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DEGORCE-CADOT, ÉDITEUR

70 BIS, RUE BONAPARTE, 70 BIS

EIENS

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Page 52, ligne 21, au lieu de : peuvent, lisez : ne peuvent.
Page 74, ligne 1, au lieu de : examiner, lisez discuter.

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Page 186, ligne 15, au lieu de
Page 208, ligne 22, au lieu de

:

lecteurs, lisez : auteurs.

pu, lisez : dû.
en, lisez et.

DU

CHRISTIANISME

CHAPITRE VIII

DE LA VALEUR HISTORIQUE DU NOUVEAU TESTAMENT

L'authenticité des évangiles une fois détruite, ces livres ne doivent plus être regardés comme l'œuvre de témoins des faits qui y sont rapportés, mais comme celle d'auteurs inconnus et sans autorité; ils perdent dès lors toute valeur historique et ne méritent aucune créance.

Supposons néanmoins cette authenticité établie, et voyons quelles seront, dans cette hypothèse, les conséquences à en tirer pour l'admission des récits évangéliques.

§ 1.

Du témoignage des auteurs du Nouveau Testament.

Les apologistes posent en principe que des faits doivent être réputés certains quand ils sont attestés par plusieurs témoins oculaires ou contemporains des événements qu'ils racontent et en position d'être bien informés, quand ces témoins sont dignes de foi et persistent dans leur déposition jusqu'à la sceller de leur sang, quand ces té

moins n'ont pu être trompés ni trompeurs, c'est-à-dire quand les faits sont de nature telle, que les témoins n'ont pu être dupes d'illusions et ont pu vérifier par le témoignage de leurs sens l'exactitude de ce qui se passait sous leurs yeux; enfin quand ils n'ont pu avoir aucun motif pour en imposer et qu'ils n'en eussent pas eu le pouvoir s'ils en eussent eu la volonté. Or, nous dit-on, toutes ces conditions se trouvent réunies pour prouver la vérité des faits évangéliques qui nous sont attestés par les huit auteurs du Nouveau Testament, savoir: Matthieu, Jean, Pierre, Jacques, Jude, Marc, Luc et Paul, dont les cinq premiers, étant disciples de Jésus-Christ, sont témoins oculaires, et dont les trois autres ont vécu à la même époque et ont été à même de recueillir les documents les plus sûrs et les plus complets.

Examinons d'abord quels sont ceux de ces auteurs auxquels on peut accorder le titre de témoins. Jacques et Jude, dans leurs épîtres, ne disent pas un mot de la vie de Jésus et ne font pas même d'allusion à ses actes leur témoignage est donc nul. Pierre parle, dans ses épîtres, de la mort de Jésus sur la croix et de sa résurrection ; mais il ne donne aucun détail sur ces deux événements et ne dit pas s'il en a été témoin ou s'il les a appris par ouï-dire; on ne peut donc invoquer sa déposition à ce sujet. Le seul fait dont il déclare avoir eu connaissance par lui-même, c'est que, pendant qu'il était avec Jésus sur la montagne sainte, une voix tombée du ciel fit entendre ces mots: Voici mon fils bien-aimé en qui je me suis complu, écoutez-le (II Ép., 1, 17, 18). Ce fait qui peut facilement, par une explication naturelle, perdre son caractère merveilleux, et qui alors n'a plus qu'une minime importance, est donc le seul sur lequel Pierre puisse être compté comme témoin; c'est donc encore un nom à retrancher de la liste.

Paul n'a pas connu Jésus-Christ; rien ne nous autorise à croire qu'il se soit livré à des investigations sérieuses pour connaître exactement sa vie; il déclare lui-même, au contraire, qu'il ne doit rien aux disciples immédiats de Jésus et qu'il ne doit à aucun homme la doctrine qu'il enseigne (Gal., 1, 11). Son passage subit du rôle de persécuteur à celui d'apôtre, l'exaltation qui se peint dans plusieurs parties de ses épîtres, le récit de son ravissement au troisième

ciel (II Cor., x1), celui de son séjour pendant un jour et une nuit au fond de la mer (id., x1, 25), tout nous autorise à le regarder comme un visionnaire à imagination ardente, fort disposé à accueillir sans examen le merveilleux, et peu propre à procéder à une enquête rigoureuse, comme devrait le faire un juge impartial qui ne cherche que la vérité. Ses écrits ne contiennent, du reste, sur la vie de Jésus, aucun autre récit détaillé que celui de la fondation de l'eucharistie; les seuls événements dont il parle en outre, sont le crucifiement et la résurrection, sur lesquels il ne donne aucun détail. Il résulte même de plusieurs passages (I Cor., XI, 23; xv, 8; Gal., 1, 12), que ce n'est point par des informations régulières, ni par des moyens humains, qu'il s'est instruit, mais par des visions miraculeuses qui peuvent très-bien ne s'être passées que dans son esprit, et qui auraient besoin d'être confirmées elles-mêmes par des témoignages solides pour pouvoir être produites comme autorité historique (1).

Luc, de l'aveu des apologistes, n'a pas connu Jésus : il en convient lui-même implicitement en disant (1, 2) qu'il a composé son récit d'après le rapport de ceux qui ont vu dès le commencement. La tradition porte qu'il était disciple de Paul et que c'est d'après les renseignements fournis par ce dernier, qu'il a écrit son évangile. En admettant l'exactitude de ce fait, ce que nous avons dit du maître s'applique à plus forte raison au disciple. Si le premier n'avait par lui-même aucune connaissance de la vie de Jésus et n'était pas dans les conditions convenables pour les acquérir, le second, outre les chances d'erreur auxquelles il s'exposait en suivant un guide mal informé, en a ajouté d'autres, en ce qu'il a pu ne pas reproduire fidèlement ce qui lui a été raconté, surtout si un intervalle un peu long s'est écoulé entre les discours de son maître et la composition de son livre. La renommée, dans sa marche, ayant pour habitude de tout grandir, des récits provenant de différentes sources, peutêtre fort suspectes, ont pu se joindre aux documents venus de Paul, et du mélange de tous ces éléments hétérogènes il a pu se former

(1) Nous discuterons plus loin en particulier son témoignage sur la résurrection (appendice au présent chapitre, § 4).

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