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en Allemagne à recueillir l'héritage du mécanicisme en faillite, se distingue déjà par ses tendances agressives à l'endroit de l'Église. Il reste vrai que, pendant la période de ses plus brillants triomphes, le darwinisme a bénéficié dans une large mesure de l'appui de tous les contingents anticléricaux et antireligieux de l'autre côté du Rhin.

En France, on en était à peu près au même point qu'en Allemagne. Le haut enseignement des Facultés des Sciences, à Paris et en province, des Facultés de médecine et des grandes écoles, ne dédaignait pas, lorsqu'il était hostile à l'Église et cela arrivait plus souvent que le contraire d'user contre elle de cet inusable argument : « l'Eglise est l'ennemie du progrès intellectuel, puisqu'elle récuse une doctrine scientifiquement démontrée vraie ».

Voici, par exemple, avec quelle méchante ironie s'exprimait dans sa leçon d'ouverture du cours d'évolution des êtres organisés, en 1888, M. le Professeur Alfred Giard, qui a été, on le sait, un des plus ardents promoteurs du transformisme en France (1). Il venait de parler de la manière dont M. Albert Gaudry entendait l'évolution : « C'est évidemment, disait-il, celle qui sera adoptée prochainement par les esprits orthodoxes, quand l'Eglise entrera dans la seconde phase de ce nouveau conflit avec la science. Dans la première phase de chacun de ses conflits, l'Église, on le sait, a combattu par la parole et quelquefois par le feu, le nouveau progrès scientifique. Dans la seconde phase, elle s'est efforcée de démontrer que le progrès en question n'en était pas un, et que les Ecritures avaient depuis longtemps affirmé la prétendue nouveauté (2). »

p. 7.

(1) Histoire du transformisme, dans Controverses transformistes, 1904, (2) Qu'aurait dit M. Giard, si, assistant au Congrès de Cambridge, il y avait

Voilà une diatribe qui manque franchement de sérénité et que l'on a de la peine à accorder avec les déclarations pacifiques faites par M. Giard à la fin de cette même conférence : « Si, dans le cours de ces leçons, disait-il, il m'arrivait d'énoncer quelque proposition, de formuler quelque critique de nature à froisser des idées auxquelles vous êtes habitués, à ébranler des convictions qui vous sont chères, n'y voyez de ma part aucune tendance agressive, aucun désir de prosélytisme extra-scientifique (1). »

Si, dans les chaires de l'enseignement supérieur et dans les ouvrages scientifiques, on entendait ainsi l'impartialité, on devine à quel niveau devait tomber la polémique dans les écrits de vulgarisation et dans les conférences populaires sur le transformisme.

Dans la même leçon que nous citions plus haut, M. Giard faisait un aveu qui renferme une trop grande part de vérité pour ne pas trouver en entier sa place ici.

« C'est là le désavantage des sciences concrètes et

entendu M. le Chanoine de Dorlodot prononcer les paroles suivantes : «Darwin était digne sous tous rapports d'être choisi pour établir cette vérité, prévue déjà par Augustin, que Dieu, en faisant le monde, a mis en lui toutes les forces nécessaires à son épanouissement »? - Ne l'avais-je pas prédit, aurait-il pensé, nous sommes à la seconde phase! Fort bien. Mais quel mérite y a-t-il à faire des prophéties après coup? Bien avant 1888, époque à laquelle M. Giard faisait sa prédiction, le fait était réalisé. Depuis longtemps déjà, il y avait des évolutionnistes chrétiens qui admettaient bien à tort, c'est vrai, mais très sincèrement — que la Bible pouvait fournir un appui au transformisme. Quant à l'évolutionnisme de S. Augustin, il n'avait pas besoin d'être découvert. Ce qui ne veut pas dire est-il besoin de le faire remarquer ? — que le système des rationes seminales ait beaucoup de points communs avec le système de Darwin!

(1) Op. cit., p. 25. Il est fàcheux pour la gloire de l'illustre Maître, qu'il ait encouragé, dans son entourage le plus immédiat, l'éclosion de plusieurs de ces ouvrages de vulgarisation qui, s'ils ont cherché à faire beaucoup de tort à la religion, n'ont assurément fait aucun honneur à la science.

