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des mariages et des naissances, pour enrayer, par des moyens honnêtes, une accélération excessive dans le mouvement de la population?

Cet aspect du problème est public, national. Il en est un second, que l'on pourrait appeler familial et d'ordre plutôt privé, bien qu'il intéresse également la vie sociale. Dans nos pays si habités, l'éducation et l'établissement des enfants entraînent pour bien des familles des soucis épineux et des difficultés parfois cruelles, qui croissent ou paraissent croître avec le nombre des fils et des filles. Le remède à ces inquiétudes et à ces embarras réside-t-il tout entier dans l'activité et l'économie, dans l'augmentation et un sage emploi des ressources? Ou bien la solution intégrale fait-elle aussi intervenir cette sorte de prévoyance qui cherche à mettre le nombre des enfants en rapport avec les

revenus?

Là-dessus, les auteurs diffèrent d'opinion. Une école pessimiste qui compte d'illustres représentants: Roscher, G. Schmoller, Adolphe Wagner, Garnier, sans insister sur la double progression, et sans maudire la fécondité, accepte la pensée fondamentale de Malthus, pour soutenir que la population a une tendance inquiétante à croître plus vite que les ressources alimentaires. Ces mêmes auteurs se sentent portés à souhaiter, du moins en principe, une action qui influence à la fois les deux termes à mettre en équation, les enfants et les ressources, et à désirer que les familles évitent des charges d'enfants dépassant leurs revenus.

L'école opposée des optimistes s'inscrit en faux contre cette opinion. Sans placer dans l'accroissement du nombre des hommes le seul desideratum du bien commun, ni même souhaiter toujours le renforcement illimité des impulsions qui poussent à peupler la terre (1),

(1) Cette remarque prévient l'étrange méprise qui fait passer ces optimistes

ils ont foi dans la Providence ordonnatrice de ce monde. Les uns admettent que les subsistances peuvent se multiplier plus vite que les hommes ; les autres démontrent que, sans qu'il soit besoin de freins artificiels, le mouvement de la population va se ralentir, par un effet combiné de la densité elle-même et des conventions sociales qui ont cours dans les pays civilisés. Pour les uns et les autres, des crises passagères, qui servent aux peuples d'utile stimulant à l'action et au progrès, se résolvent d'elles-mêmes dans un harmonieux équilibre.

Notons-le bien: c'est la question théorique et abstraite qui reçoit ces réponses divergentes. Mais avant d'en arriver à un conseil pratique dont la gravité est extrême, n'ont-ils pas raison ceux qui, avec M. Paul Leroy-Beaulieu, se demandent au préalable si le conseil est nécessaire ou opportun? Leur conclusion donne à réfléchir. « Le développement de ce que nous appelons civilisation... doit faire beaucoup plus redouter aux sociétés modernes, dans un prochain avenir, la stagnation ou la réduction même de la population, que son excessif accroissement. Telle est, autant qu'on en peut juger du moins à l'heure présente et d'après l'expérience de toutes les nations civilisées depuis un demisiècle, la véritable loi (1). » « Le jour n'est pas loin peut-être, écrit Mombert en terminant son beau livre,

pour adversaires de tout célibat, même de celui qu'inspirent les vues les plus généreuses. Les économistes sérieux regardent d'assez haut, pour comprendre « qu'on ne sert pas seulement la société en lui donnant des enfants » (Dr Féré, L'instinct sexuel, p. 285); et que la chasteté qui est une force, une générosité, se voit couronnée par une précieuse fécondité spirituelle. Une science approfondie leur a démontré que la cause de la population n'a rien à redouter de la vertu. D'ailleurs, Charles Gide l'a déjà observé par la mission que lui assigne son célibat, le prêtre catholique, au lieu des dix enfants dont il pourrait être le père, en fait naître cent et mille dans les familles sur lesquelles rayonnent ses leçons et son influence. «Il va sans dire, écrit tout récemment le même auteur, qu'il ne faut pas pousser l'argument à l'absurde, en posant en loi, que la richesse et l'activité grandissent indéfiniment avec la natalité. » (REVUE HEBDOMADAIRE, 1909).

(1) P. Leroy-Beaulieu, t. 4, p. 576.

ой pour d'autres pays aussi que la France, le point essentiel de la question de la population semblera consister moins dans un accroissement excessif que dans une augmentation trop faible de la population (1). Donnerons-nous davantage tort à ceux qu'un souci d'ordre supérieur pousse en outre à rechercher si les appels en faveur d'une moindre natalité ne vont pas fatalement surexciter l'appétit des jouissances stériles, et provoquer, aux dépens du devoir, ces réductions systématiques qu'une science honnête est la première à condamner? Car s'il y a un malthusianisme discutable, il y a une école néo-malthusienne dont la morale, la science politique, l'hygiène elle-même répudient énergiquement les conseils. Souvenons-nous du beau travail que M. le Docteur Desplats, le distingué professeur de Lille, a présenté dans la session précédente de la Société scientifique (2).

Quoi qu'il en soit de la question théorique et abstraite, pessimistes et optimistes se trouveront d'accord pour estimer dangereux et funeste de prêcher, dans des pays où la natalité fléchit, l'abaissement de la natalité.

