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s'explique ainsi que M. Gagnon, éloigné des bibliothèques scientifiques, n'ait pas toujours eu le libre choix de ses sources et qu'il se soit contenté de ce qu'il avait sous la main.

Plusieurs questions préalables dominent le sujet que M. Gagnon a entrepris de traiter. Et d'abord, les aborigènes de l'Amérique sont-ils autochtones? Avec une très illustre autorité, M. de Quatrefages, ce point est résolu négativement. Quelle est la date du peuplement de l'Amérique? Probablement, vers la fin de l'époque glaciaire; or de sérieux géologues américains ne font pas remonter cette période au delà de sept à huit mille ans. Combien de races indigènes américaines y a-t-il ? Bien qu'on exagère parfois les variétés somatologiques ou qu'on en déduit des conclusions outrées, quoiqu'aussi la diversité des langues n'entraine pas celle des races, on ne saurait admettre que tous les indigènes du Nouveau-Monde ne forment qu'une seule variété ethnique. D'après M. Ten Kate, il faut distinguer au moins quatre ou cinq types primordiaux. Toutefois, on constate l'existence d'un peuple unique, d'une forte expansion, depuis les Grands Lacs jusqu'au Mexique, constructeur de ces tertres immenses et qu'à cause de cela on a appelés MoundBuilders.

Après avoir déblayé sa route de ces questions préalables, M. Gagnon aborde la démonstration de sa thèse : l'origine de la civilisation de l'Amérique précolombienne est due aux Kourchites d'Asie. Le principal argument se tire de l'étude des monuments américains, surtout de ceux du Mexique, de l'Amérique centrale et du Pérou. « Les peuples, dit-il, qui, primitivement ont habité l'Inde, y compris l'ile de Ceylan, la Chaldée, la Palestine et une partie de l'Asie mineure, l'Arabie méridionale, l'Ethiopie, l'Égypte, le Pérou, l'Amérique centrale, le Mexique et une certaine portion du territoire actuel des États-Unis, ont élevé, dans chacun de ces pays, des édifices d'un genre spécial et offrant entre eux plus d'un trait d'une étroite ressemblance. »

Ces monuments sont d'abord de grands temples en forme de pyramides. En Amérique, comme en Égypte et en Chaldée, le système pyramidal est le caractère dominant de l'architecture, depuis les rives du Mississipi et de l'Ohio jusqu'à l'isthme de Tehuantepec et au Pérou.

Viennent ensuite les temples souterrains. On connait celui d'Elephanta et celui d'Ellora, ainsi que le Ramesseum de Thèbes. Or en Amérique, Xochichalco, près de Mexico, la crypte de la

province d'Oaxaca, les souterrains de Texcal, de Palenqué et de Maxcanu offrent un type similaire.

Non seulement la forme pyramidale de certains temples, ou la construction souterraine des autres sont caractéristiques, mais leurs proportions énormes, gigantesques, cyclopéennes frappent l'observateur. Ce sont les monuments des villes de Chanaan, les dagobahs d'Anaradjapura à Ceylan et la cité mythique de Quechmictaplican découverte par M. Niven en 1896 dans l'État de Guerrero (Mexique), sans parler d'Ongkor dans le Cambodge ou de Boeroe-Boedor à Java. Tous ces anciens monuments offrent, par leurs colossales dimensions, d'étonnants rapprochements.

Il y a encore un trait commun aux monuments asiatiques et américains, c'est le revêtement stuqué qui recouvre leur face. L'auteur conclut à une parenté ethnique entre ces constructeurs. Ne vous semble-t-il pas, dit-il, que ces hommes qui dressent des obélisques, percent les montagnes de souterrains, taillent des statues aux proportions colossales, avant d'ètre dispersés en groupes ethniques spéciaux ne devaient former à l'origine qu'un seul et même peuple? »

Une autre donnée mène M. Gagnon à une conclusion identique: « Ces grands bâtisseurs étaient aussi des maîtres en agriculture, et la science avec laquelle ils ont su pratiquer l'assainissement, le drainage et l'irrigation du sol ne se voit pas ailleurs, à cette époque reculée, que dans ces mêmes contrées où subsistent les ruines de leurs monuments ».