Il n'est que juste, d'ailleurs, de reconnaitre que, par suite d'une heureuse inconséquence, quand M. Giard rencontrait chez un collègue ou un élève ceux-ci fussent-ils des ecclésiastiques de la valeur scientifique ou simplement le désir d'apprendre, il oubliait ses idées antireligieuses et savait se montrer le plus sympathique des amis et le plus encourageant des maîtres. Ceux qui l'ont connu de près ne peuvent pas l'oublier.

touchant à des objets connus de tous, que chacun se croit à même d'en parler et en parle à tort et à travers. Aussi je vous supplie de ne jamais ouvrir un de ces prétendus livres de vulgarisation si nombreux aujourd'hui, qu'il soit écrit pour ou contre le transformisme. Car le malheur est que le plus souvent, les arguments fournis en faveur de l'évolution sont d'une plus irritante nullité que les critiques des incompétents (1). »

Ce sont pourtant ces livres, qui contiennent en faveur de l'évolution des arguments « d'une irritante nullité » qui se vendent. On les achète beaucoup plus que les ouvrages scientifiques. Partout où ils pénètrent, ils popularisent le transformisme et du même coup sèment l'irréligion et, ajoutons-le tout de suite, l'immoralité.

Cela, il ne faut pas essayer de le contester : les faits sont patents. Ce sont, en effet, des distinctions par trop subtiles pour le bon sens populaire que celles de certains évolutionnistes athées, qui se prétendent encore religieux.

On a détruit, prétend-on, la vieille religion fondée sur des dogmes révélés; mais on lui a substitué la religion de l'humanité! Phrases creuses! Le peuple ne voit dans tout cela qu'une chose ce qu'enseigne l'Église est faux; il n'y a donc pas plus à se préoccuper de sa morale que de son dogme. Les conséquences que la logique populaire tire de ce double affranchissement sont faciles à prévoir.

La morale darwiniste est extrêmement accommodante! Car, en fin de compte, si l'on n'est obligé envers personne, on peut ne point se sentir le goût de sacrifier à je ne sais quelle humanité à venir, des tendances qu'éprouve l'humanité individuelle de chacun. D'ailleurs, les darwinistes sont presque tous déterministes,

(1) Op. cit., p. 24.

:

et quelle bonne plaisanterie qu'une morale sans liberté! On laisse aux philosophes dont c'est le métier, le souci de ratiociner sur la possibilité d'une telle morale et, en attendant... on vit à sa guise, très libre de scrupule. Chaque jour on voit les jolis fruits que portent ces doctrines la sève qui les élabore en produira d'autres. Mais on comprend dès lors, quelles alliances louches contracte la doctrine darwiniste avec tout ce qu'il y a de moins noble dans la nature humaine. On aime à pouvoir donner un prétexte scientifique à ce que la conscience, envers et malgré tout, reproche comme de l'inconduite. On s'explique à soi-même ses remords et ses craintes par je ne sais quelles influences ataviques. « On descend de races qui ont été longtemps religieuses, malheureusement pour elles et pour nous... Mais ce sont les ancêtres d'avant qui avaient raison, ceux qui avaient la morale de la lutte pour l'existence! Pour légitimer sa vie, on se passionne pour une doctrine. Qui ne voit cela dans l'acharnement avec lequel tout ce qu'il y a d'antireligieux et de foncièrement immoral s'attache au darwinisme, n'a pas d'yeux ou les ferme.

On peut avoir des raisons d'ordre scientifique pour être évolutionniste : l'on reconnaîtra, si l'on est loyal, que l'on peut aussi en avoir d'autres.

(A suivre.)

ROBERT DE SINÉTY, S. J.

L'INDUSTRIE

DES

TRANSPORTS MARITIMES

La REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES a publié une série d'articles sur la fonction économique des principaux ports du monde. Il a semblé que, pour compléter cette étude, il serait intéressant de présenter un aperçu général de l'industrie qui les alimente, notamment celle des transports maritimes.

Nous serons amenés ainsi à parler de la plupart des grandes lignes de navigation, nous verrons quels grands courants commerciaux commandent la marche de ces navires, enfin nous comparerons la part que prennent les grandes nations maritimes dans les transports par mer; en nous étendant un peu plus longuement sur la rivalité maritime de l'Angleterre et de l'Allemagne.

Il n'entre pas dans le cadre de ce travail d'étudier l'outil de l'industrie des transports maritimes, c'està-dire le navire.

Nous ne voulons que tracer un aperçu rapide des diverses espèces de navires d'après les usages auxquels ils sont destinés, et examiner en passant les raisons d'être de ces diverses classes et les conditions de leur existence.

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