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nombreux en effet, les laboratoires richement dotés, luxueusement établis qui n'ont pas fourni la centième partie de la récolte que vous avez faite, dans ce local plus que modeste. Et, bien que cette démonstration vous soit un autre titre de gloire, il est triste de constater que l'exiguïté de la place dont vous disposicz, vous ait pendant trop longtemps privé d'élèves et de collaborateurs. et l'on regrette ardemment que l'établissement élevé en ce moment, par la généreuse initiative de Mgr le due d'Arenberg, n'ait pu être mis à votre disposition, dès le début de votre carrière.

Les travaux extra-universitaires ne sont pas indispensables au développement professionnel de celui qui est chargé d'enseigner la chimie générale, mais les applications multiples de cette science sollicitent de toute part l'intervention de travailleurs intelligents et actifs en leur offrant l'appât de sérieux bénéfices et d'une grande notoriété, cette poussière de la gloire.

Vous auriez pu, dans l'un ou l'autre de ces domaines, utiliser fructueusement, au point de vue de vos intérêts matériels, les connaissances que vous possédez et l'ingéniosité qui caractérise vos procédés d'investigation. Vous n'auriez fait ainsi que suivre l'exemple d'un grand nombre de vos collègues, même les plus illustres de tous les pays. Vous auriez pu le faire d'autant plus légitimement que, chez nous, la carrière du haut enseignement n'est guère rémunérée.

Vous avez réservé entière, votre activité intellectuelle à votre enseignement et au service de la science pure. Vous avez constamment refusé d'en détourner une part, si minime fût-elle, vers l'étude de l'un ou de l'autre problème de chimie appliquée, de nature à augmenter vos ressources.

En un temps où le culte des intérêts matériels a envahi les cœurs, où la richesse s'impose comme le but suprême de la destinée, vous avez donné un exemple éclatant de désintéressement. Il est salutaire de le proclamer.

Appuyé sur vos enfants qui tous suivent vos exemples, dont l'un marche sur vos traces et sera digne de recueillir le somptueux et lourd héritage d'un nom que vous avez imposé au respect et à l'admiration de vos contemporains; entouré de petits-enfants comme d'une couronne gracieuse et glorieuse; admiré de vos collègues et de vos confrères qui sont tous vos amis; vénéré des nombreux élèves qui vous doivent ce qu'ils ont de meilleur, vous recueillez dans la plénitude de vos facultés quelques fruits de tout ce labeur.

Membre de l'Académie royale des sciences de Belgique; correspondant de l'Institut de France; membre de l'Académie pontificale des Nuovi Lincei de Rome, de l'Académie royale des sciences de Copenhague, de l'Académie des sciences de Lisbonne; membre d'honneur de la Société des sciences physiques de Bucharest, de la Société chimique de Belgique; commandeur de T'ordre de Léopold; décoré de la croix civique de première classe; de la médaille de 4 classe Bene merenti » de Roumanie; grand officier de la couronne de Roumanie, ces multiples marques d'honneur sont venues à vous sans que vous les ayez sollicitées.

La plus haute et la plus vénérable autorité morale de ce monde, le représentant ici-bas de Notre Seigneur Jésus-Christ, vous accorde à son tour, dans des conditions spécialement flatteuses, à l'occasion de votre jubilé et comme récompense d'une vie consacrée au service de l'Université catholique, un témoignage éclatant de sa satisfaction et de sa bienveillance: Sa Sainteté Pie X vous fait grand-croix de St-Sylvestre.

Vous trouverez dans cet album que je vous prie d'accepter en souvenir de cette fête, avec les portraits de vos collègues, de vos assistants, de vos élèves du doctorat, ceux des hommes éminents qui ont bien voulu se joindre à nous pour vous donner une marque spéciale de leur admiration;

de Son Eminence le Cardinal Mercier, gloire et force de l'Épiscopal;

de Son Altesse Sérénissime le duc d'Arenberg qui continue l'œuvre de son glorieux aïeul, le duc aveugle, le protecteur de Minckeleers;

de M. Beernaert, le great old man belge, dont la vie est si intimement mêlée à l'histoire intellectuelle, politique et sociale de notre pays pendant ces cinquante dernières années;

de Monseigneur Hebbelynck, notre recteur, le recteur du septante-cinquième anniversitaire de l'Université;

de M. Descamps-David, le premier ministre des Sciences et des Arts;

de M. le marquis de la Boëssière-Thiennes qui fut l'éloquent interprète de vos élèves, lorsqu'ils vous remirent votre portrait, il y a plus de quarante années, et qui a bien voulu honorer cette fête de sa présence, ce dont je tiens à le remercier trés sincèrement.