La Chaldée, l'Égypte, l'Arabie, l'Inde antique, Ceylan ont gardé ou le souvenir ou mème les vestiges de vastes travaux d'endiguement et d'irrigation. Ainsi en est-il des anciens Péruviens, des Toltèques, des Pueblos. L'art de l'agriculture était aussi développé dans les anciens centres civilisés de l'Amérique que chez les Sabéens. On peut donc supposer que si plusieurs nations du continent américain cultivaient le sol avec des méthodes identiques à celles du vieux monde asiatique, c'est qu'elles en avaient emporté les leçons de là-bas.

Voici une similitude plus profonde et qui est moins explicable par la nature de l'homme, qui, placé en face des mêmes besoins, y pourvoira par des procédés semblables. C'est l'organisation de la société en castes. Or au Pérou, en Colombie, chez les Mayas, au Mexique on constate l'existence des castes, tout comme en Égypte, dans la Babylonie, dans l'Inde.

C'est même cette dernière particularité qui pour M. Gagnon

constitue l'argument le plus fort de sa thèse. En effet, le régime des castes est, à ses yeux, essentiellement Kouschite. Dès lors, «ne peut-on pas regarder les hommes de cette même origine comme les auteurs des œuvres matérielles décrites dans les différentes contrées que nous avons passées en revue, puisque c'est précisément dans ces pays que nous retrouvons la même organisation sociale?»

Et quittant alors l'Amérique, l'auteur s'en va au pays de Kousch étudier le peuple mystérieux qu'il croit avoir été l'ancêtre des populations américaines primitives. Ce voyage lui permet de recueillir, chemin faisant, bien des traits de civilisation, de cultes, d'institutions, et, revenant de son excursion, « je me rends compte, dit-il, et je sais maintenant pourquoi les antiquités du Mexique, de l'Amérique centrale et du Pérou nous montrent un mode d'architecture, un système de culture, une organisation sociale, des croyances et des symboles religieux, une infinité de coutumes et de traditions semblables à ceux que nous trouvons dans tous les lieux primitivement habités par les Kouschites et que nous savons n'avoir été particuliers qu'à eux seuls ».

Comment les Kouschites arrivèrent-ils en Amérique? On a pensé que leur route fut par l'Asie, où, au nord, l'Amérique n'est pas si éloignée du Japon. M. Gagnon admet une autre théorie. Plusieurs iles de la Polynésie possèdent aussi d'énigmatiques monuments; à Tahiti, c'est le moraï d'Omao; dans les îles Marquises, de vastes terrasses en pierres; aux iles Sandwich, des ruines grandioses; dans l'ile de Pâques, des pyramides et des statues étranges. Plusieurs auteurs n'ont pas hésité à regarder la Polynésie comme ayant été peuplée par des migrations avançant de l'ouest à l'est. Il y a trente ans déjà que M. Lucien Adam, un américaniste distingué, déclarait avoir l'impression que « si l'Amérique a été peuplée par le dehors, ce serait bien plutôt par la Polynésie que par l'Europe et mème que par l'Asie ».

Après avoir jeté le plus vif éclat dans l'histoire de la civilisation, les races qui ont conquis l'Amérique dès l'aurore du monde, ont aujourd'hui presque disparu. Au reste, elles étaient déjà tombées en pleine décadence à l'arrivée des Espagnols au XVIe siècle, et ce fut la principale cause de cette rapide conquête de l'Amérique par les Européens.

Depuis quand les vieux Kouschites ont-ils abordé en Amérique est malaisé de donner une réponse précise à cette question. Aussi M. Gagnon ne se hasarde pas à le faire. Il se contente d'affirmer en général que l'événement remonte à une

haute antiquité, d'autant plus que l'on n'a pu trouver jusqu'à ce jour la clef des hiéroglyphes américains.

Toutefois, M. Gagnon pense que « l'orientaliste versé dans la connaissance des plus anciens idiomes des contrées originairement habitées par les Kouschites... serait peut-être le mieux qualifié pour déchiffrer les katuns mayas ou anciennes écritures hieroglyphiques de l'Amérique centrale ».