Leur conclusion est générale, mais elle vaut surtout pour les classes appelées dirigeantes. « A toute époque, écrit M. Colson (3), l'enseignement de cette doctrine (de Malthus) a été inutile, parce qu'il n'a jamais pu être entendu que de ceux qui n'en ont pas besoin. Les enseignements économiques ne peuvent atteindre, en effet, que les classes cultivées. Or, partout et toujours, mais en France et de nos jours plus que partout ailleurs, la tendance de ces classes a été de trop limiter le nombre de leurs enfants. >>

(1) Studien zur Bevölkerungsbewegung in Deutschland in den letzten Jahrzehnten, p. 280.

(2) De la dépopulation par l'infécondité voulue. Rapport présenté à la IVe section; ANNALES, t. XXXII, supplément.

(3) Cours d'économie politique, t. I, p. 300.

A quel résultat important nous voici parvenus! Ni en Angleterre, ni en Belgique, ni en France, ne se trouve un homme de science pour inculquer aux riches la peur de l'enfant. Quelques-uns ont pu désirer que le souci de la bonne éducation prime celui de la natalitė ; mais aucun politique, aucun patriote, aucun économiste ne pousse au moral restraint les familles aisées, où les enfants peuvent naître nombreux et recevoir une éducation soignée. La peur de l'enfant ne saurait, chez elles, se réclamer ni de la science ni du bien commun.

Mais en face de la Société se dresse l'individu avec son intérêt particulier; à la science du bien et de l'utilité générale qui sert l'une, s'oppose, pour servir l'autre, une science de l'agréable, du commode, du bien-être, de la satisfaction personnelle, et présente une science, je ne dirai pas du bonheur - noble et bonne chose mais du plaisir. La première science a donné tort à l'honnête Malthus; la seconde a engendré l'ignoble néo-malthusien, pseudo-disciple que le maître désavouerait, que désavoue tout savant qui se respecte, et qui pourtant se montre de moins en moins déguisé sur la scène contemporaine, où il gagne des partisans, et dispose d'une claque en voie d'égarer l'opinion publique elle-même.

Pratiqué, semble-t-il, à partir du milieu du xvir siècle, le néo-malthusianisme affronte au XIX le grand jour. Il tient à Londres ses premières assises, le 17 juillet 1877, sous la présidence de Charles Drysdale. On y fonde le Malthusian league qui, depuis le 1er février 1879, édite une revue mensuelle, THE MALTHUSIAN. D'Angleterre, il passe en Hollande. L'an 1882 voit se fonder De Nieuw-Malthusiaansche Bond, auquel, en 1904, on octroie même la reconnaissance civile (1). Il s'implante en France, dans tous les pays,

(1) Le mouvement contre l'immoralité, qui vient de s'accentuer dans les Pays-bas, fait espérer le prochain retrait de cette faveur.

que

ravage toutes les classes de la Société. Aussi bien
la tempérance, il a ses associations, ses promoteurs,
ses propagandistes. Ces étranges apôtres se recrutent
surtout dans le monde des pédagogues rationalistes,
des médecins sans Dieu et des journalistes en quête de
petits profits. Il suffira de noter qu'en France le néo-
malthusianisme a pour principal zélateur Paul Robin,
le fameux directeur de Cempuis, et en Belgique, une
institutrice alliée à un médecin socialiste, dont une
célèbre lettre pastorale a rappelé récemment la flétris-
sante condamnation (1).

Leur cynisme est extrême. Nous nous contenterons
de quelques échantillons présentables dans une société
qui se respecte (2). Voici la déclaration du leader fran-
çais, Paul Robin: « Au lieu de les y pousser (à avoir
des enfants) de sages conseillers de leurs semblables
devraient au contraire les en dissuader, excepté dans
les cas fort rares où le produit possible aurait, de par
l'état de santé physique et moral, de la valeur intellec-
tuelle des parents, de leur situation dans leur milieu
social, toutes les chances possibles d'être des humains
de qualités très supérieures, à tous les points de vue
possibles. On ne recule
pas devant le blasphème :

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(1) Le 2 mai 1909, un soi-disant Congrès néo-malthusien, réuni à Courcelles, a protesté contre l'opposition faite à la ligue et à la propagande néomalthusiennes, comme contre la sentence du tribunal de Charleroi. « Il (le Congrès) proteste surtout contre les poursuites dont est actuellement l'objet l'enseignement moral et scientifique de l'hygiène sexuelle donné par un médecin (M. le Dr Mascaux) devant un public d'adultes et de gens mariés. Le Congrès réclame le libre exercice de toutes les libertés de réunion, de presse, inscrites dans la Constitution et dans les lois du peuple belge. » Pareil ordre du jour fut acclamé par l'assistance.

Tout autre, on le devine, fut le jugement du Ministère public devant la Cour d'appel de Bruxelles (mai 1909) : « Avec des théories aussi subversives, s'écriait M. De Le Court, nous perdrions nos qualités d'êtres raisonnables, pour nous ravaler au rang de la bète qui, elle, n'a non plus d'autre préoccu pation que l'assouvissement brutal des instincts. >>

(2) Nous les empruntons au curieux referendum publié par la CHRONIQUE MÉDICALE, 1905, pp. 104 ss.

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