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Tout ceci nous force, sans doute, à rattacher, sans discontinuité et par dégradations successives, les « solutions colloïdales » aux émulsions et suspensions d'une part, aux vraies solutions moléculaires d'autre part.

S'il en est ainsi, l'examen de la tension de vapeur et du point de congélation des « solutions colloïdales » doit présenter un intérêt spécial, car on sait à quel point ces particularités physiques dépendent de l'état d'un corps dissous dans son solvant. Or, il est certain que les solutions colloïdales, soumises à l'ébullioscopie et à la cryoscopie, ne manifestent que dans des proportions infimes l'élévation de la température d'ébullition et l'abaissement du point de congélation que présentent les solutions vraies : les légères variations constatées furent même attribuées par plusieurs à la présence d'impuretés: l'addition d'un corps à l'état colloidal ne modifierait en rien la tension de vapeur ou la température de congélation du solvant (1). Cette proposition répond-elle absolument à la réalité ? D'aucuns en doutent (2). S'il fallait estimer le rapport des solutions colloïdales aux solutions vraies uniquement par la décroissance des diamètres granulaires, on pourrait s'attendre à rencontrer, au bas de l'échelle, d'étroites communautés de propriétés physiques. Mais les solutions colloïdales rejoignent-elles insensiblement les solutions vraies, ou bien seulement s'en rapprochent-elles asymptotiquement? En tout cas leurs propriétés, prises en gros, trahissent plutôt une analogie avec les « suspensions », dont la tension de vapeur n'est point influencée, tant que le liquide est relativement abondant, par la présence des parcelles flottantes.

(1) Starling. JoURN. OF PHYSIK, vol. 19, 1906.

(2) Par exemple Höber, R., Physikalische Chemie der Zelle und der Gewebe. Leipzig, 1906. pp. 201-202 et bien entendu tous les auteurs qui s'efforcèrent, en vain selon nous, de calculer par la méthode cryoscopique le poids moléculaire (ou « micellaire », si l'on veut) des corps en solution colloïdale.

Force nous est ici, pour rester exact, de préciser davantage la portée des expériences tentées à ce point de vue. On sait, par les recherches si curieuses de Konowalow (1), que si, dans un mélange de deux liquides non miscibles en proportions quelconques, on fait varier, soit la température, soit la quantité relative des liquides en présence, il s'intercale dans la courbe régulière de croissance ou de décroissance de la tension de vapeur, une << zone critique » où cette tension demeure constante, tandis que le mélange devient opalescent et montre le phénomène de Tyndall. L'analogie de l'état colloïdal avec cet état critique du mélange de deux liquides n'est pas moins frappante que l'analogie des colloïdes avec les « suspensions et émulsions ».

Lorsque la solution colloïdale s'appauvrit en eau, par évaporation progressive, elle prend parfois l'aspect d'une sorte de pâte, d'empois ou de gelée, dont la tension de vapeur a fait l'objet d'études très minutieuses de Van Bemmelen (2). Il établit, par exemple, la courbe de la tension de vapeur d'une solution colloidale de SiO, (silice) soumise à une déshydratation forcée. Cette courbe présente d'abord une décroissance régulière, puis s'immobilise dans l'horizontale; à ce moment, la silice de transparente devient opalescente, puis crayeuse; la déshydratation se poursuivant toujours, la transparence reparaît et la tension de vapeur baisse rapidement. On n'obtient pas de déshydratation complète du colloïde; il présente d'ailleurs, dans ce cas, après la phase critique, des modifications irréversibles. Comment apprécier la signification de ces phénomènes? Des solutions vraies, la solution colloïdale concentrée, le « gel », possède la décroissance régulière des tensions de vapeur, jusqu'à un point critique comparable au

(1) Konowalow. DRUDES ANN. DER PHYSIK. Bd. 10 u. 12 (1903). (Essais sur aniline amylène, isopentane + acide acétique bichloré, etc.). (2) Van Bemmelen, ZSCHR. F. ANORG. CHEM. Bd. 13, 1896, und folgende.

point de saturation : elle se différencie ainsi des hydrates, dont la déshydratation se fait par échelons, avec chutes brusques et successives de la tension de vapeur. Le gel colloïdal n'est donc ni une solution concentrée, ni un hydrate, et d'autre part, ses particules semblent avoir contracté avec le solvant une liaison plus intime que celle des simples suspensions. Pour préciser davantage, il faudrait distinguer colloïde et colloïde; mais ce qui nous est loisible ici, c'est de remarquer la prédominance des phénomènes propres aux suspensions dans les solutions colloidales diluées; ensuite le caractère intermédiaire, transitionnel, de ces solutions, qui les ferait assimiler à des mélanges passant de l'état monophasique (homogène) à l'état diphasique (nettement hétérogène), on dirait presque des mélanges diphasiques naissants, maintenus dans une sorte d'état metastable (Ostwald); enfin, dans les gels fournis par certaines solutions colloïdales, la liaison plus étroite, mais difficile à définir, entre le colloïde et le solvant.

