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1888, la science dactyloscopique et la première méthode de classification des empreintes.

Définition. On entend par empreinte digitale, la reproduction, par impression sur papier, des dessins qui couvrent la peau de nos dernières phalanges. Ces dessins cutanés sont formés par les sinuosités que décrivent les lignes papillaires du derme; leurs creux et leurs reliefs, teintés d'encre d'imprimerie, se reproduisent avec une remarquable fidélité, nous donnant ainsi une vraie estampe humaine.

On entend aussi par empreinte digitale, les vestiges que laissent nos doigts sur les objets que nous touchons. Chacun de nous a pu voir sur une glace, un verre, un meuble, la trace plus ou moins fugitive que provoque la pression de la main, trace d'autant plus nette que les doigts sont plus humides. Si la main est souillée de sang, de graisse ou d'une substance colorante, l'empreinte qu'elle abandonne sur les objets demeure visible et constitue une réelle signature.

Cette constatation banale se reproduisait sans doute depuis des siècles, sans éveiller l'attention des savants, quand elle devint le point de départ d'une des découvertes les plus importantes de la science criminologique.

On avait bien, à l'occasion de quelques crimes, cherché, par des mensurations et des rapprochements, à identifier les traces sanglantes imprimées par le criminel sur sa victime ou sur les objets environnants ; mais on ne pouvait invoquer contre lui que des présomptions, des analogies, des vraisemblances auxquelles les jurés attachent bien moins d'importance qu'aux envolées pathétiques de l'avocat de cour d'assises. On n'était jamais parvenu à établir un témoignage aussi accusateur que celui des traces digitales, sur des III SÉRIE, T. XVI.

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bases scientifiques telles que la certitude absolue s'imposat à la conviction des juges les plus scrupuleux.

La dactyloscopie judiciaire née des innombrables travaux parus sur les empreintes digitales en ces dernières années, a réellement modernisé l'enquête criminelle, en lui fournissant des armes scientifiques d'une valeur irrefutable; elle ira rechercher, sur les lieux de leurs forfaits, les traces invisibles qu'y laissèrent, nombreuses, les criminels les plus adroits et, après les avoir révélées, elle les invoquera contre eux, comme un témoignage irrécusable de leur présence, en démontrant l'identité parfaite de ces traces fugitives avec leurs empreintes digitales.

La preuve dactyloscopique, bien établie par l'étude attentive des agrandissements de l'empreinte, est la seule qui ne trompe pas, la seule qui ne supporte pas de contradiction. Et si cette preuve fournie par le criminel même et à son insu, peut suffire à envoyer un misérable à la mort, elle pourra aussi, dans bien des cas, démontrer l'innocence d'un accusé qu'un ensemble de circonstances fàcheuses semblait vouer à une condamnation certaine. La dactyloscopie judiciaire permet donc non seulement de démontrer péremptoirement la culpabilité des criminels, mais elle a aussi le pouvoir de prévenir de graves erreurs judiciaires.

Anatomie. Le fait le plus intéressant en matière dactyloscopique est l'étonnante fixité des sinuosités papillaires.

Nées avec l'organisation du derme, vers le sixième mois de la vie intra-utérine, les sinuosités de la peau se maintiennent immuables, toujours identiques à ellesmêmes, en dépit du temps et malgré les brûlures, les contusions, les déformations professionnelles.

Tel est le dessin digital chez le foetus et chez l'enfant, tel il sera chez le vieillard, grâce à un développement

proportionnel des moindres lignes et détails papillaires qui conserveront jusqu'à la mort la parfaite harmonie de leurs rapports. Et cette étrange immutabilité persistera sur le cadavre jusqu'à la désagrégation complète de la peau.

Si nous examinons la pulpe de nos doigts, nous y distinguerons un certain nombre de lignes, à dispositions régulières que séparent autant de sillons, suivant une direction parallèle. A la loupe, nous reconnaîtrons que ces lignes sont légèrement saillantes et présentent, par intervalles, de petits orifices où la sueur vient sourdre en gouttes minuscules. En y regardant de plus près, nous verrons que ces crêtes et ces sillons décrivent des figures très complexes, fort différentes suivant les doigts que l'on observe. De nombreuses expériences de contrôle, pratiquées à plusieurs années de distance, il résulte à toute évidence que ces images papillaires sont immuables dans leurs moindres détails.

