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eussent été différents, en maint endroit, au moins dans le Résumé, si l'on se fût placé au point de vue exclusivement pédagogique. Mais c'est à l'enseignement oral que reviennent les intermédiaires; c'est au professeur, dont le texte d'un manuel, loin de rendre les leçons inutiles, doit les rendre nécessaires, qu'incombe le soin d'interpréter et de commenter ce texte en tenant compte des aptitudes et du degré de développement de ses élèves ».

Et voici, dans la préface des Solutions et notes complémentaires, un autre passage qui achève de préciser sa pensée «L'exposé intuitif précédera donc le raisonnement et ouvrira la voie à l'étude logique. On se gardera de présenter aux élèves des théories qui dépassent leurs moyens ; mais on évitera avec le même soin de transformer les leçons en cours primaire, où l'on répète indéfiniment l'application de règles apprises par cœur...; ce peut être une occupation, ce n'est ni l'effort, ni le travail qui forment et développent les facultés. Il faut y ajouter, avec discernement et progressivement, l'interprétation et la raison des choses. Ici tout doit être absolument rigoureux. Dans les définitions, dans les démonstrations, on se gardera de sacrifier jamais l'exactitude à ce que l'on croirait être une plus grande simplicité. Une définition à peu près correcte est absolument défectueuse; un raisonnement à moitié juste est complètement erroné. Y recourir, c'est fausser l'esprit des élèves; mieux vaut ne rien démontrer. Quand on croira nécessaire faute de temps ou parce que la difficulté à vaincre paraît excessive - de ne donner que des énoncés, en passant les démonstrations, on multipliera les exemples concrets, de manière à faire saisir au moins le sens exact et la portée de ces vérités. »

Nous n'avons pu nous refuser la satisfaction de citer ces extraits, bien qu'un peu longs, parce qu'ils révèlent

le secret de la supériorité du P. Thirion comme professeur et la hauteur à laquelle il plaçait son idéal. Heureux les élèves soumis à l'action de méthodes inspirées d'un tel esprit! Heureux surtout, mais c'est ici le plus hasardeux, quand ils rencontrent des maîtres aussi richement doués pour les faire passer dans la pratique ! Du moins le P. Thirion a-t-il fait ce qu'il a pu pour y aider, d'abord en réunissant une remarquable collection d'exercices « qui enrichissent la mémoire de données utiles, provoquent l'intérêt, éveillent la curiosité, excitent le goût de l'étude et font naître le désir de savoir davantage » (préface des Solutions) et en outre, en condensant dans les notes substantielles qu'il y a jointes la moelle de sa riche expérience pratique.

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Parmi ses nombreux articles de la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES, il en est moins remarquables qui sont nés de la préparation minutieuse de ses cours; car, professeur avant tout, il subordonnait scrupuleusement son activité littéraire à ses obligations professionnelles. Tels sont Le courant électrique et Température et thermomètres. Un très grand nombre plus de vingt plus de vingt — ont été écrits sous forme de notices biographiques à l'occasion de la mort de savants connus ou de la célébration de quelque centenaire. C'était un genre qui avait sa prédilection. Beaucoup sont dignes de figurer à côté des Éloges académiques des Secrétaires perpétuels de l'Institut de France, ou des Notices scientifiques de l'ANNUAIRE DU BUREAU DES LONGITUDES, qu'il aimait à relire souvent. Il faut signaler, entre bien d'autres, ses articles sur Ferdinand Lefebvre, John Tyndall, Gustave Van der Mensbrugghe et Guillaume Hahn, où sa sympathie avouée pour ses héros ne l'empêche pas de reconnaître loyalement, à l'occasion, leurs limitations et leurs torts. D'autres fois, c'était un livre nouveau qui éveillait son

attention et lui mettait la plume à la main; tels l'ANNUAIRE DU BUREAU DES LONGITUDES, les Essays de Jean Rey, ou l'Aristarchus of Samos de sir Thomas Heath. Il était bien rare alors que son expérience de savant ou son flair d'érudit ne lui fît pas trouver quelque détail complémentaire à signaler ou quelque point de vue nouveau à mettre en évidence.

Dans l'impossibilité de tout analyser, il faut pourtant tirer hors de pair trois séries d'articles qui forment chacune un ensemble, et dont un auteur moins réfractaire à la réclame n'eût pas manqué d'extraire autant de volumes qui auraient assurément connu le succès en librairie.

