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venaient d'arriver, l'ordre de l'enlever. Il commença donc par se mettre en mesure d'opposer une forte résistance, et il écrivit aux municipalités voisines : Vite, vite, vite, partez avec des armes et des canons; envoyez de la garde nationale. Le roi est ici avec sa famille; vite, vite. De son côté, Drouet avait fait sonner le tocsin et crier au feu, pour mettre sur pied toute la population, qui arriva en armes autour de la maison du procureur-syndic. Choiseul et Goguelas donnent aux hussards l'ordre d'enlever le roi, mais Drouet s'écrie que s'ils persistent, ils ne l'auront que mort. Les premiers insistant, il les fait coucher en joue, et s'écrie d'une voix retentissante: Canonniers, à vos rangs!... Il y avait en effet deux vieux canons à l'extrémité de la rue, mais ils n'étaient pas chargés. Les hussards restèrent immobiles.

Cependant les messages de Sausse, le tocsin qui retentissait aussi dans les communes environnantes, avaient fait lever tous les gardes nationaux, qui arrivaient en foule, armés de fusils ou de fourches. L'aurore paraissait. Sausse, qui sortait de temps en temps, sur les prières du roi, soi-disant pour apaiser le tumulte, mais réellement pour savoir si les gardes nationaux étaient arrivés, voyant qu'il n'avait plus besoin de dissimuler, dit à Louis: Sire, il est temps de retourner à Paris.

A ces mots foudroyants, le roi et la reine embrassent le procureur-syndic, sa femme, ses enfants et tombent

à leurs genoux, en les conjurant de les laisser continuer leur voyage. « Je suis votre roi, lui dit-il; placé » dans la capitale au milieu des poignards et des baïon» nettes, je viens chercher en province, au milieu de » mes fidèles sujets, la liberté et la paix dont vous jouis» sez tous. Je ne puis plus rester à Paris, sans y mou» rir, ma famille et moi. Oui, mon ami, c'est ton roi » qui est en ton pouvoir, c'est ton roi qui t'implore; » veux-tu le trahir, le livrer à ses plus cruels ennemis? » Ah! sauve-moi; je me mets sous ta protection; » sauve ma femme, mes enfants, accompagne-nous, » guide-nous. Je te promets une fortune immense, à >> toi et aux tiens. J'élèverai ta ville au-dessus de » toutes les villes du royaume: Tiens, tiens... » Et il fouillait dans toutes ses poches, et lui présentait une bourse et des portefeuilles remplis d'assignats.

Sausse, inexorable, répondit : « Sire, ce que vous » me demandez est impossible; j'ai deux choses pré» cieuses à conserver, la vie et l'honneur; disposez de » ma vie, elle est à vous; mais n'espérez pas obtenir » de moi rien qui soit contraire aux devoirs de l'hon» neur. J'ai juré d'être fidèle à la nation, à la loi et à >> vous; je vous trahirais également tous trois, en » cédant à vos demandes; je trahirais la Constitution » que vous avez promis de défendre, je manquerais » aux décrets que vous avez vous-même sanctionnés. » En ce moment Romeuf arrive, et présente le décret qui ordonne l'arrestation du fugitif. Le roi le lit et le

jette par terre avec colère. On amène les voitures, on le presse, et enfin on lui fait reprendre la route de Paris, au milieu de dix mille gardes nationaux. Choiseul avait envoyé à Bouillé, qui se trouvait à Stenay, l'avis de venir immédiatement délivrer le roi. Le général partit aussitôt avec le régiment de Royal-Allemand, auquel il avait distribué beaucoup d'or et fait les plus belles promesses. Mais, quand il arriva près de Varennes, il vit tous les passages barricadés, et apprit que le roi était déjà loin de la ville. Les chevaux du régiment, trop fatigués par cette course rapide, ne pouvaient avancer davantage; Bouillé furieux, désespéré, retourna à Stenay.