Il n'est pas difficile de retrouver dans l'anatomie de la peau l'explication de cette étrange fixité. L'histologie de notre revêtement cutané nous apprend que la peau se compose de trois couches superposées, étroitement unies, mais d'épaisseur et de nature fort différentes : la couche superficielle, l'épiderme, la couche moyenne, le derme, sous lequel s'étale le tissu conjonctif sans intérêt pour nous.

L'épiderme, que le microscope permet de diviser en une série de feuillets superposés, dont cinq au moins sont nettement différenciés, est une membrane insensible et transparente qui se moule comme un vernis sur les saillies et les dépressions de la couche dermique sous-jacente.

Le derme se subdivise à son tour en deux niveaux : l'un inférieur formé de tissu fibreux dense, sans importance à notre point de vue, et une zone appelée corps papillaire, dont la structure, des plus compliquées,

permet de comprendre les faits, en apparence si déconcertants, que nous révèle la dactyloscopie. Examinons un instant ce que les coupes microscopiques nous montrent sur l'anatomie intime du corps papillaire. Cette région doit son nom aux innombrables élevures ou papilles dont sa surface est parsemée et qui s'enfoncent dans l'épiderme, en s'en revêtant comme d'un gant. L'architecture de chacune de ces papilles cutanées est très délicate: elle se compose d'une charpente de tissu élastique, constituant un élégant treillis cylindroconique, qui sert de soutien aux vaisseaux et aux fibrilles nerveuses qui s'y enchevêtrent en un fin réseau. Habituellement la papille renferme un corpuscule nerveux, doué de pouvoir tactile : le corpuscule de Meissner.

Le nombre des papilles que renferme la peau est considérable, surtout à la figure, à la paume de la main et aux orteils; à l'extrémité de nos doigts on en compte en moyenne quarante par millimètre carré. Fait important, la forme des papilles dermiques est très variable; fréquemment coniques on hémisphériques, elles se présentent aussi sous l'aspect d'une pyramide, d'une verrue, d'une poire ou d'une crète à sommet souvent bifurqué.

Nous voilà bien loin, semble-t-il, de l'explication des faits curieux que révèle la Dactyloscopie. Nullement. A l'aide des notions sommaires d'histologie cutanée que je vous ai exposées, nous allons pouvoir reconstifuer sans trop de peine le dessin papillaire.

Réunissons par la pensée quelques milliers de papilles, en leur attribuant les formes variées que je viens de décrire et un volume qui va de 100 à 225 millièmes de millimètre; rappelons-nous que la surface d'une phalange en comprend environ trente mille. Juxtaposons ces papilles les unes aux autres, disposonsles en rangées que nous doublerons pour en former

les lignes papillaires; voilà constituées les crêtes digitales que nous séparerons par un sillon afin de mieux les différencier. Il nous reste à combiner, à grouper les crêtes et sillons ainsi obtenus, à leur imprimer une direction curviligne pour reconstituer le dessin digital. A première vue, ce dessin nous semblera très régulier, mais sa régularité n'est qu'apparente et sa complexité nous apparaîtra formidable si nous l'étudions à la loupe. On s'aperçoit, en effet, qu'au lieu de crêtes bien rectilignes et d'aspect uniforme telles que se montrent, à un examen superficiel, les lignes de nos phalanges, on trouve, sur l'empreinte digitale, des traînées très irrégulièrement segmentées, offrant dans la combinaison de leur dessin, d'innombrables détails de conformation. Ici se voient des bifurcations, des anastomoses, ailleurs des interruptions de lignes, ailleurs encore des points, des ovales, tout un monde d'éléments papillaires différemment disposés dont la complication est telle qu'elle permet de distinguer aisément, l'une de l'autre, des empreintes digitales qu'à première vue on croirait exactement semblables.

Que s'est-il passé ? Si, pour reconstruire les crêtes cutanées, nous eussions disposé de papilles de conformation bien identique et de volume uniforme, nous eussions obtenu des lignes papillaires parfaitement homogènes, composées de segments tous égaux. Mais tout autre est la formation de notre derme, auquel le polymorphisme des papilles cutanées impose une complexité qui paraît étrange à celui qui n'en a pas pénétré la raison anatomique et la nécessité physiologique. L'adossement de papilles, aussi inégales de volume que variées dans leur forme, doit inévitablement nous donner un dessin digital irrégulier, accidenté, offrant dans la combinaison de ses lignes de nombreuses anomalies.

C'est donc, en dernière analyse, à l'extrême variété

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