La première peut être rattachée à une étude sur La propagation de la lumière et les travaux de Fizeau (en collaboration, sous la signature L. T.) parue en juillet 1897 et janvier 1898. Elle est bien caractéristique de la manière du P. Thirion : à propos du décès d'un savant, reprendre toute l'histoire d'une question célèbre qui lui doit un progrès important, et situer dans ce cadre une appréciation exacte et précise de sa contribution personnelle. Dans la première partie nous trouvons un exposé admirablement conduit de la mesure de la vitesse de propagation de la lumière, depuis les essais. de Romer sur les éclipses des satellites de Jupiter et ceux de Bradley au moyen de l'aberration, jusqu'à ceux de Cornu et de Young et Forbes qui perfectionnèrent la méthode mise en œuvre pour la première fois par Fizeau; dans la seconde, la difficile question de l'entraînement partiel des ondes lumineuses par les milieux transparents en mouvement et en général des phénomènes optiques dans ces milieux; enfin l'élégante mise au point par Fizeau de la découverte de Doppler relativement au changement de la période apparente de vibration des rayons envoyés par une source lumineuse à un observateur en mouvement relatif par rapport à elle.

C'est probablement le travail entrepris à cette occasion qui fit naître l'idée des trois articles qui parurent l'année suivante sous ce titre : L'analyse des radiations lumineuses. Leur objet est d'exposer méthodiquement en langage ordinaire la théorie ondulatoire de la lumière, de manière à la mettre à la portée du public cultivé non spécialiste. Le P. Thirion réussit admirablement dans cette entreprise difficile, et sans rien sacrifier de la rigueur, sans jamais nourrir dans son lecteur l'illusion flatteuse et funeste de lui avoir fait tout comprendre, il lui donne la conscience d'avoir saisi, dans les limites où il est humainement possible. d'y parvenir sans invoquer le secours puissant de l'analyse mathématique, l'ensemble des idées générales qui forment la trame de la théorie. C'est peut-être son chef-d'œuvre en ce genre. On conçoit que nous renoncions à en détailler ici l'analyse. Nous nous contenterons de citer une appréciation de source très impartiale, qui résume son éloge mieux que tout ce que nous pourrions en dire, et dans laquelle l'hommage est singulièrement rehaussé par le voisinage éclatant d'un nom des plus illustres. Ecrivant, dans la REVUE DES DEUXMONDES, 1er octobre 1901, sur Les agents impondérables et l'éther, A. Dastre, savant distingué lui-même, s'exprime ainsi : « On peut prendre aussi pour guides un petit nombre de publications d'ordre plus général, comme l'admirable petit livre de H. Poincaré sur la théorie de Maxwell et les oscillations hertziennes, œuvre d'un esprit lumineux et profond, et l'étude de J. Thirion sur l'analyse des radiations lumineuses, qui est aussi, en son genre, un chef-d'œuvre de clarté ».

A plusieurs reprises, notamment en 1902 dans La pression de la lumière, en 1909 dans L'éther et les théories optiques et dans La dispersion de la lumière dans l'espace interstellaire, il revient sur la théorie de la lumière, sujet qui l'attirait tout particulièrement.

Dans le deuxième de ces articles, il examine les hypothèses et les théories, au point de vue de leur valeur objective, dans le même esprit critique que P. Duhem et H. Poincaré. Ses conclusions sont plus modérées que les leurs : ce sont celles qui ont la faveur de la majorité des physiciens modernes. « Impuissantes à nous révéler la réalité en soi, les théories nous la font voir per speculum in aenigmate, en une image fidèle où se reflète la vérité d'ensemble des faits expérimentaux », et dont l'utilité principale est de nous

mettre sur la trace de faits nouveaux à découvrir.

Dans une autre occasion le P. Thirion se laissa tenter et réunit en volume sous ce titre : L'évolution de l'astronomie chez les Grecs un groupe d'articles, le second annoncé plus haut, qu'il avait intitulé dans la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES: Pour l'astronomie grecque. L'essai fut décourageant, en ce sens que l'éditeur auquel il s'était adressé se retira brusquement des affaires peu de temps après, ce qui ne contribua pas à atténuer ses propres répugnances à solliciter l'attention sur son livre. Ce n'en est pas moins une de ses meilleures productions.

Il s'agit de réhabiliter, en quelque sorte, la science astronomique des Grecs, un peu trop dépréciée depuis que les splendides découvertes de Képler et de Newton ont relégué dans l'oubli ses laborieuses constructions de sphères homocentriques, de déférents, d'épicycles, d'excentriques, etc. « Les efforts tentés par les astronomes de l'antiquité ne furent ni si maladroits, ni si stériles ils sont dignes de la curiosité de tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'esprit humain en quête de la vérité scientifique. Si j'osais dire qu'ils méritent l'admiration au même titre que les travaux modernes, pour avoir surtout perfectionné l'art d'inventer, on m'accuserait peut-être d'exagération; les géomètres cependant m'y encourageraient, et les historiens sé

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