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en lumière, je n'eusse pas voulu oublier à en faire mention par mesme moyen, veu que luy aussi, au jugement des gens de bien, a acquis grand'louange en cest endroit par sa diligence et industrie. Or n'estoy-je pas encores venu à la fin du livre, que me voyci solicité par de nouvelles prières, que je ne permisse point que mes lectures lesquelles certains personnages avoyent recueillies proprement et fidèlement, non sans grand labeur, veinssent à estre perdues. De moy, je persiste en mon propos, promettant seulement ce que de long temps j'avoye eu en fantasie, asçavoir que j'y escriroye quelque chose en Langue françoise, afin que les gens de nostre nation ne fussent desprouveus d'aide, pour bien entendre un livre si utile en le lisant. Quand je veins commencer à y besongner, soudain contre ma première délibération il me veint je ne sçay comment en l'esprit de dresser en Latin, seulement comme par manière d'essay, l'exposition d'un Pseaume. Puis après quand je vey que la chose rencontroit selon mon désir beaucoup plus que je n'avoye espéré, le courage me veint ainsi je commence à essayer de faire de mesme en quelque peu d'autres Pseaumes. Ce qu'ayant apperceu mes familiers, comme me tenans par ce moyen obligé, prindrent plus grande hardiesse de me soliciter que je ne désistasse point. Il y eut une raison qui m'y feit condescendre, laquelle aussi m'avoit dès le commencement incité à faire ce premier essay, asçavoir que je doutoye que quelque jour contre mon vouloir, ou pour le moins sans mon sceu, ce qu'on avoit recueilly de mes leçons ne veinst à estre mis en lumière. Certes je puis bien dire que plustost ceste crainte m'a tiré à dresser l'ouvrage, que je n'y ay esté conduit de franche volonté. Ce pendant à la poursuyte et continuation j'ay cognu plus asseurément comment le labeur n'estoit point inutile: et mesmes j'ay senty par mon expérience

propre que j'apporteroye aux gens qui ne sont pas des plus exercitez une bonne aide pour entendre les Pseaumes. Au reste, il est difficile d'exprimer par paroles les grandes richesses et de diverses sortes qui sont contenues en ce thrésor: tant y a que je sçay bien que tout ce que j'en pourray dire n'approchera point de l'excellence de la chose. Mais pource qu'encores vaut-il mieux donner aux lecteurs quelque goust avant plus petit, de la merveilleuse utilité qu'ils en recevront, que du tout n'en dire mot, je pourray toucher en brief ce que la grandeur de la chose ne permet point de déduire parfaitement. J'ay accoustumé de nommer ce livre une anatomie de toutes les parties de l'âme, pource qu'il n'y a affection en l'homme laquelle ne soit yci représentée comme en un miroir. Mesmes, pour mieux dire, le Sainct Esprit a yci pourtrait au vif toutes les douleurs, tristesses, craintes, doutes, espérances, solicitudes, perplexitez, voire jusques aux esmotions confuses desquelles les esprits des hommes ont accoustumé d'estre agitez. Le reste de l'Escriture contient les enseignemens que Dieu a enjoinct à ses serviteurs de nous annoncer: mais yci les Prophètes, d'autant que parlans à Dieu ils descouvrent toutes les affections intérieures, appellent ou plustost tirent un chacun de nous à examiner soy-mesme, afin que rien de tant d'infirmitez auxquelles nous sommes sujets, et de tant de vices desquels nous sommes pleins, ne demeure caché. C'est certes un excellent et singulier proufit, quand toutes cachettes descouvertes, le cœur est produit en lumière bien purgé de ceste meschante infection d'hypocrisie. Brief, si l'invocation de Dieu est un des principaux appuis de nostre salut, comme ainsi soit qu'on ne peut prendre meilleure ne plus certaine reigle d'icelle ailleurs qu'en ce livre, selon qu'un homme aura bien proufité en la cognoissance d'iceluy, il a aussi comprins la plus

