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trois siècles, le 11 mai 1610. Un comité de fètes s'est constitué en Italie dans le but de lui faire rendre, à l'occasion de ce troisième centenaire, des honneurs nationaux. De plus, pour glorifier d'une manière moins éphémère le grand missionnaire italien, ce comité a décidé la publication du texte original inédit de ses mémoires et de sa correspondance; idée des plus heureuses dont on ne saurait trop le remercier. Les Euvres inédites de Mathieu Ricci comprendront deux volumes. Le P. Tacchi-Venturi, à qui on doit la communication de ces précieux documents, en dirigera la publication. L'érudition et la compétence de l'éditeur nous est un garant du soin qui sera apporté à ce travail.

La mission Portugaise des pères jésuites de Macao a tenu, elle aussi, à commémorer le centenaire de son glorieux ancêtre. Dans ce but, elle publie la relation inédite des travaux et des derniers moments de Ricci, due à un ami intime et témoin oculaire, le P. Sabatino de Ursis. Datée de Péking et du 20 avril 1611, cette relation fut écrite sous le coup de l'événement, moins d'un an après la mort de Ricci. Sabatino de Ursis l'adresse au P. Antoine Mascarenhas, assistant de Portugal, à Rome; mais avec l'arrière-pensée, peu déguisée, de la voir largement communiquer en lecture par celui-ci. Italien de naissance, l'auteur écrit en Portugais. Il n'était cependant pas assez maitre de cette langue pour que son style ne s'en ressentit pas. Aussi l'éditeur de la pièce, le P. Valère Alexis Cordeiro, a-t-il pris sur lui de corriger quelques tournures par trop italiennes; mais il nous donne alors en note au bas des pages la leçon originale.

Le manuscrit du P. de Ursis se conserve dans les archives de la Compagnie. Le P. Cordeiro ne l'a pas eu en mains, mais il le publie d'après une photographie que lui a communiquée le P. Tacchi-Venturi. L'édition est élégante et très soignée.

Je n'ai pas à insister sur l'importance historique de ce document. Il faut le reconnaître cependant, le P. de Ursis met davantage en relief chez son ami, le religieux, le prêtre et le missionnaire, que le géomètre, le géographe et le savant. C'est naturel et le contraire eùt été étonnant. Il fallut bien des années encore pour que l'on pùt voir, à n'en plus douter, combien Ricci avait été heureusement inspiré en essayant de faire pénétrer la religion chrétienne en Chine, à l'ombre des mathématiques et des sciences européennes.

Voici une courte analyse de la pièce publiée :

Elle débute par une lettre d'envoi « Au très Révérend Père en Jésus-Christ, le P. Antoine Mascarenhas, de la Compagnie de

Jésus, Assistant de Portugal de notre P. Général à Rome. » Cette lettre est datée et signée : « De la résidence de Péking, le 20 avril 1611. De V. R. le fils et serviteur dans le Christ, Sabatino de Ursis. >>

Puis vient le mémoire lui-même intitulé : « Relation de la mort du P. Mathieu Ricci, l'un des premiers pères de la Compagnie de Jésus qui entrèrent au royaume de Chine, avec quelques-uns des faits de sa vie ». Le mémoire est daté, comme la lettre d'envoi, de Péking, le 20 avril 1611. L'auteur l'a divisé en dix chapitres.

Ch. 1. De l'entrée du P. Mathieu Ricci dans la Compagnie de Jésus et de son arrivée aux Indes Orientales.

Ch. 2. Comment le P. Mathieu Ricci entra en Chine et de ce qu'il fit à Xau Kin.

Ch. 3. Comment fut fondée la résidence de Xau Cheu et de ce qu'y fit le P. Mathieu Ricci.

Ch. 4. Comment le P. Mathieu Ricci fonda la résidence de Nan Cham, dans la province de Kiamsi, et de ce qu'il y accomplit.

Ch. 5. Comment le P. Mathieu Ricci alla une première fois à Péking, pour y offrir des présents au roi et comment il fonda la résidence de Nanking.

Ch. 6. Comment le P. Mathieu Ricci alla une seconde fois offrir des présents au roi à la cour de Péking, et fonda la résidence de cette ville.

