Sayfadaki görseller
PDF
ePub

tré que les intéressantes propriétés de nos dessins digitaux trouvent leur raison d'être et leur origine dans la structure anatomique de la peau, qu'elles sont en relations intimes avec la sensibilité tactile si affinée de nos doigts, il me sera aisé de vous en exposer les remarquables applications judiciaires.

Je ne veux pas insister sur les nombreux avantages sociaux de la signature digitale; l'avenir dira dans quelle mesure les établissements financiers utiliseront la méthode dactyloscopique, tant pour le paiement des chèques que pour les dépôts de fonds à effectuer par des illettrés. Une empreinte digitale offre à cet égard plus de garantie qu'une signature; rien n'empêche du reste qu'elle ne s'ajoute à celle-ci. Entrant dans cette voie, le gouvernement des États-Unis a prescrit l'apposition du pouce pour les versements, faits par des illettrés, à la caisse d'épargne des Iles Philippines.

Quoi qu'il en soit de son utilité au point de vue financier, l'empreinte digitale devrait être exigée sur tous les actes d'état civil, comme cela se pratique en Roumanie depuis 1903. Elle est également à conseiller pour les livrets militaires, les carnets ouvriers et les cartes d'identité délivrées aux domestiques; la mesure est appliquée en Égypte. Dans la République Argentine, la signature digitale fait partie du signalement des policiers, des cochers et des sujets.

En se plaçant à un point de vue plus général, n'y aurait-il pas un réel intérêt social, tout au moins dans les petits pays comme la Belgique, à posséder un répertoire dactyloscopique complet, comprenant le signalement de tous les habitants âgés de vingt ans? Qui ne voit les précieuses indications que pourrait fournir une pareille organisation dans les catastrophes minières, les inondations, les accidents de chemin de fer, les grands incendies, tel celui du bazar de la Charité, où il arrive fréquemment qu'on ne peut reconnaître de nom

breuses victimes (1)? Ne doit on pas regretter chaque jour de ne pouvoir établir l'identité d'inconnus, de suicidés, de noyés dont on aurait pu en quelques heures reconstituer l'état civil en examinant leurs empreintes digitales?

Les principales applications judiciaires de la méthode dactyloscopique sont au nombre de trois. Elle permet d'organiser efficacement la surveillance des étrangers et des vagabonds, de réaliser un système pratique d'identification des délinquants, enfin d'invoquer, contre les criminels, la preuve la plus évidente de leur culpabilité en démontrant leur présence sur le lieu du crime, par les traces digitales qu'ils y ont laissées.

Le signalement dactyloscopique imposé à tous les nomades, faciliterait énormément la surveillance policière des repris de justice, des mendiants et des vagabonds, de toute cette population flottante qui ne se soucie guère d'état civil et où se recrutent les criminels, les voleurs, les incendiaires, les anarchistes, en un mot tous les ennemis de la société qui cherchent à se dérober aux investigations de la police.

Que l'on impose surtout le signalement dactyloscopique aux nombreux étrangers, financiers véreux, réfugiés politiques, espions, pour la plupart sans moyens d'existence ni intérêt social, que nos habitudes séculaires d'hospitalité généreuse nous empêchent d'expulser sans motif sérieux ; et l'on verra sans aucun doute diminuer le nombre de crimes et de délits restés impunis, plus de 27 000 en 1907 -car il est acquis

[ocr errors]

(1) Dans l'incendie de l'hospice de Rennes, douze cadavres trouvés dans les décombres ne purent être identifiés. En 1873, la ville de Toulouse fut partiellement inondée, 95 noyés ne furent que très difficilement reconnus; de nombreuses erreurs d'identification furent commises à Courrières où un millier de mineurs trouvèrent la mort; lors du naufrage du Sirio sur la côte d'Espagne en 1906, de nombreux cadavres, rejetés par la mer, étaient totalement méconnaissables.

que la plupart de ces méfaits sont l'oeuvre de nomades, d'étrangers et de mendiants.

Il ne serait plus possible alors à des criminels, d'égarer les recherches de la justice en exhibant de faux passeports, des pièces d'état civil volées ou empruntées à quelque ami complaisant. Et pour ne citer qu'un exemple récent: il eût été impossible à l'auteur du terrible drame anarchiste de Gand d'emprunter successivement la personnalité de plusieurs de ses compatriotes; il n'eût pas fallu envoyer sa photographie et son signalement à tous les services policiers d'Europe ni arracher, par subterfuge peut-être, au père du meurtrier ce nom qu'il s'efforçait de cacher.

