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auprès desquelles il a été, entre les mains du Seigneur, un si persévérant, si énergique et si fidèle ouvrier? Tandis que ses mérites littéraires et les immenses services qu'il a rendus, sans presque s'en douter, à la langue française, sont de jour en jour mieux appréciés par des hommes qui ont pourtant toute sorte de raisons pour lui être peu sympathiques, n'est-il pas triste que sa valeur comme

1 Car aussi estoit-il (Calvin) homme bien escrivant, tant en latin qu'en françoys, et auquel notre langue françoyse est grandement redevable pour l'avoir enrichie d'une infinité de beaux traits.

ESTIENNE PASQUIER: Recherches de la France.

Calvin, Rabelais, Amyot, Montaigne, sont les quatre grands prosateurs du XVIe siècle. SAINTE-BEUVE: Causeries, III, 2.

Le style de Calvin est un des grands styles du seizième siècle: simple, correct, élégant, clair, ingénieux, animé, varié de formes et de sons, il a commencé à fixer la langue française pour la prose, comme celui de Clément Marot l'avait fait pour les vers. Ce style est moins savant, moins travaillé, moins ouvragé, pour ainsi dire, que le style de Rabelais; mais il est plus prompt, plus souple et plus habile à exprimer toutes les nuances de la pensée et du sentiment; il est moins naïf, moins agréable et moins riche que celui d'Amyot, mais il est plus incisif, plus imposant et plus grammatical; il est moins capricieux, moins coloré et moins attachant que celui de Montaigne, mais il est plus concis, plus grave et plus français, si l'on peut reprocher à l'auteur des Essais d'écrire quelquefois à la gasconne.

Bibliophile JACOB (Paul Lacroix): Avertissement aux œuvres fr. de Calvin, Paris, 1842.

Calvin traite en grand écrivain toutes les questions de la philosophie chrétienne, la conscience, la liberté chrétienne, la Providence divine, les traditions humaines, le renoncement à soi. Il égale les plus sublimes dans ses grandes pensées sur Dieu, dont l'expression a été soutenue, mais non surpassée, par Bossuet....

La nouveauté de la langue, dans Calvin, suit naturellement la

théologien, son caractère religieux, les grands traits de son œuvre, demeurent obscurcis aux yeux de beaucoup de réformés, et obscurcis par l'ignorance, par des préjugés, plus encore que par une hostilité raisonnée ou par des convictions basées sur les faits? Il importe à la vérité, à la cause de l'Evangile, à l'honneur de nos Eglises que ces obscurités soient dissipées; il importe que les chrétiens réformés fassent de nouveau connaissance avec l'homme qui a imprimé, pour long-temps, le sceau de sa pensée et de sa foi sur le développement religieux d'où nous sommes sortis et auquel nous nous rattachons.

Mais comment remettre en lumière cette individualité si originale, cette activité si étendue et si variée? Comment exposer d'une manière simple et sûre la vie, les

nouveauté de la matière et de la méthode. Le même art de composition qui, dans l'exposition de la doctrine, range les choses dans leur ordre et leur proportion, se fait voir dans le langage, par la suite, la gradation, l'exactitude des expressions, qui, pour le plus grand nombre, sont définitives....

Calvin ne perfectionna pas seulement, en l'enrichissant, la langue générale; il créa une langue particulière,... la langue de la polémique. C'est ce style de la discussion sérieuse, plus nerveux que coloré, qui a plus de mouvement que d'images, son objet n'étant point de plaire, mais de convaincre... Calvin en donna le premier modèle.

