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femelle gonflée de germes parvenus à maturité, une traînée luisante se répand sur mes doigts comme si j'avais crevé quelque ampoule pleine d'une humeur phosphorique. La loupe me montre que je fais erreur. La luminosité est due à la grappe des oeufs violemment expulsée de l'ovaire. Du reste, aux approches de la ponte, la phosphorescence ovarienne déjà se manifeste sans grossière obstétrique. A travers les téguments du ventre apparaît une douce luminosité opalescente.

L'éclosion suit de près la ponte. Les jeunes, n'importe le sexe, ont deux petits lumignons au dernier segment. Aux approches des froids rigoureux, ils descendent en terre, non bien profondément. Dans mes bocaux d'éducation, garnis de terre fine et très meuble, ils descendent à trois ou quatre pouces au plus. Au plus fort de l'hiver, j'en exhume quelques-uns. Je les trouve toujours avec le faible lumignon de l'arrière. Vers le mois d'avril, ils remontent à la surface pour y poursuivre et achever leur évolution.

Du début à la fin, la vie du lampyre est une orgie de lumière. Les oeufs sont lumineux; les larves pareillement, les femelles adultes sont de magnifiques phares, les mâles adultes gardent le lampion que possédaient déjà les larves. On comprend le rôle du phare féminin; mais à quoi bon tout le reste de cette pyrotechnie? A mon vif regret, je l'ignore. C'est et ce sera pour longtemps encore et peut-être pour toujours, le secret de la physique des bêtes plus savante que la physique de nos livres.

Sérignan, 10 mai 1909.

J. H. FABRE.

F

L'INDUSTRIE CHIMIQUE EN ALLEMAGNE

« L'industrie de l'avenir ne sera jamais plus stationnaire : elle réalisera incessamment des progrès toujours plus nombreux, toujours plus rapides. En un mot l'industrie de l'avenir, c'est l'industrie scientifique dans toute l'acception du mot, et malheur aux nations insouciantes qui resteront au-dessous de la situation nouvelle : elles seront dévorées par leurs rivales. »

(EDMOND THIERY) (1).

Occuper des milliers d'employés, des centaines d'ingénieurs chimistes diplômés, fort convenablement appointés, parmi lesquels figurent les savants les plus réputés, payer à ses actionnaires un dividende extrêmement rémunérateur d'année en année plus élevé et ayant atteint, l'an dernier, trente-six pour cent (2), tels sont, au seul point de vue pratique et utilitaire, les résultats atteints par l'industrie chimique en Alle

magne.

Pour toute nation, là se trouve bien l'industrie d'avenir, au champ d'action illimité, l'« industrie scientifique » évoquée par le célèbre économiste Thiery. Cependant une constatation s'impose. Si, en ce sens, la France et l'Angleterre ont fourni les découvertes initiales, ce sont nos voisins d'Outre-Rhin qui, s'étant

(1) L'ÉCONOMISTE EUROPÉEN, tome X, 1896, p. 612.

(2) Comme nous le disons par la suite, ce chiffre a été celui du dividende de l'exercice 1907 pour la plus importante société des fabrications de produits chimiques et pharmaceutiques d'Allemagne : les «Farbenfabriken » Bayer et Cie.

emparés des résultats de ces premières expériences concluantes, en ont sans cesse élargi les énormes conséquences et en ont trouvé l'application la plus pratique, la plus commerciale. Dans cette voie ce qui a été obtenu en Allemagne tient presque du prodige, et il ne semble nullement téméraire d'affirmer que dès maintenant aucun pays ne saurait sur ce point rivaliser avec la nation germanique.

Au point de vue général, en effet, par son chiffre de production comme par l'innovation de ses procédés, l'industrie allemande tient incontestablement le premier rang en Europe. Quant à ses progrès en chimie organique et inorganique, elle occupe, à l'heure présente, la première place dans le monde.

Tous les marchés, européens et d'outre-mer,, sont inondés de ses produits. Son plus gros client, les EtatsUnis, consomme même plus que la nation productrice, qui ne vient, sous ce chef, qu'en second lieu; puis se place, en troisième rang et en très bonne posture, la Russie; en quatrième et cinquième position, l'ExtrêmeOrient (Indes, Chine, Japon) et l'Angleterre; enfin beaucoup plus loin, après l'Autriche-Hongrie, la France, l'Italie, etc.

