Sayfadaki görseller
PDF
ePub

un travail tout récent, vient, en se fondant sur les recherches de J. Perrin, de suggérer une conception

[ocr errors]

partielle sans doute, mais assez simple — de l'état électrique des membranes et de son influence sur le sens de l'osmose. Dans la membrane organique, il n'envisage que les conditions de structure très simplifiées qui permettent leur assimilation aux « diaphragmes» de J. Perrin: une certaine épaisseur, traversée de tubes de communication capillaires. Or, du chef seul de cette structure, la membrane organique, qui sépare des solutions électrolytiques, sera déjà le siège d'une polarisation électrique et deviendra comparable à un feuillet magnétique présentant une différence de potentiel entre ses deux faces. On conçoit dès lors, vis-à-vis des électrolytes, une différence de perméabilité dans les deux sens : « la perméabilité sera accrue ou diminuée d'après l'orientation du champ électrostatique de diffusion » des substances dissoutes. Girard trouve, dans son hypothèse, une explication très plausible de l'hémiperméabilité des membranes de tissus vivants. Nous croyons le phénomène beaucoup plus complexe, fût-ce pour cette seule raison que les membranes cellulaires n'ont malheureusement pas la structure élémentairement simple des dispositifs ingénieux de J. Perrin; mais nous estimons aussi qu'il n'est point inutile de déterminer les mécanismes « minima» qui suffiraient à assurer le jeu de telles ou telles manifestations vitales isolées. Nous signalons à ce titre le court mémoire de P. Girard.

S'il fallait conclure ce chapitre sur les colloïdes, nous insisterions sur la nécessité, qui commence à s'imposer aux chercheurs, d'étudier la physico-chimie de la vie dans son sol natif, dans l'état colloïdal. Les lois purement physiques, comme les lois purement chimiques, sont, pour le « colloïde », des manières de lois limites: y être pleinement soumis, serait perdre

son originalité et celles précisément de ses propriétés qui le rendent le substrat le plus adapté aux phénomènes vitaux. D'autre part, la physico-chimie des colloïdes, si suggestive devant les faits du métabolisme, ne semble pas avoir grande prise sur la « morphologie » des organismes (1) : elle n'épuisera donc pas, tant s'en faut, les problèmes fonciers de la biologie. L'illusion sur ce point serait puérile. Mais eût-elle même, soit seule, soit conjointement avec d'autres sciences, démonté et réédifié, jusqu'au dernier joint, toute la structure phénoménale de l'être vivant, qu'elle aurait parachevé sans doute la théorie empirique de la vie, mais n'aurait encore aucunement « expliqué » la vie. Car la différence principielle entre une machine et un organisme vivant gît, non pas dans l'agencement constatable de leurs éléments empiriques, mais dans le fait que la finalité, qui coordonne ces éléments à un but commun, leur est, dans le cas d'une machine, imposée du dehors, tandis qu'elle est interne, immanente, dans un organisme. A vrai dire, l'appréciation de cette différence n'est plus du ressort des sciences positives.

Dans un second article, nous étudierons, en nous appuyant sur les pages qui précèdent, les vues actuellement régnantes au sujet de deux classes importantes de phénomènes physiologiques: la catalyse et les actions fermentaires, puis les réactions d'antigènes et anticorps.

J. MARECHAL, S. J.

(1) Cet article était écrit quand nous primes connaissance de la communication de R. Höber à la revue SCIENTIA (Vol. 7, 1910) sur le « rôle physiologique des colloïdes ». Tout observateur familiarisé avec la morphologie cellulaire reconnaitra, comme lui, le peu d'influence que les actions colloïdales semblent avoir sur la morphologie d'ensemble de la cellule. On peut conclure par un à fortiori à l'insignifiance de leur rôle dans la morphologie générale des organismes. Ce sont de bons matériaux de construction, sans rapport direct avec l'architecture spécifique de l'édifice.

VARIÉTÉS

I

EN MARGE DE LA GUERRE

BLESSURES ET MALADIES

Nous nous proposons, dans ces pages, d'envisager le danger que court le soldat exposé au feu des armes modernes, sur le champ de bataille, et guetté par la maladie, au cours de la campagne. Peut-être les quelques données générales que nous présenterons au lecteur lui permettront-elles de compléter ou de rectifier ce que les récits de guerre ne font souvent qu'effleurer pour s'étendre sur la stratégie, la tactique et la politique mondiale.

Le sujet, d'ailleurs, a bien son importance.

De l'étude comparée des statistiques, il résulte que, depuis un siècle et demi, le pour-cent des hommes tués au cours d'une bataille, ou mis hors d'état de continuer à se battre, n'a cessé de diminuer lentement. Au temps de Frédéric le Grand, le cinquième, en moyenne, des combattants était atteint; il est permis de penser que, dans une bataille prochaine, le dixième tout ou plus serait mis hors de combat.

