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On peut dire que ce ministère perdit la 1788. monarchie en donnant entre autres la mesure de ce que permettrait d'entreprendre le caractère irrésolu de Louis XVI. Point de rôle plus ridicule et plus dangereux que celui que lui assigna M. de Brienne, en le plaçant plusieurs fois vis-à-vis des parlemens, dans une attitude menaçante qu'il ne sut point lui faire garder. En politique, de telles fautes préparent la chute d'un trône, et la rendent presqu'inévitable. Après cela, il ne manquait plus à M. de Brienne, pour consom. mer la ruine de son souverain, que de convoquer les états-généraux, en leur donnant pour conseillers tout ce qui se croyait alors en état de tenir la plume et de régenter les gouvernemens, et enfin d'exhorter Louis XVI à prendre M. Necker pour ministre, au mo ment de la tenue de ces états-généraux. Un ennemi du roi, acharné à sa perte, n'au rait pas suivi une autre route pour y par venir. La France et son monarque perdirent tout au ministère de M. de Brienne : lui y gagna l'archevêché de Sens et le chapeau de cardinal; c'était obtenir pour mal faire, ce qui semblerait devoir être la récompense de toute perfection.

Le départ du cardinal fut célébré à Paris,

1788.

par la multitude, comme un des événemens les plus heureux qui pussent arriver. Les factieux ne l'aimaient pas; il leur avait ce-: pendant rendu, sans le vouloir, des services inappréciables. Un soir on brûla en pompe, dans la place Dauphine, un mannequin décoré des attributs de l'épiscopat. Il représentait le prélat ex-ministre. On voulut renouveler, le lendemain, cette farce indécente. Un détachement considérable de la garde de Paris fut placé sur le Pont-Neuf, avec ordre de ne laisser entrer à la place Dauphine que les personnes qui y logeaient. Le peuple attaqua ce détachement, qui fut obligé de se servir de ses armes pour conserver son poste. L'émeute continua et se répandit dans tous les quartiers de la ville. Les mutins insultaient et maltraitaient les soldats du guet qui passaient en uniforme dans les rues. Des pelottons de fantassins et de cavaliers furent désarmés; on brûla quelques guérites. Ceux qui commettaient ces excès affectaient de pousser en même temps les cris de vive Henri IV! Vivent les gardes françaises! Vivent les gardes suisses! Ces cris n'avaient pu être inventés par la multitude; ils lui avaient sans doute été suggérés par des personnages plus réflé chis qu'elle, qui voulaient affaiblir par-là

l'odieux de la révolte, et surtout tâcher de 1788. rendre nul le secours que, pour la faire cesser, le gouvernement devait attendre nécessairement du régiment des gardes françaises et du régiment des gardes suisses. Celá ne réussit cependant pas cette fois. M. de Lamoignon ayant remis les sceaux, la populace, après l'avoir brûlé en effigie comme elle avait fait du cardinal de Brienne, voulut aller mettre le feu aux hôtels de ces deux ministres. Elle culbuta d'abord la garde de Paris, qui avait marché à sa rencontre, et incendia même ceux de ses corps-de-garde qui se trouvaient sur sa route, toujours aux cris de vive Henri IV! vivent les gardes françaises! Mais cette troupe, alors fidèle, étant accou rue, chargea les mutins sans pitié, et les dissipa entièrement. Ils ne furent pas plus heureux rue Mêlée, sous les fenêtres de l'appartement du commandant de la garde de Paris, où ils laissèrent même un assez grand nombre des leurs sur la place (note 9.).

Ils paraissaient compter sur le parlement: effectivement M. Necker, qui était rentré au ministère, ayant rendu à cette compagnie l'intégrité de ses fonctions, le premier usage qu'elle en fit, fut pour mander le lieu

1788. tenant de police et le commandant du guet, afin que, chambres assemblées, ils rendissent compte de la conduite qu'ils avaient te nue pendant les émeutes. Elle ajourna aussi le maréchal de Biron, colonel du régiment des gardes françaises, et qui remplissait la place de commandant de Paris. Cette étrange entreprise fut même accompagnée d'un ordre donné au procureur général, d'informer contre les auteurs des vexations commises envers les citoyens. Le parlement eut encore l'impu deur de demander au roi, que les individus emprisonnés ou exilés à l'occasion des der niers troubles, fussent mis en liberté. Mais un tel acte de déraison n'eut point de suites; ces magistrats, mis en considération par lä réponse pleine de fermeté que leur fit le roi, et par la fidélité que montrèrent ceux de officiers qu'ils avaient cités comparaître, réfléchissant peut-être aussi aux conséquences que pourrait avoir pour la capitale, où ils avaient tous des hôtels fort riches, cette praz tection accordée à des gens sans aveu, qui couraient les rues la torche à la main, ne tardèrent point à rendre un arrêt contre les attroupemens. Si ce jour fit perdre au parle ment sa popularité, il rassura pour quelque

ses

temps ceux des habitans de Paris, qui', pos- 1788. sédant quelque chose, avaient tout à craindre des émeutes.

Une des circonstances les plus singulières de la révolte, avait été la réunion de grou pes nombreux d'hommes vêtus de haillons qui se plaçaient devant la statue équestre de Henri IV sur le Pont-Neuf, et forçaient les passans à saluer ce grand roi, dont la re, doutable épée avait si bien sa faire rentrer les rebelles dans le devoir; ce qui prouve que les chefs des mutins avaient quelque dessein secret, se rapportant peut-être à ce prince, qu'on a regardé comme un des auteurs de la révolution, et que ses partisans affectaient de comparer à Henri IV, auquel il ne ressemblait véritablement que par un penchant excessif aux plaisirs de l'amour, dégénéré chez lui en libertinage. Il serait possible, en effet, que cette action singulière de la multitude en état de rebellion, fût déjà, à cette époque, un signal auquel devait se montrer ce personnage trop célèbre, qui, mettant sans cesse des complots et des conspirateurs en mouvement, leur manqua toujours au moment décisif.

On s'occupait à la cour de la tenue des états-généraux que le roi avait convoqués

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