Ch. 7. De quelques faits particuliers accomplis par le P. Mathieu Ricci dans la mission de Chine.

Ch. 8. De la mort du P. Mathieu Ricci.

Ch. 9. De quelques faits qui se passèrent à la résidence de Péking depuis la mort du P. Mathieu Ricci.

Ch. 10. Du terrain donné par le roi de Chine pour la sépulture du P. Mathieu Ricci.

En tête du volume on trouve un portrait de Ricci. A ce propos une observation. Le P. de Ursis dit en termes exprès (p. 56) que Ricci mourut le mardi 11 mai 1610 à sept heures du soir. Dans la légende ajoutée au bas du portrait on lit au contraire : << Obiit 8 Maii an. salutis 1610 ». Cette dernière date est inexacte et il faut s'en tenir à celle du P. de Ursis. J'y appelle l'attention, car la date du portrait se trouvant mieux en évidence que celle du P. de Ursis, un peu perdue dans le texte, le lecteur pourrait aisément être induit en erreur.

La courte, mais intéressante, préface du P. Valère Alexis Cordeiro est datée de Rome, le 11 mai 1910.

H. BOSMANS, S. J.

VI

TRAITÉ DE PHYSIQUE, par O. D. CHWOLSON, ouvrage traduit sur les éditions russe et allemande par E. DAVAUX. Édition revue et considérablement augmentée par l'auteur, suivie de Notes sur la Physique théorique par E. et F. COSSERAT. Tome IV, premier fascicule, Champ électrique constant. Un vol. grand in-8° de 430 pages, avec 165 figures dans le texte. Paris, À. Hermann, 1910 (1).

M. Chwolson aborde, dans ce fascicule, la dernière partie de son Traité de Physique, consacrée à l'énergie électrique, si riche en phénomènes intéressants, et si féconde en applications pratiques.

L'ampleur du sujet est ici la moindre des difficultés auxquelles se heurte actuellement un exposé didactique de cette partie de la science. Elles viennent surtout de l'instabilité des principes que, tour à tour, on a tenté de mettre à sa base; de la multiplicité des théories qui en sont sorties, toutes trop courtes par quelque endroit ; enfin de l'apport récent de découvertes considérables et inattendues en face desquelles le but, si l'on a pu parfois se flatter de l'avoir touché, s'est éloigné à ce point qu'on ne l'aperçoit même plus aujourd'hui.

M. Chwolson s'est rendu parfaitement compte de cette situation, et il est intéressant de voir comment il la décrit dans une introduction (pp. 1-14) que nous allons résumer.

A l'heure présente, on distingue « trois points de vue » principaux auxquels peuvent se placer ceux qui traitent d'électricité et de magnétisme. Du premier, on considère la « structure extérieure » d'un nombre immense de phénomènes extrêmement variés, appelés phénomènes électrostatiques et magnétiques, électrodynamiques et électromagnétiques, courants, décharges, radiations diverses, radioactivité, etc.; et on décrit les expériences quantitatives auxquelles on les soumet en vue de dégager les lois reliant entre elles les grandeurs qui les caractérisent lois de l'action mutuelle des corps électrisés et des aimants, du champ électrique et du champ magnétique, de

(1) Voir les comptes rendus des volumes précédents dans cette REVUE, 3 série, t. IX, pp. 295-302; t. X1, pp. 294-297; t. XII, pp. 270-275 et t. XVII, p. 653.

l'induction, des courants, de l'électrolyse, etc. Ce travail est fait pour un nombre considérable de ces phénomènes : nous savons dans quelles conditions ils se produisent et à quelles lois leur développement est soumis; en sorte que nous pouvons les reproduire, prévoir la marche qu'ils suivront et assigner le résultat auquel ils aboutiront.

L'horizon scientifique qu'on embrasse de ce point de vue est absolument libre de toute conception théorique tout cet ensemble de faits observés et de lois expérimentales est indépendant des opinions qui peuvent régner, parmi les savants, sur la nature de l'électricité et du magnétisme; mais ces opinions ont eu et ont encore une influence considérable sur la terminologie employée à décrire ces faits et à formuler ces lois.

