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l'usage de ces cercles, les apparences ne peuvent être sauvées, comme nous l'avons vu en notre troisième différence; elle confond entre eux complètement les divers orbes de ces planètes, à l'exception de trois de ces orbes. Pour la même raison, je ne saurais admettre l'opinion d'Abraham, bien qu'elle offre quelque apparence de vérité. »

Les écrits de Pierre d'Abano étaient certainement lus et médités à Paris, au XIVe siècle; à cette époque, Jean de Jandun complétait le commentaire aux Problèmes d'Aristote composé par le médecin padouan ; c'est peut-être l'influence du passage que nous venons de citer qui marque sa trace en une page que nous allons décrire.

Cette page se trouve en un manuscrit (1) où sont réunis plusieurs traités d'astronomes qui ont illustré l'École de Paris en la première moitié du xiv° siècle : Jean des Linières, Jean de Meurs, Léon le Juif (Lévi ben Gerson), Firmin de Belleval; le manuscrit est, lui-même, du XIVe siècle. En ce manuscrit, un certain nombre de feuillets (2) sont occupés par des figures destinées à illustrer certains chapitres de la théorie des planètes; le recto du premier de ces feuillets, par exemple, présente certains dessins qui ont trait à la théorie du Soleil; tous les feuillets de ce même groupe, à partir du second, sont consacrés à la théorie de la Lune.

Au verso du premier feuillet, sont deux figures très remarquables consacrées à la théorie qui fait de Vénus et de Mercure des satellites du Soleil.

La première figure (fig. 1) nous représente un orbe excentrique au Monde, que comprennent deux surfaces sphériques concentriques entre elles; cette représentation est donc conçue sur le modèle des agencements

(1) Bibliothèque nationale, fonds latin, ms. no 7378 A. (2) Ms. cit., fol. 77, ro, à fol. 82, vo.

d'orbes solides qu'avait imaginés Ibn al Haîtham (Al Hazen); au XIVe siècle, nous le verrons, ces agencements étaient très généralement reçus à Paris.

C'est à l'intérieur de cet orbe excentrique que vont

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se mouvoir le Soleil, Mercure et Vénus; mais l'auteur du dessin conçoit comme possibles trois combinaisons différentes, auxquelles correspondent trois figures.

La figure qui se trouve en bas et à gauche correspond à la disposition la plus simple. Le corps du Soleil est seulement entraîné par l'orbe excentrique dont nous

venons de parler; ce corps est entouré de deux orbes qui lui sont concentriques et qui sont donc disposés comme les sphères épicycles dans les modèles d'Ibn al Haitham; la sphère épicycle qui est contigue au corps du Soleil porte Mercure; Vénus est entraînée par la sphère épicycle extérieure.

En haut, un second dessin représente une disposition plus compliquée; le corps du Soleil est encore entouré par deux orbes qui lui sont concentriques, mais ces orbes n'entraînent plus directement l'un le corps de Mercure, l'autre le corps de Vénus; chacun d'eux entraîne une sphère qui tourne sur elle-même en entraînant la planète ; Vénus et Mercure décrivent donc l'un et l'autre un épicycle d'épicycle autour du centre du Soleil, tandis que ce centre décrit lui-même un cercle excentrique à la Terre.

Il est piquant de remarquer que cette combinaison cinématique, imaginée au XIVe siècle par notre dessinateur anonyme, est semblable de tout point à celle que Copernic agencera pour représenter le mouvement de la Lune; en effet, selon le réformateur de l'Astronomie, la Lune décrira, autour du centre de la Terre, un épicycle d'épicycle, tandis que le centre de la Terre décrira un cercle excentrique au Soleil.

Une troisième disposition, encore plus compliquée, est représentée en bas et à droite par notre auteur. En cette troisième disposition, le grand orbe excentrique entraîne un orbe épicycle qui contient le corps du Soleil ; c'est autour du centre de cet épicycle du Soleil, et non plus autour du centre même de l'astre, que tournent les orbes épicycles de Mercure et de Vénus; en chacun de ces orbes épicycles, d'ailleurs, la planète est enchâssée en une sphère épicycle d'épicycle.

Notre dessinateur a souvenir du célèbre théorème qu'admirait Hipparque, car, à côté de la troisième figure, il a écrit la remarque suivante : « Si l'on imagine qu'il en soit ainsi, il ne faut pas que le Soleil ait

un orbe excentrique ; l'éloignement et l'approche de cet astre se font par le seul épicycle. » La théorie du Soleil, de Vénus et de Mercure se réduirait alors à celle qu'ont décrite Adraste d'Aphrodisias et Théon de Smyrne.

La figure entière, d'ailleurs, est dominée par une réflexion presque effacée et dont nous transcrivons ici ce qu'il nous a été possible de déchiffrer:

Sol.

Venus.

Mercurius.

Centrum deferentis Solis

Centrum deferentis Veneris

Centrum deferentis Mercurii.

Sol

Venus.

Mercurius.

FIG. 2.

« Et sic (?) videtur (?) dictum quorundam qui dicunt Venerem aliquando esse supra Solem, et Mercurium [supra Solem], et Venerem supra Mercurium, et econverso. Potest salvari talis motus per epiciclos et prima scilicet est ymaginatio... Mercurium... »

Guillaume de Conches, lorsqu'il décrivait, à l'imitation de Macrobe, l'hypothèse d'Héraclide du Pont, ne faisait pas intervenir d'épicycles; il ne parlait que d'excentriques entrecroisés. Ce qu'il imaginait nous est représenté, en une nouvelle figure (fig. 2), par notre

dessinateur anonyme; le Soleil, Mercure et Vénus y parcourent trois déférents égaux, excentriques au Monde, et ayant des centres différents; d'ailleurs, en cette figure, une erreur manifeste a permuté les rangs qu'il convient d'assigner à Mercure et à Vénus si l'on veut garder l'accord avec la figure précédente.

Après cette curieuse page de dessins, le Moyen Age ne fournit plus, du moins à notre connaissance, aucune allusion à l'hypothèse d'Héraclide du Pont. Mais à la fin du xve siècle, nous la trouvons de nouveau mentionnée en un écrit qui eut, au temps de la Renaissance, une très grande vogue; nous voulons parler de la Discussion contre les astrologues composée par Jean Pic de la Mirandole (1).

Cette mention, il est vrai, est brève au point d'être, par elle-même, peu intelligible : « Aben Ezra, écrit Jean Pic (2), place en une même sphère le Soleil, Vénus et Mercure; ils ne sont séparés, selon lui, que par la position de leurs épicycles. »

Si concise que soit cette indication, elle nous montre toutefois qu'on lisait Aben Ezra au temps où Pic de la Mirandole écrivait.

Ainsi donc, aux siècles mêmes où l'Astronomie de Ptolémée, en dépit des retours offensifs incessants de la théorie des sphères homocentriques, parvenait au plus haut degré de son triomphe, l'hypothèse d'Héraclide du Pont continuait, parfois, à solliciter l'attention des esprits curieux; elle les prédisposait à accueillir favorablement la révolution Copernicaine.

PIERRE DUHEM.

(1) Joannis Pici Mirandulae Concordiae Comitis Disputationes adversus astrologos. Cette pièce se trouve insérée dans les diverses éditions des : Joannis Pici Mirandulae Opera omnia, dont les trois premières furent données en 1486, 1496 et 1498. Elle a été également imprimée à part, en 1495 & Bologne, par Benedictus Hectoris Bononiensis.

(2) Joannis Pici Mirandulae Disputationum adversus astrologos lib. III, cap. IX.

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