La commune de Varennes avait dépêché un courrier à l'Assemblée nationale, qui décréta que LatourMaubourg, Pétion et Barnave se rendraient immédiatement près la personne du roi, afin de veiller au maintien du respect qui lui était dû, et d'assurer son retour à Paris. Puis elle suspendit indéfiniment les assemblées électorales, et rendit, sur la proposition de Thouret, le décret suivant :

<< 1° Aussitôt que le roi sera arrivé au château des Tuileries, il lui sera donné provisoirement une garde qui, sous les ordres du commandant-général, veillera à sa sûreté et répondra de sa personne.

» 2° Il sera provisoirement donné à l'héritier présomptif de la couronne une garde particulière, sous les ordres du commandant-général, et il lui sera

nommé un gouverneur par l'Assemblée nationale. » 3° Tous ceux qui ont accompagné la famille royale seront mis en état d'arrestation et interrogés. Le roi et la reine seront entendus dans leur déclaration; le tout sans délai, pour être pris ensuite, par l'Assemblée nationale, les résolutions qui seront jugées nécessaires 1. »

XI. Le voyage du roi s'accomplit tranquillement, au milieu d'un peuple innombrable, qui faisait entendre les seuls cris de Vive la nation! Les aristocrates à la lanterne ! La famille royale coucha à Châlons, ville peuplée de rentiers, de gentilshommes et de bourgeois. Les dames lui présentèrent des fleurs, et lui offrirent un magnifique souper, pendant lequel le public circula autour des tables, comme dans les anciennes cérémonies. Mais le lendemain, dès l'aurore, les paysans revinrent dans la ville avec les ouvriers de Reims, qui, se doutant que les habitants de Châlons voulaient favoriser l'évasion du roi, chargèrent leurs fusils, et exigèrent qu'il se remît immédiatement en route pour Paris.

1 Ce décret fut exécuté, à l'exception de l'article portant que l'Assemblée nommerait un gouverneur au dauphin. Le scrutin eut bien lieu, mais il en sortit des noms si singuliers que l'Assemblée ajourna indéfiniment. Ainsi il y eut des voix pour Condorcet, le prince de Conti, Héraut-Séchelles, Necker, et pour Bouillé lui-même. En entendant prononcer ce dernier nom, Rewbel s'écria : « Celui qui a proposé un homme pareil, mériterait d'être chassé de l'Assemblée. » L'élection fut ajournée à quinzaine. (Beaulieu, t. II.)

Les commissaires de l'Assemblée nationale rencon

trèrent la famille royale près d'Épernay. Ils donnèrent le commandement de l'escorte à un lieutenant de Lafayette, qui les avait accompagnés. Barnave et Pétion se placèrent dans la voiture du roi avec la reine, madame Elisabeth et les deux enfants. Latour-Maubourg se mit dans la seconde voiture avec madame de Tourzel. Les trois gardes du corps furent enchaînés sur le siége de la voiture du roi.

La reine était dans le fond; Barnave vis-à-vis d'elle. Elle ne tarda pas à s'apercevoir que ce dernier ambitionnait l'héritage de Mirabeau, et que la guerre qu'il lui avait déclarée n'avait eu d'autre cause que la cupidité et la jalousie; il montra, en effet, un empressement et une politesse extraordinaires. Pétion ne fut pas grossier, comme on s'est plu à le dire, mais simple et digne. La conversation s'engagea le roi ayant fait l'apologie de sa propre conduite, dit qu'après tout il n'avait agi que pour le bien général, puisque la France ne pouvait jamais être république. encore, reprit Pétion. Les Français ne sont pas tout à fait assez mûrs.

Pas

La famille royale avait pu reconnaître, depuis son départ de Paris, combien elle avait perdu de l'amour des populations. A chaque instant, les flots de peuple qui entouraient les voitures faisaient entendre des cris sinistres contre les gardes du corps, qu'ils croyaient auteur de l'enlèvement; mais la fermeté et les discours

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