De ce premier point de vue, on passe naturellement au second d'où l'on envisage les applications pratiques de ces connaissances acquises. C'est le domaine de l'électrotechnique, qui s'étend à perte de vue et grandit chaque jour, où l'électricité et le magnétisme devenus puissances industrielles et denrées commerciales sont mis au service du public dans la télégraphie, la téléphonie, l'éclairage, la traction, le transport de l'énergie, l'électrométallurgie, la galvanoplastie, la télégraphie sans fil et mille appareils domestiques et médicaux, dont l'âme est le courant électrique fourni par les piles, les dynamos, les accumulateurs, les batteries thermoélectriques, etc. La langue que parlent les ingénieurs est, elle aussi, empruntée aux conceptions théoriques; mais celles-ci sont absentes, le plus souvent, du fond même des choses où règne l'empirisme.

Il n'en est plus ainsi du troisième point de vue, celui des théoriciens, qui s'essaient à interpréter les phénomènes et leurs lois, s'efforcent de les expliquer ou, au moins, de subordonner l'ensemble à un très petit nombre de principes qui le contiennent comme le gland contient le chêne, et d'où chacun de ces phénomènes sort à son rang par voie de conséquence nécessaire.

Pareille ambition est vaste; les efforts qu'elle a provoqués ont été considérables et n'ont pas toujours été stériles; mais le but poursuivi n'a pas été atteint. « Il n'existe pas, en ce moment, dans la partie de la science qui a pour objet l'explication des phénomènes, de théorie solidement établie, sur laquelle on puisse s'appuyer d'une manière certaine et tout à fait hors de doute, pour rendre compte de tous les phénomènes. » Il n'existe que des théories fragmentaires qui réussissent ici et échouent ailleurs, qui suffisent à peu près et qu'on adopte aujourd'hui

faute de mieux, et qu'il faut définitivement abandonner demain : constructions de fortune, mal assises et trop étroites, qui laissent autour d'elles le terrain encombré d'une foule de faits qu'elles ne sauraient contenir, et dont l'ensemble incohérent et en désordre rappelle le spectacle qu'offre une exposition universelle le jour de son ouverture.

Trois conceptions principales, auxquelles correspondent trois images» que M. Chwolson appelle A, B et C, se partagent les explications proposées jusqu'ici des phénomènes électriques et magnétiques.

L'image A est celle que les fondateurs de la théorie mathématique de ces phénomènes ont créée, à l'imitation de l'hypothèse de Newton si merveilleusement féconde en astronomie. Elle suppose l'existence de substances particulières, désignées sous le nom de fluides impondérables, agissant à distance et dont le nombre a varié de quatre deux électricités et deux magnétismes à un. Les services qu'elle a rendus sont considérables, surtout en électricité statique où elle a permis l'application de la théorie du potentiel, et fourni une terminologie commode qui n'a pas cessé d'ètre employée.

L'image B rejette ces substances particulières, ces fluides impondérables différents de l'éther, et se refuse à admettre l'action à distance, pour n'invoquer que les propriétés d'un milieu universel, susceptible de modifications déformations et mouvements en lesquelles consistent essentiellement tous les phénomènes électriques et magnétiques. Faraday a ébauché cette image; Cl. Maxwell en a précisé les détails et l'a revêtue d'une forme mathématique: elle a conduit l'illustre physicien à la découverte de points de contact insoupçonnés entre la lumière et l'électricité et, finalement, à la théorie électromagnétique de la lumière. Plus tard, les célèbres expériences de Hertz nous ont mis en possession de phénomènes que l'image A ne pouvait ni prévoir ni expliquer, mais bien d'accord avec l'image B, dont elles confirment les idées fondamentales.

Un moment on a pu croire qu'on était définitivement débarrassé de l'électricité, forme de la matière, et que la considération des déformations mécaniques de l'éther nous donnerait le secret de toutes les manifestations de l'énergie électrique. Mais ces espérances ne se sont pas réalisées : l'image B s'est montrée impuissante à expliquer une foule de faits: ceux-là d'abord auxquels l'image A se prêtait le mieux; puis les phénomènes de l'électrolyse dont la théorie s'est développée en dehors d'elle;

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