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quentes dans le prix des fonds publics, ne 1789. subsistera lorsque les rapports entre les revenus et les dépenses de l'état seront universellement et constamment connus, et lorsque ces rapports devenus invariables chacun pourra se faire une idée juste de la valeur et de la sûreté de la dette publique. C'est alors qu'insensiblement il s'établira une opinion inébranlable, contre laquelle les fausses insinuations des agioteurs deviendront impuis

santes.

» Vous verrez encore, messieurs, en étudiant la question des fonds publics, qu'ils sont divisés en un trop grand nombre de dénominations, et que la somme de ceux payables au porteur est trop considérable : il y aurait de la convenance à en réunir une grande partie sous un seul titre, et à les con vertir dans un papier facilement négociable, mais qui ne fût pas au porteur. Cependant comme les changemens de ce genre peuvent pendant un temps influer désavantageusement sur le prix des fonds, vous croirez peut-être plus convenable de renvoyer cette disposition à l'époque où les fonds publics, portant cinq pour cent d'intérêt, se vendraient au pair; et il dépend de la sagesse de vos mesures, qu'une telle époque ne soit pas éloignée.

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1789. » VI. L'examen du parti que l'on peut tirer des domaines de la couronne, et le choix des dispositions qu'il serait juste d'adopter à l'égard des domaines engagés, seront encore un objet digne de la plus sérieuse considération. Les domaines réels qui restent entre les mains du roi, si l'on en excepte les forêts, se montent aujourd'hui à une somme très-modique : leur produit annuel se réduit à environ seize cent mille livres, et la majeure partie est située en Lorraine.

» On vous fera connaître ces domaines en détail, et l'on mettra sous vos yeux les divers moyens qu'on propose pour les rendre plus utiles. Vous voyez, messieurs, que le roi, en s'occupant des intérêts de l'état, ne distingue point les revenus particuliers de ses domaines, de ceux qui dérivent des contributions publiques. Le roi ne veut connaître, le roi ne veut aimer qu'un seul de ses titres, celui de père et de protecteur de ses peuples.

» Vous étendrez, messieurs, vos réflexions sur le produit et l'administration des forêts, et si vous pensez que cette partie des revenus du roi doit être soignée partiellement, vous approuverez probablement l'intention où est sa majesté de se concerter avec les états particuliers de chaque province, pour s'aider de

leurs lumières et de leur surveillance, et 1789. pour lier de quelque manière l'intérêt de ces provinces à l'accroissement des produits de la partie des forêts du roi située dans leur arrondissement.

» La question générale des domaines en gagée, la détermination des principes qu'il est nécessaire d'adopter à cet égard, présentera peut-être le sujet de discussion le plus difficile. On vous remettra, messieurs, les divers arrêts du conseil rendus sur cette matière; on vous instruira des dispositions qui ont été faites en conséquence : les unes ont eu un commencement de succès; les autres ont été contrariées dès l'origine. Vous examinerez cette importante affaire, et votre opinion aura du moins le grand avantage d'affermir une fois pour toutes la marche de l'administration, ou de l'engager à cesser des recherches dont les résultats ont été si souvent et si vainement présentés comme une ressource indéfinie. On reproche au gouvernement d'y renoncer, quand il ne fait pas valoir les principes rigoureux du domaine; on lui reproche sa sévérité quand il exerce ces mêmes droits; et, au milieu de beaucoup d'exagérations, de beaucoup de critiques in

1789. justes, la marche de l'administration devient incertaine et timide.

» Vous pourriez, messieurs, fixer pour toujours ces doutes, et le roi écoutera vos conseils avec la confiance due à la réunion de vos lumières, et à la garantie du vœu national, que vous seuls pouvez donner légiti

mement.

» VII. La grande question du commerce des grains attirera sûrement vos plus sérieuses réflexions. Fut-il jamais de circonstances où cette question se soit présentée sous un aspect plus grave et plus important! Nous avons vu dans le cours de cette année la liberté la plus indéfinie rendue légale ; nous avons vu cette liberté encensée de toutes parts, et, peu de temps après, la prévoyance de sa majesté l'a déterminée à défendre l'exportation; prévoyance salutaire et sans laquelle on ne peut déterminer quel eût été l'excès de nos malheurs. Elle n'a pas suffi sans doute pour prévenir la cherté des grains, pour calmer les alarmes, pour arrêter les murmures du peuple, et pour le défendre en beaucoup d'endroits des angoisses inséparables de la disette. Cependant sa majesté ne s'en est pas fiée aux efforts des négocians et à

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la protection incertaine de l'intérêt particu- 1789. lier : chacun malheureusement, chacun fuit, le commerce des grains lorsque les hauts prix amènent le trouble et la défiance. Le roi a donné des primes d'encouragement; le roi a obtenu des permissions pour extraire des blés de Sardaigne, de Sicile et des états du pape; le roi a fait venir, à ses frais et à ses risques, une quantité considérable de grains et de farine: et si, à force de soins et de secours, sa majesté a pu suffire jusqu'à présent aux besoins les plus pressans, besoins géné raux cette année dans son royaume, elle n'a pu se préserver des plus grandes inquiétudes. Ces inquiétudes se sont mêlées aux difficultés sans nombre de la convocation des états-généraux; elles se sont mêlées aux embarras journaliers du trésor royal; enfin elles se sont réunies aux ménagemens sans fin qu'exigeaient les circonstances. Jamais année n'a multiplié tant de traverses, et n'a semé tant d'obstacles sur la route de l'administration. On parle d'honneur, on parle de gloire, pour vous encourager et vous soutenir. Ah! dans de certaines crises et au milieu de ses travaux et de ses peines, le sentiment de la part des autres, dont un ministre a le plus de besoin, c'est de compassion et de pitié. Cepen-,

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