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déchets de la civilisation, mais s'attachent à perfectionner scientifiquement ces embryons de méthodes, à les compléter, à les rendre utilisables aussi dans l'enseignement normal.

Bien des travaux expérimentaux ont été entrepris dans le but de faire pour l'intelligence ce qui a été fait pour la mémoire. La méthode à suivre est la même : déterminer qualitativement et quantitativement les intelligents et les inintelligents pour déceler leurs caractéristiques; dégager et mesurer les facteurs principaux de la supériorité intellectuelle. Nous ne pouvons ici même esquisser la question, mais en indiquer seulement quelques aspects.

Nous savons à l'heure actuelle comment se comporte un sujet d'une intelligence donnée quand il est dispos et quand il est fatigué; ou, ce qui revient au même, quand il est plus ou moins intelligent. Nous savons en quoi les inintelligents et les arriérés surtout diffèrent des normaux et des intelligents. Nous sommes en train de trouver les procédés qui donnent à un arriéré une intelligence normale. Il n'est pas téméraire d'espérer que dans un avenir plutôt rapproché nous pourrons établir enfin une éducation de l'intelligence, basée sur des conclusions scientifiques certaines.

Et, dès à présent, pourquoi n'appliquerions-nous pas aux enfants de toutes les écoles les procédés d'éducation sensorielle qui donnent de si bons résultats dans l'enseignement spécial? Il est évident que les procédés qui affinent l'intelligence des arriérés aiguiseraient celle des normaux. Connaître, c'est uniquement percevoir des ressemblances et des différences; percevoir des nuances et les remarquer; voir les teintes les plus délicates, les variations d'éclairage les plus légères, entendre les sons avec toutes leurs particularités de hauteur, d'intensité et de timbre; connaître les objets

qui nous environnent non seulement par l'oeil et l'oreille, mais percevoir leurs poids, leurs formes, l'aspect de leurs surfaces et fixer notre attention sur ces particularités; c'est accroître notre connaissance de toutes choses, directement par notre science personnelle, c'est développer, affiner l'outil de nos connaissances ultérieures, c'est réellement affiner, cultiver l'intelligence.

Ce travail d'entraînement des principaux organes sensoriels possède en outre l'avantage d'être éminemment moral. Pour l'immense majorité de l'espèce humaine, le goût et l'odorat sont presque seuls chargés de procurer les joies de la vie. Combien peu d'hommes savent tirer de leur système nerveux-sensitif les exquises jouissances qu'il comporte! Entrez dans une salle de concert de grande ville, regardez un instant l'attitude du public pendant l'exécution, par un orchestre d'élite, d'une des grandes pages de la musique. Même parmi ces abonnés, dans cet auditoire trié, combien en est-il qui aient les centres auditifs suffisamment affinés pour goûter la pure beauté musicale? Et voilà les plus cultivés. La masse de l'humanité ne réjouit ses nerfs acoustiques que par le bruit. Que si l'on veut se faire une idée de la culture des centres visuels dans l'espèce humaine, il suffit de jeter un coup d'oeil sur l'ornementation des habitations, sur la façon dont y sont placées les différentes pièces de l'ameublement. Il est extrêmement rare, sauf chez des artistes, de trouver une salle à manger et surtout un salon, où le manque de culture visuelle de la maîtresse de maison ne se trahisse pas d'emblée. Or il n'y a pas deux façons de développer les qualités esthétiques; nous ne pouvons procéder autrement que la nature. Celle-ci nous enseigne que c'est en regardant, et cela à travers plusieurs générations, que l'on acquiert un oeil de peintre, c'est en

écoutant de père en fils que l'on arrive à former un musicien.

On reproche parfois à la psychologie expérimentale de négliger les grands problèmes qui depuis des siècles angoissent l'esprit humain, pour ne s'occuper que des petits côtés de la vie consciente; on lui reproche d'avoir une tendance fâcheuse et des préoccupations terreà-terre. C'est fort injuste. D'abord, un expérimentateur est essentiellement indépendant vis-à-vis des théories qui divisent les philosophes, et s'il est par éducation plus ou moins porté à admettre telle doctrine plutôt que telle autre, il oublie ces préoccupations quand il descend au laboratoire observer des faits. Et s'il n'agit pas ainsi, il en pâtira tout le premier. Ensuite le psychologue expérimentateur sait que c'est précisément en étudiant les plus petits côtés des phénomènes conscients qu'il a quelque chance de les mieux déterminer, d'en mieux tirer parti. Il fait comme les physiciens qui, au lieu de continuer à se demander: « Qu'est-ce donc que l'électricité ? », ont soumis à l'expérimentation la plus méticuleuse toutes les circonstances qui accompagnent la production de ce fluide, qui assurent sa constance, sa régularité, son rendement.

Dans leurs laboratoires comme dans les écoles mises à leur disposition, les psycho-pédagogues cherchent avec une inlassable patience les procédés de différenciation des types intellectuels, analysent qualitativement et quantitativement les facultés, cherchent les facteurs certains du développement de celles-ci, s'efforcent lentement mais sûrement d'améliorer l'éducation de nos enfants. Ils veulent que ceux-ci apprennent avec moins de peine et en moins de temps ce qu'eux-mêmes ont appris, ils tâchent de donner à ceux qui nous suivront dans la vie, une vue plus exacte du milieu ambiant. Ils veulent encore, en affinant systématique

ment les organes des sens ennoblir et embellir la vie de ceux qui nous suivront. Et si parfois une mélancolie les prend à l'idée que d'aucuns les méprisent et — ce qui est plus cruel que d'autres s'approprient hâtivement leurs conclusions dans un but de vanité et de lucre, qu'ils se consolent en songeant que tout travail consciencieux porte ses fruits. Pour eux, ils contribuent à développer dans l'humanité de demain la vérité et la beauté.

J. J. VAN BIERVLIET.

L'AVIATION

HIER, AUJOURD'HUI, DEMAIN

Vers 1905, l'époque n'est pas lointaine, de vagues rumeurs se faisaient jour peu à peu. Deux Américains, les frères Wright, avaient construit une machine volante, disait-on, et ils volaient. Mais la singulière nouvelle venait de loin de si loin qu'on la supposait de beaucoup amplifiée, si même on ne la qualifiait de fable.

L'Allemand Lilienthal avait exécuté, il est vrai, de nombreux vols à l'aide d'un planeur - quelque chose comme un de nos monoplans actuels privés de moteur et d'hélice et, après lui, Pilcher, Chanute, Ferber, les Wright, eux-mêmes, avaient réussi à se maintenir en l'air pendant quelques instants et à parcourir quelques centaines de mètres. Se servant d'un biplan, qui plus tard sera pourvu d'un moteur et d'une hélice et deviendra leur aéroplane, et qui était formé de deux ailes rectangulaires, superposées, placées à environ un mètre de distance l'une de l'autre, Wilbur ou Orville Wright se plaçait debout au milieu de l'aile inférieure, perpendiculairement à son grand côté; dès qu'une brise légère s'élevait, il s'élançait en courant contre le vent du haut en bas d'une colline et se trouvait bientôt enlevé en l'air, sur ses ailes de dix mètres de longueur et de un mètre de largeur. En un formidable bond de quelque cent mètres, sorte de glissade aérienne, il

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