Ajoutons que pour être pratique et vraiment efficace, l'organisation dactyloscopique des passeports des émigrés, des étrangers et des nomades devrait être internationale.

Une application des plus importantes de la méthode des empreintes digitales est de simplifier considérablement le fonctionnement du service d'identification des délinquants, en permettant de supprimer, dans le signalement criminel, les mensurations anthropométriques, devenues inutiles.

Ce n'est pas le moment de soulever ici la question de supériorité des méthodes d'identification bertillonnienne et dactyloscopique; elle a fait l'objet de discussions passionnées en notre pays et on a invoqué à l'appui des deux thèses une argumentation d'un ordre si spécial, qu'il me serait difficile de vous en résumer les données essentielles. Qu'il me suffise pour justifier mes préférences pour la méthode dactyloscopique, de vous indiquer sommairement les considérations suivantes que j'ai eu l'occasion de développer, au cours d'une communication sur le même sujet, faite à la Société d'anthropologie de Bruxelles.

I. Les mensurations anthropométriques demandent

une certaine éducation professionnelle et un doigté spécial; elles sont longues, sujettes à erreurs, inapplicables aux femmes, impossibles à prendre avant la terminaison de la croissance (21 à 25 ans); enfin, elles exigent le complément des empreintes digitales.

II. Les empreintes digitales suffisent à elles seules à assurer l'identification et le classement des fiches; l'opération demande trois minutes et s'apprend en quelques heures ; la méthode est applicable à tous les délinquants sans distinction d'age ni de sexe.

III. De nombreux pays ont abandonné le bertillonnage pour adopter l'identification dactyloscopique ; citons la Norwège, le Danemark, l'Italie, le Chili, la République Argentine, la Saxe et tout dernièrement le Portugal (1907).

D'après des informations récentes, dans les pays comme l'Allemagne et l'Autriche où les deux méthodes fonctionnaient concurremment, la supériorité pratique de la méthode dactyloscopique s'est imposée incontestablement.

IV. Parmi les pays qui ont adopté d'emblée la méthode d'identification basée sur les empreintes digitales, la Suède, l'Angleterre, le Brésil, l'Uruguay notamment, il n'en est aucun qui l'ait abandonnée pour recourir au bertillonnage. La méthode dactyloscopique n'y a donné aucun mécompte et rien n'est venu confirmer les prédictions pessimistes des défenseurs de l'anthropométrie.

Il me paraît oiseux d'insister; les mensurations anthropométriques, devenues inutiles en présence des empreintes digitales qui suffisent à assurer l'identification des délinquants et la parfaite classification de leurs fiches, peuvent disparaître sans inconvénient du signalement criminel.

Il est une dernière application, et non la moins intéressante, des propriétés de nos dessins digitaux, c'est la

dactyloscopie judiciaire. Cette science relativement jeune a pour objet de rechercher les traces laissées par les criminels sur les lieux du crime, afin de les comparer aux empreintes digitales des personnes soupçonnées, dont elle pourra ainsi démontrer l'innocence ou la culpabilité.

Depuis des siècles, on s'était préoccupé d'invoquer, contre les criminels, les traces révélatrices de leur passage et d'intéressants travaux avaient permis d'utiliser dans ce but, les empreintes laissées sur le sol détrempé ou sur la neige par le pied nu ou chaussé, les traces imprimées par la main tout entière, sanglante ou souillée, par les doigts, les dents ou les ongles sur la victime ou les objets qui l'entouraient.

Il serait injuste de le méconnaître, dans bien des cas les médecins légistes ont pu armer l'instruction judiciaire de preuves décisives, entrainant les aveux du coupable. C'est ainsi qu'un moulage interdigital, obtenu par de la gutta-percha coulée entre les doigts d'un inculpé, permit au chimiste Ferrand de Lyon de lui attribuer l'empreinte d'une main ensanglantée, tachant un oreiller. Dans plusieurs affaires de strangulation, on a pu identifier les marques trouvées sur le cou de la victime. Le classique relevé des empreintes de pas a souvent permis au juge de réunir de fortes présomptions, sinon des preuves formelles, contre des personnes soupçonnées. Enfin, les traces de morsures, constatées sur la victime et plus souvent sur le meurtrier, ont pu fournir des indications décisives et cela, en raison de certaines particularités de l'appareil dentaire.

Depuis les travaux relatifs aux curieuses propriétés des dessins digitaux, parmi lesquels il faut citer en première ligne les intéressantes recherches de Forgeot sur la révélation des traces digitales invisibles, cette partie de la science médico-legale a fait un pas de géant. Il n'est pas de semaine que la presse ne signale

« ÖncekiDevam »