On le voit, par ce rapide coup d'œil jeté sur le livre de M. Gagnon, des problèmes nombreux et intéressants y sont abordés. Sont-ils toujours adéquatement résolus? Nous n'oserions l'affirmer. Aussi bien les questions d'origine, en particulier pour ce qui concerne l'Amérique, sont encore bien obscures, et, pour l'heure, les tentatives qui cherchent « à trouver des points. de contact entre les Mexicains et quelque peuple de l'Ancien Monde », sont un peu discréditées (1). Peut-être l'ouvrage de M. Gagnon eût-il gagné à se présenter sous une forme plus didactique. La théorie plus nettement formulée, et mieux définie, les arguments plus méthodiquement groupés, sans redites et moins délayés, auraient incontestablement produit plus forte impression. Telles qu'elles sont présentées aujourd'hui, les conclusions sont un peu flottantes et ne s'enchainent pas toujours avec une rigueur impeccable.

Quoi qu'il en soit, le livre de M. Gagnon est d'une lecture facile et agréable. Une cinquantaine de gravures l'illustrent de façon aussi instructive qu'attrayante.

J. G.

XIX

NEDERLAND'S VROEGSTE BESCHAVING. PROEVE VAN EEN ARCHAEOLOGISCH SYSTEEM door Dr J.-H. HOLWERDA J. Met 13 lichtdrukplaten naar origineele teekeningen van Mevrouw N. HolwerdaJentink en deutsch aanhang : Zur frühhistorischen Keramik. — In-4' de Ix-112 pages. Leiden, E.-J. Brill, 1907.

Dans la littérature si nombreuse du préhistorique, la Hollande ne fait guère figure. Elle n'a pas eu, comme d'autres pays, de

(1) Cf. dans les ANNALES DE LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE DE BRUXELLES, t. XXX, 1907-1908, p. 277-285, le substantiel article de M. E. De Jonghe sur l'État actuel des études mexicaines.

III SÉRIE. T. XVI.

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sensationnelles découvertes à enregistrer pour l'histoire de l'homme. Il semble même que l'archéologie soit restée plutôt indifférente à son égard et qu'elle ait presque complètement échappé à l'attention des écrivains qui ont pris à tâche de dresser la synthèse des recherches de la préhistoire.

C'est peut-être que les Hollandais eux-mêmes n'ont guère fait connaitre leur pays et qu'à l'encontre d'autres régions, on y a été plutôt sobre de renseignements sur les époques primitives. Quoi qu'il en soit, ce motif ne pourra plus être invoqué désormais, car voici que le savant conservateur du Musée des antiquités de Leyde, M. le D' J.-H. Holwerda J', vient de publier un ouvrage très remarquable sur l'antique civilisation de son pays, sous le titre de Nederland's vroegste beschaving.

Ce travail se distingue de plusieurs études similaires, nous dirions presque par son bon gros sens. lei rien de ces écarts d'imagination qui, trop souvent, chez les auteurs écrivant sur la préhistorique, suppléent à la pénurie des faits. Nulle interprétation de fantaisie que la réalité des découvertes justifie parfois si peu. Au contraire, un souci constant de ne rien outrer, d'éviter les considérations en l'air, de limiter strictement les conclusions aux exactes et précises constatations des données acquises.

Cette préoccupation s'affirme dès le début, où M. Holwerda établit nettement le principe qui, pour lui, domine toutes les recherches préhistoriques. Tandis que d'autres veulent passer de l'inconnu au connu, il pense que l'archéologie préhistorique doit avoir pour base l'antiquité classique, et ce sont les résultats positifs de celle-ci qui peuvent éclairer nos pas dans les tâtonnements à travers les obscurités du passé. Les hypothèses, toujours hasardées dans lesquelles on tombe, si l'on agit d'autre façon, seront impitoyablement bannies.

Un second principe directif est celui-ci. Il faut se garder d'appliquer aux diverses contrées, pour un même genre de civilisation, des dénominations identiques d'époques. En effet, rien n'est plus dangereux que de conclure pour un pays donné à un synchronisme basé sur l'emploi des mêmes instruments. M. Holwerda en a fait la constatation en bien des endroits de son livre. Mais, il fallait dès la première page que le lecteur fût averti, d'autant plus que pareille manière de voir va bien un peu à l'encontre des théories admises.

L'auteur entre ensuite en matière et va donc s'efforcer de tracer l'esquisse de la plus ancienne civilisation de la Néerlande. D'abord, il constate l'absence de tout reste des âges paléoli

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