L'analyse des phénomènes auxquels il vient d'être fait allusion, la considération des différences considérables de viscosité interne, l'étude aussi d'autres particularités que nous rencontrerons plus loin, légitiment la distinction introduite par J. Perrin (1) entre colloïdes en suspension et colloides hydrophiles. Ces derniers, qui englobent toute la classe des matières albuminoïdes, intéressent très spécialement la biologie.

Nous allons utiliser immédiatement la distinction qui vient d'être rappelée.

Les phénomènes de surface, les altérations de la tension superficielle des solutions sont intimement liés à la constitution intime de celles-ci. On peut se représenter, en gros, la tension superficielle comme une

(1) Perrin, J. JOURN. DE CHIM. PHYS., t. 3, 1905.

manifestation de la tendance d'une masse liquide à présenter le minimum de surface. Si cette tension diminue après introduction d'un corps étranger dans le liquide, c'est que les particules du corps étranger modifient en sens inverse l'équilibre interne du système, soit par combinaison chimique avec les molécules du liquide, soit simplement en devenant le support de forces élémentaires neutralisant en partie les actions moléculaires de ce liquide. Or, c'est un fait général que les colloïdes relâchent très notablement la tension superficielle de leurs solvants. Sans doute, il est probable que, du moins dans le cas de colloïdes hydrophiles, certains processus chimiques ne sont pas étrangers à cette dégradation de tension; mais il est généralement admis et pratiquement certain que le grand rôle appartient ici aux charges électriques des particules colloïdales. Que ces charges existent, ce n'est pas douteux, puisque les solutions colloïdales — à l'instar des suspensions - présentent le phénomène de la cataphorèse (1): d'après le colloïde observé, on peut en voir les particules se mouvoir vers l'anode ou vers la cathode, selon qu'elles se trouvent chargées positivement ou négativement par rapport au solvant. On conçoit dès lors et c'est d'ailleurs une conséquence presque nécessaire que la répulsion mutuelle de toutes ces parcelles relativement grosses et portant des charges de même signe, contrebalance dans une certaine mesure les effets de la tension superficielle. Nous ne pouvons ici nous engager dans le fouillis des travaux

(1) On sait en quoi consiste ce phénomène, découvert par Reuss (1852), puis étudié de plus près par Wiedemann et Quincke (1861). Si l'on établit dans un liquide une différence de potentiel de part et d'autre d'un passage capillaire ou d'une membrane, il se produit un transport de liquide, en dépendance de la nature de celui-ci et de la nature de la paroi interposée. Mais si l'on remplace la paroi immobile par un rideau de fines particules en suspension, ce sont celles-ci qui se mettront en mouvement, en sens inverse, bien entendu (Quincke).

relatifs à ces phénomènes : qu'on nous permette seulement de signaler çà et là quelques recherches, en illustration et confirmation de nos dires. La molécule - ou la micelle — d'albumine est, d'après les observations de Hardy, électropositive dans l'eau acidulée, électronégative dans l'eau alcalinisée : neutralise-t-on la solution, il survient immédiatement une floculation de l'albumine, et la tension du liquide se rétablit. L'addition de certains ions modifie, elle aussi, les conditions de floculation et la tension superficielle (1). Bredig (2), à propos de l'électromètre capillaire de Lippmann, attira l'attention sur ce fait que la tension superficielle du mercure atteignait son maximum quand, dans la solution électrolytique en contact avec le mercure, la différence de potentiel des deux phases (électrolyte et solvant) tombait à zéro. Il montra de plus que, d'une manière générale, l'addition de certains ions fait varier la tension superficielle de deux milieux au contact. On saisit sans peine l'application de ces données aux solutions colloidales. Les variations du rapport électrique des micelles avec le liquide retentissent sur la tension superficielle de celui-ci ; l'addition d'électrolytes à la solution colloïdale pourra, par leur influence sur la charge des micelles, dévier dans un sens ou dans un autre l'équilibre total du système. Dans cet ordre d'idées, Zunz (Bruxelles) (3) a signalé récemment les rapports étroits qui rattachent, à l'augmentation de la tension superficielle, la fixation de toxines ou de ferments par d'autres corps introduits dans la solution. Il croit que ce phénomène d'adsorption doit s'interpré

(1) Hardy, W. B., PROCEED. R. Soc., vol. 66, 1900, et alibi.-N. B. L'usage que nous faisons ici des travaux de Hardy est indépendant des parties contestées de sa théorie de la floculation. Mème remarque pour Bredig. (Cf. Höber, op. cit., p. 230 et suiv.).

(2) Bredig, ZSCHR. F. ELEKTROCHEMIE. Bd. 6, 1899.

(3) Zunz, E. Rôle de la tension superficielle dans l'adsorption des torines et des ferments. ARCH. DI FISIOL. Vol. 7, 1909.

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