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énergie potentielle proportionnelle à leur étendue. Si la rigidité des corps solides met, en général, obstacle à la mobilité de leurs éléments, elle ne la rend pas toujours impossible; notre collègue rappelle à ce propos les belles expériences de Spring sur la soudure de deux parties de même section d'un cylindre métallique soumises à une température de beaucoup inférieure au point de fusion (93, 132); peut-être aussi certains phẻnomènes d'écaillement qui se produisent quand on travaille à obtenir des arêtes vives, ont-ils pour cause, comme l'a suggéré Brillouin, l'existence de la tension. superficielle des solides.

Van der Mensbrugghe est revenu sur ces vues théoriques dans plusieurs de ses publications; il les a brièvement exposées, en 1900, dans le rapport Sur les phénomènes capillaires qu'il fut invité à présenter au Congrès international de Physique réuni à Paris (116). Dans ce même travail, il a groupé les résultats de ses recherches les plus importantes sur les propriétés de la couche de contact d'un solide et d'un liquide (24, 25, 63); sur la propriété caractéristique de la surface commune à deux liquides soumis à leur affinité mutuelle (70, 72), étude qui l'a conduit à une théorie nouvelle de l'étalement des liquides les uns sur les autres ; et sur la transformation que subit un liquide en s'écoulant dans un autre par un tube très effilė (72).

Quel sera le sort de cette nouvelle théorie ? L'avenir le dira. Depuis que les principes en ont été énoncés, l'attention des physiciens s'est portée ailleurs et est retenue par la découverte d'une foule de faits nouveaux dans d'autres domaines de la science. La capillarité n'est plus de mode; on la considère comme une mine épuisée, et l'on fouille des régions moins remuées dans l'espoir d'y rencontrer l'occasion de quelque découverte sensationnelle. D'ailleurs tous les physiciens admettent

aujourd'hui l'incontestable utilité pratique et l'extrême fécondité de la notion de tension superficielle; tous y ont recours dans leurs raisonnements et l'on peut dire que, pratiquement, la méthode de Young a triomphé. Il convient d'ajouter que les travaux de notre collègue ont beaucoup contribué, avec ceux de son illustre maître, à créer cette situation.

D'autre part beaucoup de physiciens se désintéressent de la question qui a tant préoccupé notre ami : l'existence de la tension superficielle est-elle réelle ou simplement apparente? Pour eux, le problème est oiseux, et ils le résolvent en le supprimant. L'attraction universelle qui, en mécanique céleste, explique tout, n'estelle pas elle-même inexplicable? Et les travaux de Newton, de Laplace et de tant d'autres, qui ont fait de cette hypothèse la base de leurs calculs, perdent-ils de leur valeur pour s'appuyer sur un symbole d'une simplicité et d'une fécondité qui en imposent l'emploi malgré le mystère dont il reste entouré?

Notre ami ne partageait pas ce dédain et nous ne l'en blâmerons pas. Jamais il ne se désintéresse du dernier mot; il pousse à bout chaque question qu'il aborde avec une persévérance inlassable et toujours fructueuse; n'eussions-nous recueilli de ses critiques des théories classiques et de l'exposé de ses vues nouvelles que les résultats expérimentaux de ses recherches sur l'élasticité des liquides, qu'il faudrait se féliciter grandement de ses efforts pour subordonner, mieux qu'on ne l'avait fait jusque-là, les conquêtes réalisées dans l'étude des propriétés des liquides à un même ordre d'idées générales et plus voisines des faits d'observation.

Il nous resterait à envisager l'écrivain et le vulgarisateur. Sans parler des nombreux rapports dont Van der Mensbrugghe fut chargé par l'Académie sur des mémoires de physique et de mécanique céleste, sa com

plaisance toujours prête et son talent de mettre la science à la portée de tous sans jamais l'abaisser, lui valurent souvent un surcroît de travail. A plusieurs reprises l'Académie l'entendit dans ses séances solennelles; les demandes de conférences et d'articles de vulgarisation affluaient; elles émanèrent souvent de la Société scientifique et de la rédaction de cette REVUE et ne furent jamais repoussées. Notre collègue puisait alors à pleines mains dans le trésor très riche de ses notes de laboratoire, et en un style simple, clair et précis racontait de façon charmante et éminemment instructive l'histoire merveilleuse d'une goutte d'eau, d'un grain de poussière, d'une particule d'air et vingt autres aventures dont il possédait si bien les moindres détails. Que d'expériences intéressantes il reste encore à glaner dans le champ qu'il a cultivé! On en ferait un livre d'initiation excellent, où l'art d'observer et d'expérimenter serait admirablement enseigné et où professeurs et élèves trouveraient, sur un grand nombre de manipulations classiques et une foule de problèmes que soulève l'observation courante, des indications de valeur (60, 82, 105, 107, 110, 115, 124, 137, 143).