Ces conclusions ressortent assez bien du tableau que nous donnons en annexe (1). Une statistique plus complète ferait mention des pertes éprouvées par heure de combat ; mais cette donnée, intéressante au plus haut point, quand on discute art militaire, est pratiquement sans intérêt pour le soldat qui risque sa vie;

(1) Voir aussi l'étude du capitaine F. Culmann sur Les caractères généraux de la guerre d'Extrême-Orient, 1909. Paris, Berger-Levrault.

il préférera lutter pendant dix journées consécutives que pendant deux heures seulement, si la probabilité de sortir sain et sauf de la bataille croit avec sa durée. A vrai dire, au moment de la crise, il ne s'attarde pas à ces comparaisons telle est, sans doute, son émotion, qu'il ne songe, dans la griserie de la poudre, qu'au danger du moment. Et qui oserait se croire totalement à l'abri de cette révolte du corps contre l'âme qui s'appelle la peur ? Turenne, en tous cas, avouait qu'il n'y échappait pas quand il s'écriait, s'adressant à lui-même, au début d'un combat : « Tu trembles, carcasse ! Tu tremblerais bien plus encore si tu savais où je vais te mener tout à l'heure ! » Et le général russe Skobeleff, qui semblait se jouer au milieu des balles ennemies et les bravait avec héroïsme, reconnaissait devant ses intimes qu'il connaissait la peur, et que, chaque fois qu'il prenait part à un engagement, c'était avec l'idée sombre qu'il n'en reviendrait pas.

Mais laissons les épreuves morales auxquelles le soldat est soumis; et retenons ce premier fait très consolant: la guerre est aujourd'hui moins meurtrière qu'elle ne le fut au début de l'utilisation systématique des armes à feu.

Il est vrai que le propre des moyennes est souvent de nous induire en erreur. A consulter le tableau que nous avons annexé à cette étude, et dont nous avons dégagé la conclusion précédente, il semblerait, par exemple, que chaque Prussien, à SaintPrivat, en 1870, ait eu 9 chances sur 10 de ne pas être atteint par les balles, les éclats d'obus ou l'arme blanche. Or, d'autres statistiques nous apprennent que, dans cette bataille, parmi les plus éprouvés, cinq régiments de la Garde perdirent chacun 40 p. c. de leur effectif en troupes, et de 54 à 73 p. c. de leurs officiers. Dans certaines unités moins importantes, les pertes furent plus sensibles encore: le bataillon de tirailleurs de la Garde vit tomber, en deux heures et demie, 450 hommes sur 900 et tous ses officiers. Par contre, certains corps, peu engagés, furent presque totalement épargnés. En pratique, plus les effectifs en présence sont considérables, plus est grand l'écart des pertes entre les unités les plus et les moins éprouvées. Cela tient à la difficulté qu'éprouve le chef à amener à temps toutes ses troupes sur le champ de bataille, à l'obligation de les faire marcher en colonnes profondes qui déversent lentement les renforts sur le théâtre de la lutte et à la nécessité pour le général en

chef de se constituer des réserves jusqu'au moment de l'attaque décisive.

Lorsque des troupes ont subi des pertes aussi considérables que celles que nous venons de rappeler, dans certains cas elles ont atteint 75 p. c. en quelques minutes cette catastrophe a été, en général, la conséquence d'une surprise par le feu, ou de la nécessité de s'exposer dans une zone de terrain particulièrement découverte. Que nous réserve ici l'avenir? Verrons-nous encore pareilles hécatombes?

Elles restent possibles évidemment.

D'une part, les officiers ne connaissent pas tous parfaitement leur métier si complexe, d'autant plus que les mille et une fictions des exercices et des manoeuvres du temps de paix faussent souvent les idées ; il n'y a plus en Europe que les Anglais et les Russes qui, de nos jours, aient fait la grande guerre. Des fautes graves pourront donc être commises dans la conduite des troupes. En outre, la qualité militaire des gradés inférieurs, qui ont aussi leur part de responsabilité, diminue à mesure que le temps de service actif est réduit et que l'appåt des situations lucratives dans les carrières civiles enlève aux armées, en temps de paix, les meilleurs éléments de ces cadres permanents dont elles ont si grand besoin. Hàtons-nous toutefois d'ajouter que le caractère foudroyant des surprises par le feu est tel, avec nos armes modernes, que la tactique a tenu largement compte, dans son évolution, des dangers courus par les troupes qui ne veilleraient pas avec un soin méticuleux à leur sécurité sur le champ de bataille; c'est pour prévenir ces surprises qu'elle a édicté tant de règles sévères, qui accumulent les précautions à prendre et multiplient les organes lancés de toutes parts pour tàter le danger et le signaler aux chefs.

Venons-en à la valeur destructive des différentes armes. Ici il y a lieu de distinguer les méfaits du choc de ceux des armes à feu. Le capitaine Culmann, dans l'ouvrage que nous avons déjà cité, consacre un chapitre important aux pertes et à l'efficacité de l'infanterie, de la cavalerie et de l'artillerie en 1870-71 et en 1904-05. Nous en résumons ici les parties les plus intéressantes.

Les armes blanches sont infiniment moins meurtrières que les armes à feu, ainsi qu'en témoigne le tableau suivant :

« ÖncekiDevam »