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ses exemptions, devenues, comme celles des 1787. nobles, sans motifs et sans justice, n'auraitil pas été possible, sans de grands dangers, de le réduire à souffrir l'exécution de la loi dans la partie qui le concernait? Il ne pouvait lutter, à ce sujet, contre l'autorité royale, sans lutter en même temps contre les principes les plus révérés de la religion. Les armes qu'elle met en ses mains eussent donc tourné contre lui-même, s'il avait eu l'impudeur et la témérité de vouloir s'en servir.

Restait enfin les parlemens qui pouvaient refuser d'enregistrer la loi ;.mais l'on sait que l'on pouvait aussi forcer cet enregistrement au moyen d'un lit de justice; ensuite de cela, quelles entreprises les parlemens auraient-ils osé faire contre l'exécution de la loi, que le gouvernement n'eût pu réprimer comme des actes ordinaires de rebellion? Quelques exemples eussent suffi pour empêcher ces entreprises de devenir dangereuses et de se renouveler. Les parlemens eussent-ils levé des armées contre le roi? Quels roturiers auraient pris les armes pour obtenir qu'eux seuls payassent les impôts, à l'exclusion du clergé et de la noblesse? Mais encore une fois, pour réussir dans l'opération que voulait faire l'archevêque de Toulouse, il fallait de la

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1787. grandeur, de la conduite, et une vigueur soutenne; il fallait avoir le courage de dire sans détour ce que l'on prétendait, de le dire ; d'une manière honorable et claire pour tout le monde, et l'entreprendre ensuite avec habileté et avec une résolution ferme de ne point retourner en arrière, quelques obsta- cles que l'on rencontrât : il n'était point d'obstacles qui pussent tenir contre les moyens que l'on avait, si l'on savait les employer. Mais c'est ici précisément que l'archevêque de Toulouse manqua entièrement, et prouva que l'inspiration qui fait concevoir les grands desseins, ne suppose pas toujours le génie et ! l'énergie nécessaires pour les accomplir.

Il commença par produire un édit qui permettait la libre exportation des grains et des farines. Cet édit fut enregistré sans difficulté ; mais s'il favorisait les spéculations de quelques individus, il pouvait inquiéter le reste de la nation, relativement à ses subsistances. Puis il présenta l'édit du timbre, dont quelques dispositions pouvaient gêner singulièrement le commerce. L'édit du timbre enregistré, le parlement n'eût pu refuser d'accepter la subvention territoriale qui devait venir ensuite, sans se démasquer maladroitement et éloigner de lui le peuple, en lui

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faisant voir que les membres du parlement 1787. n'étaient mus dans les actes de leur autorité, que par leurs intérêts personnels. Mais cette finesse, indigne d'un ministre, et faite au moyen d'une loi propre à le dépopulariser, était facile à deviner et à déjouer. Le parle, ment de Paris, dont l'exemple entraînait ordinairement tous les autres, prévoyant et voulant parer le coup qu'on cherchait à lui porter, demanda, avant de procéder à l'enregistrement de l'impôt du timbre, qu'on lui communiquât les tableaux comparatifs de recette et de dépense; et cette communication lui ayant été refusée, il rejeta l'impôt

du timbre.

Le ministre, en voulant jouer le parlement, lui avait ainsi donné beau jeu, et se plaçait lui-même dans la position la plus triste. Il venait de se mettre le peuple à dos par l'impôt du timbre, et il allait s'aliéner la noblesse et le clergé, en produisant la subvention territoriale. Tout le monde allait donc, à ce propos, se trouver réuni d'inté rêt contre le gouvernement, et le parlement avait encore cet avantage particulier, que la subvention territoriale, qu'il était de son intérêt personnel de repousser, ne semblerait désormais au peuple qu'une espèce de ven

1787.

7. geance dirigée contre les parlementaires, à propos du refus qu'ils avaient fait d'enregistrer l'impôt du timbre.

Aussi le parlement se conduisit-il, dans cette occasion, avec toute la hauteur imaginable. Soutenu publiquement par le peuple, et secrètement par un un grand personnage qui répandait l'or à pleines mains, il déclara, à propos des deux édits si maladroitement preduits l'un après l'autre, que le droit d'asseoir de nouveaux impóts, n'appartenant incontesta» blement qu'aux états-généraux, il se reconnaissait incompétent pour les enregistremens de cette nature. De cette manière il n'eut même pas à refuser positivement d'enregistrer la subvention territoriale, et il sauva sa popularité de cet écueil. Tous les désordres de la fronde parurent prêts à se renouveler dans cette occasion: une multitude innombrable entourait le palais pendant ses délibérations; elle encourageait les parlementaires à la résistance, et leur promettait l'impunité. Des couronnes de chêne étaient offertes aux plus audacieux, quand ils sortaient ou qu'ils entraient, et il en fut même quelques-uns que l'on porta en triomphe de leurs voitures à la porte de la grand'chambre.

Il n'y avait plus qu'un lit de justice qui

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pût mettre fin à ces débats dangereux. Il se 1787. tint le 6 août : l'édit du timbre et celui de l'impôt territorial y furent enregistrés, suivant la formule observée dans ces sortes d'occasions, par exprès commandement du roi. Cette grande cérémonie, dans laquelle il n'était pas permis de délibérer, une fois terminée, le parlement de Paris fit des protestations elles furent cassées par un arrêt du conseil. Le parlement persistant dans sa rebellion, renouvela avec les autres parlemens de France, les actes d'association dont il s'était servi plusieurs fois depuis le ministère du cardinal Mazarin. La cour apprit en même temps qu'une conspiration se liait à cette opiniâtreté condamnable. Depuis que l'impéritie et l'imprudence des ministres avaient accoutumé l'universalité des Français à s'occuper de politique et d'affaires d'état, il s'était formé en France des clubs à l'instar de ceux que les Anglais ont dans leur île. Un de ces clubs, probablement le régulateur de tous les autres, tenait ses séances au Palais-Royal', sous la protection du duc d'Orléans, qui, mécontent du roi parce qu'il n'avait point accueilli certains de ses projets, paraît avoir été chez nous l'âme de ces foyers de désordres et de révolutions (note 7.). Un grand

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