Or, en dehors de nos savants, de nos professeurs de facultés et de leurs élèves, dont quelques-uns seulement sont venus en Allemagne, de rares industriels, bien peu de Français ont une idée précise de l'état actuel de l'industrie chimique chez nos voisins. L'instant paraît donc propice d'en entretenir le grand public et de la lui faire connaître.

A dessein nous écarterons toute formule, tout détail technique susceptible de donner à cet article une allure trop savante. Les faits sont assez intéressants par euxmêmes et n'ont nul besoin d'être étayés ou corroborés par de nombreuses statistiques, descriptions ardues, analyses détaillées, réactions, etc... Abandonnant au

seul praticien cet arsenal qui lui est nécessaire, mais aride et trop spécial pour le profane, nous nous attacherons seulement, après avoir décrit brièvement la genèse de la chimie commerciale, à montrer les applications pratiques et immédiates, les étapes de la marche en avant de cette science appelée à une prépondérance mondiale très prochaine parmi toutes les autres branches de l'Industrie.

L'Angleterre fut le berceau de l'industrie des matières colorantes, voici à peine un demi-siècle. En 1856, en effet, V. II. Perkin découvre la première couleur d'aniline, la maureine, initiale matière colorante artificielle dérivée du goudron de houille (1). Malgré ce premier pas, cette industrie se développa peu OutreManche et c'est sans conteste à la France qu'appartient la gloire des découvertes originelles les plus pratiques et de leurs premières applications. D'une importance beaucoup plus réelle que la mauveine, importance qu'elles ont toujours conservée, furent les couleurs artificielles trouvées en notre pays: la fuchsine, le violet de méthyle, le bleu de Lyon pour ne citer que les plus connues. Une fois de plus, c'est donc de la France qu'est parti le mouvement. Verguin obtint la fuchsine, << substance soluble dans l'alcool, d'une magnifique couleur rouge eramoisi », par l'action de l'aniline sur le bichlorure d'étain. Il constata qu'elle teignait la soie en beau rouge, résistant au lavage. Le procédé de Verguin fut vendu à la maison Renard frères et Franc de Lyon, qui le fit breveter le 8 avril 1859 (2). Cependant, si comme autrefois pour la vapeur ou l'électricité et, de nos jours, pour les automobiles et les dirigeables, la France en cette voie précéda les autres nations, malheureusement, elle perdit vite cette situation prépondérante.

(1) English patent du 26 août 1856.

(2) B. F. 40 635. Léon Lefèvre : Matières colorantes.

En l'occurrence du moins n'y a-t-il nullement lieu de s'étonner de voir l'Allemagne occuper le premier rang. Psychologiquement surtout, le fait est fort compréhensible. Si un peuple devait prendre rapidement une place prépondérante dans cette branche de l'industrie, c'était bien assurément le peuple allemand. Patientes études, minutieuses observations, savantes analyses nécessitées par la chimie commerciale, tout cela cadre absolument avec son tempérament et convient parfaitement à son incontestable esprit d'assimilation et d'organisation. L'Allemand est naturellement travailleur, attentif. Il lui appartenait de triompher dans les sciences expérimentales. Remarquons cependant que ce labeur patient est le plus souvent marié à un certain idéalisme. Il faut, en effet, en être imprégné pour travailler, parfois pendant des années, à la solution d'un problème ardu qui, résolu, ne rapporte souvent qu'un profit modeste. Mais le seul espoir soutenant le savant en ce cas, c'est que, au cours de ses recherches, il peut être amené à une grande découverte qu'il lui est impossible de prévoir au début de ses expériences. Les faits ont le plus souvent donné raison à semblable hypothèse, et il est facile de concevoir tout ce que l'imprévu donne d'attachant et d'envergure à cette science plus encore qu'à toute autre.

Si les ingénieurs chimistes ne sont donc pas dépourvus d'un certain idéalisme, cet idéalisme devient tout à fait optimiste pour les patrons. Il est nécessaire en effet d'en posséder une forte dose pour payer une véritable armée de chimistes dont beaucoup travaillent des années entières sans rien trouver qui vaille la peine d'être exploité. Pour un patron américain ce serait de l'argent jeté par les fenêtres. Il lui faut de la production immédiate: «Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras...» L'Allemand, au contraire, patiente, ne se décourage pas, persuadé que les découvertes, en ce genre surtout,

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