grand'part de la doctrine céleste. La vraye prière et vive procède premièrement d'un sentiment de nostre nécessité, puis après d'une asseurance certaine de la promesse. Or estil ainsi qu'en ce livre les hommes seront fort bien resveillez à sentir leurs maux, et quant et quant advertis de chercher les remèdes. En somme tout ce qui peut servir à nous accourager quand il est question de prier Dieu, nous est enseigné en ce livre. Et non-seulement on y voit les promesses, mais souventesfois entre le conviement de Dieu et les empeschemens de la chair, nous est proposée la personne qui se prépare et efforce à prier, afin que si quelques fois nous nous trouvons agitez de diverses doutes, nous apprenions de résister et combatre, jusques à ce que l'esprit estant libre et desveloppé de tous ces empeschemens, s'eslève à Dieu. Et non seulement cela, mais aussi qu'au milieu des esbranslemens, craintes et tremblemens, nous nous efforcions toutesfois à prier, jusqu'à ce que nous sentions quelque allégement qui nous appaise et contente. Car jà soit que desfiance ferme la porte à nos prières, sçachons toutesfois qu'il n'est pas question de nous laisser surmonter et abatre toutes fois et quantes que nos cœurs sont vacillans ou agitez d'inquiétude, mais faut nous esvertuer jusques à ce que la foy viene finalement à sortir hors de ces combats victorieuse. Et de faict, en plusieurs endroicts on peut appercevoir les serviteurs de Dieu tellement flottans en faisant leurs prières, que de deux coups l'un estans quasi accablez ils emportent toutesfois le pris en s'efforçant à bon escient. Là d'un costé se monstre l'infirmité de la chair, de l'autre aussi se desploye la vertu de la foy, sinon tant vaillante et courageuse qu'il seroit à désirer, pour le moins preste à combatre jusques à ce que petit à petit elle viene à avoir une force accomplie. Toutes fois pource qu'on trouvera en tout le livre par-ci par-là les

choses propres pour enseigner la vraye manière de bien prier, je ne m'amuseray point maintenant à traitter les choses qu'il faudra puis après répéter, de peur d'arrester les lecteurs, et les retarder qu'ils ne passent outre. Seulement j'ay pensé qu'il estoit besoin de monstrer en passant, que ce livre nous apporte un bien qui est souhaitable sur tous autres, c'est que non-seulement nous avons accès familier à Dieu, mais aussi qu'il nous est permis et libre de desployer devant Dieu nos infirmitez, lesquelles nous avons honte de déclairer devant les hommes. Au reste, pour offrir deuëment à Dieu le sacrifice de louange, lequel (comme il déclare) luy est fort agréable et de très-bonne odeur, la reigle infaillible nous en est yci prescrite. Il n'y a livre où on trouve de plus expresses et magnifiques louanges, tant de la singulière libéralité de Dieu envers son Eglise que de toutes ses œuvres : il n'y a livre auquel soyent récitées tant de délivrances, n'y auquel les tesmoignages et expériences de sa providence et solicitude paternelle envers nous, soyent si richement exaltez et d'une façon si authentique. Brief, il n'y a livre auquel plus parfaitement nous soit enseignée la manière de louer Dieu, ou auquel nous soyons plus vivement solicitez à cest exercice de piété. D'avantage, jà soit que ce livre soit plein de tous enseignemens qui peuvent servir pour réformer nostre vie à toute saincteté, droicture et justice, principalement toutesfois il nous enseignera et duira à porter la croix, qui est une vraye espreuve de nostre obéissance, asçavoir d'autant que renonçans à nos propres affections, nous nous soumettons entièrement à Dieu, et le laissons tellement nous gouverner et disposer nostre vie, que les misères qui sont les plus rudes et amères à nostre nature, nous deviendent douces, d'autant qu'elles procèdent de luy. Pour le dernier, non-seulement nous y trouverons les louanges générales de

la bonté de Dieu, lesquelles enseignent aux hommes de se reposer en luy seul, et y prendre tout leur contentement, afin que les fidèles de tout leur cœur attendent de luy en toutes leurs nécessitez un secours assuré: mais nous trouverons aussi que la rémission gratuite des péchez, laquelle seule appaise Dieu envers nous, et nous acquiert tranquillité de conscience devant luy, y est tellement preschée et magnifiée, que nous ne pouvons pas dire que rien y défale de ce qui concerne la science du salut éternel. Au reste, si les lecteurs vienent à sentir quelque fruit et profit du labeur que j'ay prins à escrire ces Commentaires, je veux bien qu'ils sçachent que l'expérience que j'ay euë par les combats esquels le Seigneur m'a exercé, encore qu'elle n'ait pas esté des plus grandes m'y a toutesfois grandement servy: non-seulement à ce que je peusse déduire comment il faut prattiquer et mettre en usage toute la doctrine qu'on en pouvoit recueillir, mais aussi à ce que j'eusse plus grande ouverture à comprendre l'intention de chacun de ceux qui ont composé les Pseaumes. Et pource qu'entre tous ceux-là David est le principal, ce qui m'a beaucoup servy pour entendre plus à plein les complaintes qu'il fait des afflictions que l'Eglise a à soustenir au dedans de soy, et par ceux-mesmes qui se disent en estre membres, c'est que j'ay souffert les mesmes choses ou semblables des ennemis domestiques de l'Eglise. Car combien que j'ensuyve David de bien loing, et qu'il s'en fale beaucoup que je soye à accomparer à luy: ou pour mieux dire, combien qu'en aspirant lentement et avec grande difficulté à tant de vertus qui ont esté excellentes en luy, je me sente encores entaché des vices contraires, toutesfois si j'ay quelques choses de commun avec luy, je suis content de les considérer et faire quelque comparaison de l'un à l'autre. Ainsi doncques, jà soit qu'en lisant les tesmoignages de sa

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