Les notices biographiques que notre collègue a écrittes pour l'ANNUAIRE de l'Académie (52. 65, 79, 114) et la Biographie nationale sont des modèles du genre. Leur intérêt est accru par cette circonstance qu'ayant vécu dans l'intimité de plusieurs des savants dont il rappelle les travaux et raconte la vie, il trouve dans ses souvenirs personnels mille détails qui ajoutent beaucoup au charme de son récit. Il faut rappeler surtout sa notice sur Joseph Plateau, où le disciple a mis toute l'admiration et la reconnaissance qu'il avait vouées à son maître.

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On a dit d'Euler qu'il cessa de calculer et de vivre.

Ainsi notre ami poursuivit-il jusqu'à la fin ses travaux pendant sa dernière maladie il dictait encore quelques notes sur les propriétés des liquides. Mais il aimait à s'absorber dans de plus graves pensées. Le dernier livre qu'il ait lu est celui de Mgr Baunard, Le vieillard. Le jour où, terrassé par le mal qui devait l'emporter, il quitta son cabinet de travail pour se mettre au lit, cet ouvrage resta ouvert sur sa table et, sur la page interrompue on put lire ces lignes, les dernières peut-être qu'il ait lues: « Vienne la maladie, traînant derrière elle l'inévitable mort. Je ne la braverai pas comme le stoïcien : « Douleur, tu n'est pas » un mal ». Je l'accueillerai comme une messagère de la volonté d'un Maître qui est aussi un Père. »

Le vaillant ouvrier avait accompli sa tâche, le fidèle serviteur était prêt à répondre à l'appel du Maître, il s'endormit doucement dans la paix du Seigneur.

J. THIRION, S. J.

BIBLIOGRAPHIE

1863.

1864.

Abréviations

AFS Association française pour l'avancement des sciences;
ARA: Annuaire de l'Académie Royale de Belgique ;

ASS: Annales de la Société scientifique de Bruxelles ;

BAR: Bulletins de l'Académie Royale de Belgique ;

BCS Bulletins de la Classe des sciences;

:

CR Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris;
M in-4°, M in-8°: Mémoires de l'Académie royale de Belgique ;
Ibd: Même collection que celle indiquée dans le n° qui précède.

1. Sur la théorie mathématique des courbes d'intersection de deux lignes tournant dans le même plan autour de deux points fixes. M in-8°, XVI.

2. Sur quelques propriétés générales des polygones réguliers. BAR, (2), XVII, 153.

3. Sur quelques effets curieux des forces moléculaires des liquides. Ibd. (2), XVIII, 161.

1865. 4. Sur les propriétés de deux droites faisant avec un axe fixe des angles complémentaires. Ibd. (2), XX, 60.

1866.

1867. 1868.

1869.

5. Discussion et réalisation expérimentale d'une surface particulière
à courbure moyenne nulle. Ibd. (2), XXI, 552.

6. Sur la tension des lames liquides (1re note). Ibd. (2), XXII, 308.
7. Sur la tension des lames liquides (2o note). Ibd. (2), XXIII, 448.
8. Introduction à l'électrostatique et à la théorie du magnétisme et
de l'électrodynamique, par A. Beer. Traduction de l'électrosta-
tique. Paris, 1868.

9. Sur la tension superficielle des liquides considérée au point de
vue de certains mouvements observés à leur surface (1mémoire).
M in-4°. XXXIV.

10. Réclamation de priorité relative à la théorie de l'étalement d'un liquide sur un autre. ANN. DE POGGENDORFF, CXXXVIII, 323. 1870. 11. Sur la viscosité snperficielle des lames de solution de Saponine. BAR, (2), XXIX, 368.

12. Sur un principe de statique moléculaire avancé par M. Lüdtge. Ibd. (2), XXX, 322.

13. Note critique sur la Théorie mécanique de la chaleur par A. Dupré. REV. DE L'INSTRUCT. PUBLIQUE, année 1870.

14. Faits observés au contact de certains liquides de tensions superficielles très différentes. ANN. DE CH. ET DE PHYS. (4), XX, 121. 1871. 15. Traduction de l'article Experiments on formation of ringvortices in water, by H. Deacon. LES MONDES, XXVI, 194.

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