand précepte, s'évanouira l'Olympe avec sa Cour chimérique; les idoles, leurs autels et leurs temples s'écrouleront; avec eux disparoîtront. et la pompe des vaines cérémonies, et les solemnités d'un culte impur ou barbare, et les absurdités de la magie, et l'imposture des oracles, et la férocité des sacrifices. Tu aimeras ton Dieu de toutes tes forces.» Eh! que voudrois-tu, que pourrois-tu préférer à l'Éternel, par qui tout existe; devant qui, tout ce qui existe, est comme s'il n'étoit pas ?

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«Tu aimeras ton prochain comme toi-même : » c'est-à-dire, tu le traiteras comme tu voudrois en être toi-même traité, si tu étois à sa place, lui à la tienne. Tu l'aimeras comme toi-même :" car tous les hommes sont frères, ajoute la Révélation; tous sont paitris du même limon, tous formés à la ressemblance divine, tous rachetés par le sang précieux du Sauveur, tous appellés à son Royaume." Partout où s'est fait entendre ce second précepte, les spectacles de l'Amphithéâtre sont devenus des objets d'horreur; l'homme a cessé d'immoler l'homme; l'esclavage à été aboli, ou tout au moins l'esclave a trouvé un protecteur, au lieu d'un maître tyrannique; le vaincu a reçu des soins au lieu de chaînes, l'infortuné des consolations, l'indigent le

pain de l'aumône, l'infirme un asyle, l'enfant de la protection, le vieillard un soutien; en un mot, toutes les infortunes, toutes les misères ont été soulagées. Oui, nous le proclamons avec des transports de reconnoissance, la Religion prêchée par les Apôtres étoit vraiment la bonne nouvelle, désirée depuis si long-tems par les sages; la nouvelle la plus heureuse qui pût être apportée à la terre! ... Mais les incrédules ne partagent nullement nos sentiments et nos transports. A les entendre, il n'étoit besoin, pour éclairer le Monde, ni de Révélation, ni d'Apôtres; il suffisoit des simples lumières de la raison. Oublieront-ils donc toujours, que les plus grands philosophes reconnurent leur impuissance pour dissiper les ténèbres qui offusquoient leur propre entendement; qu'ils reconnurent la nécessité d'une Révélation directe, pour arracher le genre humain à ses erreurs, à ses vices; pour lui faire connoître et goûter la vérité, la vertu? Sans nous arrêter maintenant à ces aveux, quoique décisifs par eux-mêmes, allons plus avant; faisons parler les faits; ils apprendront peut-être enfin à nos incrédules, ce que pouvoit la raison pour réformer le Paganisme.

Trois siècles avant et après Jésus-Christ, la philosophie régnoit chez les nations civilisées. Elle dominoit plus que jamais à l'époque de la Révélation. Rome et les cités florissantes de l'Empire

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