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mille fois répétés de: Vivent le roi et l'Assemblée nationale! Les députés prêtent le serment de remplir avec zèle et fidélité envers Dieu, le roi et la patrie, les fonctions dont ils sont chargés. Bailly est nommé président, et l'Assemblée se sépare après avoir déclaré que toute levée d'impôt cessera le jour de la séparation de ses membres.

La majorité du clergé avait enfin décidé qu'elle se réunirait le 20 aux communes. La noblesse, effrayée d'un isolement qui devait rendre sa resistance ridicule et impuissante, alla demander secours aux conseils du roi.

III. II Y avait alors, et tout Paris le savait, deux conseils, l'un, ostensible, composé du ministère où se rédigeaient les édits et arrêts; l'autre, secret, où l'on n'admettait que certains ministres; Necker, qui dirigeait le premier, en était exclu. La reine gouvernait le conseil où assistaient assidûment Madame Élisabeth, sœur du roi, le comte de Provence (Monsieur) et le comte d'Artois, frères du roi, ainsi que les princes de Condé et de Conti et la duchesse de Polignac 2. Le comte d'Artois manifestait ses opinions avec fanfaronnade. Madame Élisabeth demandait l'extermination des patriotes, et écrivait des lettres dans ce sens aux généraux influents. Le comte de

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1 Point du Jour, no 1. Beaulieu, p. 187. Rabaut, p. 79. 2 Bailleul, Examen critique, t. I. Madame de Staël, Considé

rations.

Provence intriguait sourdement, afin d'acquérir de la popularité en profitant des fautes du roi, et essayait ainsi de se frayer un chemin vers le trône.

La reine s'indignait à l'idée du moindre sacrifice imposé à son orgueil. Elle ne pouvait surmonter le mépris que lui inspiraient le peuple et même ceux d'entre les nobles qui faisaient entendre quelques paroles de liberté. Elle incitait continuellement le roi à des mesures despotiques, croyant y trouver l'intérêt de tous deux et le salut de la vieille monarchie. Le monarque, ayant éprouvé l'impuissance de la haute noblesse à le secourir, inclinait quelquefois vers les réformateurs; sa famille et une partie de la cour affectaient alors de le regarder comme un transfuge. Lui, de son côté, s'irritait en secret de perdre quelque chose de son pouvoir; il se repentait de ses concessions. et revenait aux préjugés de son éducation. Il se plaignait à la fois et de l'influence des nobles qui visaient à la popularité, et de celle des bourgeois puissants qui voulaient se substituer aux nobles; et flottant misérablement entre les uns et les autres, il s'aliéna l'estime de tous les honnêtes gens. Il ne savait pas que la sincérité est le plus habile comme le plus honorable moyen de gouvernement.

Louis XVI était fort embarrassé entre les murmures des privilégiés qui se plaignaient du doublement du tiers, et la persistance des communes qui exigeaient le vote par tête. Le conseil secret proposa

de dissoudre l'Assemblée par la violence. Necker consulté s'y opposa, comprenant qu'une telle mesure devait entraîner sa propre chute. Les discussions furent vives dés pourparlers eurent lieu entre les deux conseils. Le premier ministre ne cessait de dire au roi et à la reine: Êtes-vous assurés de l'armée? Ces derniers s'offensaient de ce doute; les princes aiment à s'abuser. Necker, pour se tirer d'embarras, imagina un coup d'état sans violences, qui fut approuvé.

IV. Le 20 juin, les députés des communes, se rendant au lieu habituel de leurs séances, se voient environnés de soldats qui leur en refusent l'entrée, sous le prétexte que l'on fait les préparatifs d'une séance royale pour le 22. Ils trouvèrent un asile dans le Jeu de Paume. Là, quelques-uns déclarent qu'avertis de l'acharnement avec lequel on cherche à pousser le roi à des mesures désastreuses, les députés doivent se lier au salut public par un serment solennel. L'enthousiasme s'empare de tous; Bailly monte sur une table et lit la formule suivante de serment, qui est aussitôt prononcé au bruit des applaudissements de quatre mille spectateurs :

<< Nous jurons de ne jamais nous séparer de l'Assemblée nationale et de nous réunir partout où les circonstances l'exigeront, jusqu'à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides. »

Chaque député signe; un seul, Martin d'Auch, écrit

à la suite de son nom: Opposant. Camus, l'un des secrétaires, ayant donné, connaissance de ce fait, l'Assemblée pousse un long cri d'indignation. Martin d'Auch, interrogé, répond qu'il ne croit pas pouvoir jurer d'exécuter des délibérations non sanctionnées par le roi. On lui fait observer que tels sont les principes de l'Assemblée, et qu'elle reconnaîtra toujours la nécessité de la sanction du roi sur les points constitutionnels. Il persiste on laisse sur le registre sa protestation, pour prouver la liberté des opinions; et il jouit toujours depuis de l'estime de ses collègues.

Le 22, nouvel outrage. Le comte d'Artois s'empara du Jeu de Paume, et la séance royale fut remise au lendemain, pour donner le temps d'enlever les travées où se plaçait le peuple, dont la présence encourageait l'Assemblée nationale. Ce retard fut une nouvelle faute de la cour; la majorité du clergé eut le temps de se réunir à l'Assemblée, qui s'était réfugiée dans une église. L'alliance est jurée au pied des autels avec un grand élan patriotique, au milieu de l'enthousiasme du peuple, accouru pour protéger la vie de ses représentants.

Le lendemain, le roi tint une sorte de lit de justice au milieu d'un appareil imposant. Une garde nombreuse entourait la salle; un trône d'or sous un dais superbe attendait le monarque. On affecta encore cette fois d'introduire les députés du tiers par une petite porte, après les avoir laissés longtemps exposés à la

pluie, tandis que le clergé et la noblesse étaient reçus avec empressement et prenaient les places d'honneur'. Le roi cassa les arrêtés des communes, notamment celui par lequel elles se constituaient en Assemblée nationale, et déclara que, si l'Assemblée l'abandonnait, il ferait sans elle le bonheur de ses peuples. Son discours fut suivi d'une déclaration qui abolissait la corvée, la main morte, et restreignait le droit de chasse. Le roi s'y montrait disposé à sanctionner l'abolition des priviléges pécuniaires, si ceux qui en jouissaient voulaient bien en faire le sacrifice; mais il déclarait à jamais inviolables les dîmes, cens, rentes, droits et devoirs seigneuriaux et féodaux. Du reste, le monarque ne parlait ni de la Constitution, ni de la participation des étais-généraux à la législation, ni de la responsabilité des ministres, ni de la liberté de la presse. «Messieurs, dit-il en finissant, je vous ordonne de vous rendre, demain matin, chacun dans les chambres affectées à votre ordre, pour y reprendre vos

séances. >>

Il partit suivi des évêques et des nobles. Les députés des communes, inquiets, restant sur leurs siéges, gardaient un morne silence.

<«< Messieurs, s'écrie Mirabeau, j'avoue que ce que >> vous venez d'entendre pourrait être le salut de la » patrie, si les présents du despotisme n'étaient tou

1 Rabaut, p. 88.

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