Dans le groupe de vos élèves vous rencontrerez, marquant l'ampleur de votre action, quelques séries homologues compo

sées de deux termes seulement, le père et le fils. Ces séries seront plus nombreuses lorsque nous fèterons vos noces de diamant avec l'Université. Car votre œuvre n'est pas terminée, mon cher maitre! Pas plus pour Louis Henry que pour Pierre Van Beneden, il ne peut être question d'éméritat.

Je termine. Vous me reprocherez, certes déjà, d'avoir été trop long. Concédez cependant qu'il est difficile d'éviter ce reproche quand un disciple a l'honneur de parler d'un maitre tel que vous.

Pour me rendre supportable, j'ai fait à vos écrits de larges emprunts; laissez-moi terminer de la même façon. Permettezmoi de cueillir dans un de vos discours ces quelques lignes que vous adressiez à un ami de la première heure et qui semblent avoir été tracées pour vous.

Il y a cinquante ans que, loin du bruit et des agitations extérieures, patiemment, courageusement, vous accomplissez cette grande et difficile chose qui se résume dans ce mot si court, le devoir; que vous accomplissez tous vos devoirs dévoué de cœur et d'âme à cette jeunesse qui vous est confiée, dévoué à votre enseignement, dévoué à la science que vous cultivez avec autant de désintéressement que de succès pour l'honneur de votre nom et la gloire de l'Université.

Il était juste, il est bon que vous sachiez que vos services et vos mérites sont appréciés à leur haute valeur. »

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IIIe SÉRIE. T. XVI.

LE VER LUISANT

En nos climats,peu d'insectes rivalisent de renommée populaire avec le ver luisant, la curieuse bestiole qui pour célébrer ses petites joies de la vie, s'allume un phare au bout du ventre. Qui ne le connaît au moins de nom; dans les chaudes soirées de l'été, qui ne l'a vu errer parmi les herbages, pareil à une étincelle tombée de la pleine lune? L'antiquité grecque le nommait Lampyre, signifiant porteur de lanterne sur le croupion. La science officielle fait usage du même vocable; elle appelle le porteur de lanterne Lampyris noctiluca Lin. Ici l'expression vulgaire ne vaut pas le terme savant, si expressif et si correct, une fois traduit.

On pourrait en effet chercher chicane à l'appellation de ver. Le lampyre n'est pas du tout un ver, ne seraitce que sous le rapport de l'aspect général. Il a six courtes pattes dont il sait très bien faire usage; c'est un trotte-menu. A l'état adulte, le mâle est correctement vêtu d'élytres, en vrai coléoptère qu'il est. La femelle est une disgraciée à qui sont inconnues les joies de l'essor; elle garde, sa vie durant, la conformation larvaire, pareille, du reste, à celle du mâle, incomplet lui aussi, tant que n'est pas venue la maturité de la pariade. Même en cet état initial, le terme de ver est mal appliqué. Une locution vulgaire dit: nu comme un ver, pour désigner le dénûment de toute enveloppe défensive. Or le lampyre est habillé, c'est-à-dire vêtu d'un épiderme de quelque consistance; en outre, il est

assez richement coloré d'un brun marron sur l'ensemble du corps et agrémenté d'un rose tendre sur la poitrine, surtout à la face inférieure. Enfin chaque segment est décoré au bord postérieur de deux petites cocardes d'un roux assez vif. Pareil costume exclut l'idée de ver.

Laissons tranquille cette dénomination mal réussie et demandons-nous de quoi se nourrit le lampyre. Un maître en gastronomie, Brillat Savarin, disait : Montremoi ce que tu manges et je dirai qui tu es. Pareille question devrait s'adresser au préalable à tout insecte dont on étudie les mœurs, car, du plus gros au moindre dans la série animale, le ventre est le souverain du monde; les données fournies par le manger dominent les autres documents de la vie. Eh bien! malgré ses innocentes apparences, le lampyre est un carnassier, un giboyeur exerçant son métier avec une rare scélératesse. Sa proie réglementaire est l'escargot.

Ce détail est connu depuis longtemps par les entomologistes. Ce que l'on sait moins, ce que l'on ne sait pas même du tout encore, me semble-t-il d'après mes lectures, c'est la singulière méthode de l'attaque, dont je ne connais pas d'autre exemple ailleurs.

Avant de s'en repaître, le ver luisant anesthésie sa victime; il la chloroformise, émule en cela de notre merveilleuse chirurgie qui rend son sujet insensible à la douleur avant de l'opérer. Le gibier habituel est un escargot de médiocre volume atteignant à peine celui d'une cerise. Telle est l'hélice variable (Helix variabilis Drap.) qui, l'été, au bord des chemins, s'assemble en grappes sur les chaumes de fortes graminées et autres longues tiges sèches, et là profondément médite, immobile, tant que durent les torridités estivales. C'est en pareille station que bien des fois il m'a été donné de surprendre le lampyre attablé à la pièce qu'il venait

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