D. NISARD: Hist. de la littér. franç., Paris, 1863. I, p. 280, 284, 285. On consultera avec fruit, sur cette face du sujet, le remarquable et consciencieux travail de M. Sayous: Etudes littéraires sur les écrivains français de la Réformation, 2° édit., Paris, 1854; ainsi que des articles de Vinet sur cet ouvrage, recueillis dans ses Études sur la littérature française au XIXe siècle.

travaux, et avant tout, le caractère, les sentiments, la foi de ce serviteur de Christ? Par des biographies, par des études historiques et théologiques? Oui sans doute; et on l'a commencé. Quoique, à cet égard, nous soyons loin encore de ce qu'a produit la savante Allemagne, cependant quelques travaux ont déjà paru parmi nous, ont porté la lumière sur bien des points ignorés, combattu bien des erreurs, appelé l'attention de plusieurs sur la grande figure de Calvin. Mais il est une voie plus directe, plus certaine, et, croyons-nous, plus attrayante parce qu'elle tient de plus près à la vérité et à la vie, c'est de montrer l'homme lui-même, c'est d'invoquer sur ce qu'a été, sur ce qu'a voulu Calvin, le témoignage non pas des autres, non pas de ses contemporains, amis ou ennemis, non pas de l'histoire, mais de Calvin; c'est de l'introduire, lui, en personne, auprès des lecteurs, de l'interroger et de le laisser parler.

Cette méthode, nous le reconnaissons, ne saurait être complète et définitive: nul n'a le droit d'être jugé uniquement d'après son propre témoignage; ce qu'un homme déclare ou laisse voir sur lui-même demande nécessairement à être contrôlé. Mais rien, pour l'intelligence d'un caractère et d'une vie, ne remplacera jamais cette première vue, prise de l'intérieur, pour ainsi dire, plutôt que de l'extérieur, cette conversation intime où l'interlocuteur attentif peut apprendre tant de choses, et les

apprendre comme on apprend le mieux, par le cœur et l'intuition.

C'est là ce que nous nous sommes proposé. Recueillir les confidences pleines de candeur et de sévère retenue, que le réformateur laisse parfois échapper sur sa vie, sur ses relations, sur les faits contemporains; présenter quelques exemples de sa méthode d'explication des Ecritures, quelques fragments propres à faire connaître ces commentaires à la fois populaires et profonds, toujours clairs, pénétrant dans l'esprit même du livre qu'ils exposent et y faisant pénétrer le lecteur; offrir, par des citations étendues, les principaux traits, les points saillants de sa dogmatique ; - choisir enfin quelques discours ou parties de discours, pour donner une idée de cette parole ferme et vibrante qui, de Genève, prolongeait au loin ses échos et exerçait une influence si forte sur les Eglises, troupeaux et conducteurs, grands et petits; — tel a été notre plan.

Un mot sur la manière dont nous nous sommes acquittés de la partie matérielle de notre tâche, de ce qui concerne le texte même des morceaux que nous publions.

Nous avons fidèlement reproduit ces textes, d'après les manuscrits ou les éditions du XVIe siècle, sans aucun changement de style, et sans autres modifications d'orthographe que les améliorations survenues, dès lors, dans

1 V. l'indicateur des éditions: p. 449.

les types, et qu'il faut adopter quand on veut donner une simple réimpression, et non un fac-simile. Nous avons rétabli les accents, mais laissé intacte la ponctuation, sauf l'introduction de quelques alinéas.

Il est certain que l'adoption de l'orthographe moderne aurait facilité aux personnes peu habituées à l'ancienne littérature la lecture de ce volume et l'édification qui en peut résulter. Mais, après sérieux examen, nous avons reconnu qu'il est impossible de toucher à l'orthographe sans toucher plus ou moins au style; or, toucher au style, c'est toucher à la pensée. Une autre considération nous a encore retenus. Modifier le style ou seulement l'orthographe de l'auteur que nous reproduisons, c'était ôter à notre volume toute valeur littéraire; et il nous a semblé qu'il devait en avoir une, et qu'il était bon, à plus d'un égard, qu'il la conservât. Calvin ne mérite-t-il pas, d'ailleurs, que ses lecteurs se donnent la peine de s'habituer à son langage? Il n'y a pas de bien grands efforts à faire pour en venir à bout, et nous osons promettre à ceux qui les feront, qu'ils en seront largement récompensés non-seulement la difficulté qui les effraie, au premier abord, disparaîtra promptement, mais encore ils trouveront bientôt à ce style antique et vigoureux une saveur vivifiante et un attrait particulier 1.

1 Si les locutions tombées en désuétude arrêtent ou embarrassent, on pourra consulter le Glossaire publié par les éditeurs de la

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