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GUSTAVE VAN DER MENSBRUGGHE

SA VIE ET SES TRAVAUX

La science belge vient de perdre l'un de ses représentants les plus autorisés.

Gustave Van der Mensbrugghe est mort à Gand, le 20 octobre 1911, après une pénible maladie que les secours de la religion, l'affectueux dévouement des siens et la respectueuse sympathie de ses collègues et de ses amis l'ont aidé à supporter avec une admirable sérénité.

Le 24 octobre, jour des funérailles, l'Université de Gand, en une réunion plénière solennelle, lui a rendu les honneurs qu'elle décerne à ses professeurs, et l'Académie royale de Belgique s'est associée à cet hommage. Quatre discours furent prononcés par M. de Brabandere, recteur de l'Université, M. Stöber, doyen de la Faculté des Sciences, M. Neuberg, directeur de la classe des sciences de l'Académie royale de Belgique, et M. Merlin, répétiteur à l'Ecole du Génie civil et des Arts et Manufactures, ancien élève du vénéré défunt. Ils rappelèrent en termes émus, les titres du dévoué collaborateur de J. Plateau, du Physicien éminent et du Professeur distingué, à la reconnaissance de l'Université, de l'Académie et du monde savant.

A son tour, la Société scientifique de Bruxelles veut honorer la mémoire de son excellent et savant ami.

G. Van der Mensbrugghe était des nôtres depuis longtemps et faisait partie, depuis 1897, du Conseil général de notre Société. Membre assidu de nos Congrès, il a présidé, à plusieurs reprises, les travaux de la Section des sciences physiques et enrichi nos ANNALES de nombreuses et précieuses communications. On a pensé que c'était dans cette REVUE qui lui était chère et à laquelle il collaborait encore au cours de sa dernière maladie, qu'il convenait d'esquisser sa vie, de rappeler ses travaux et de fixer le souvenir des sentiments qu'inspirait à tous son affectueuse cordialité.

I

ESQUISSE BIOGRAPHIQUE

LE COLLABORATEUR DE J. PLATEAU

Gustave-Léonard Van der Mensbrugghe est né à Gand, le 13 février 1835, l'année même où Joseph Plateau recevait la mission d'enseigner la physique à l'Université de cette ville. Rien ne permettait de prévoir l'intimité féconde qui unirait un jour cet enfant, né au sein d'une famille étrangère au monde universitaire, et le jeune professeur déjà célèbre par ses recherches sur les apparences visuelles, recherches aussi fatales hélas! à leur auteur qu'utiles à la science. Après de solides études moyennes à l'Athénée de Gand, couronnées par le premier prix de mathématiques au concours général de 1852 (classe de seconde), Van der Mensbrugghe entra à l'Université pour y parcourir avec éclat le cycle des études du doctorat en sciences physiques et mathématiques. J. Plateau n'était plus là: frappé de cécité complète, en 1843, il avait dû

renoncer à l'enseignement, et poursuivait, avec une force d'âme invincible et un succès croissant, ses travaux sur la statique des liquides soustraits à l'action de la pesanteur (1).

Cette époque est pleine d'intérêt pour la science en Belgique, et glorieuse pour l'Université de Gand. Elle nous offre ce spectacle, unique peut-être dans les annales de la physique, d'un savant que la perte de la vue aurait dû, semble-t-il, fatalement arracher à la carrière scientifique, réalisant des merveilles dans le domaine des recherches expérimentales grâce à l'aide désintéressée de collègues et d'amis dévoués, mettant leurs talents, leurs yeux exercés et leurs mains habiles au service de cette glorieuse infirmité. Parmi ces hommes de cœur, il faut citer ici, au nombre des disparus, les noms de F. Duprez, Lamarle et Donny, si dignes de reconnaissance et de respect. G. Van der Mensbrugghe devait bientôt se joindre à eux dans le cabinet de travail de Plateau et, après s'être montré infiniment secourable, il allait devenir, ä la grande joie du maître, le continuateur de son œuvre.

Notre ami était encore étudiant quand, en 1856, il fut mis en rapport avec J. Plateau et s'offrit à l'aider dans ses recherches sur les lames liquides minces; un tel rôle convenait à la fois à sa généreuse nature et à son goût inné pour la physique.

On ne peut songer sans émotion à la première rencontre de ces deux hommes unis désormais pour la vie.

« Il y a, dans la jeunesse de tout homme de science et, sans doute, de tout homme de lettres, a écrit Pasteur, un jour inoubliable où il a connu à plein esprit et à plein cœur des émotions si généreuses, où il s'est senti vivre avec un tel mélange de fierté et

(1) Voir, sur l'œuvre de J. Plateau, les articles du P. Delsaulx : Les travaux scientifiques de J. Plateau, publiés dans la REVUE DES QUEST. SCIENT. t. XV, pp. 114 et 518; et t. XVI, p. 383.

de reconnaissance que le reste de son existence en est éclairé à jamais.Ce jour-là, c'est le jour où il s'approche du Maître à qui il doit ses premiers enthousiasmes, dont le nom n'a cessé de lui apparaître dans un rayonnement de gloire. Voir enfin ces allumeurs d'âmes,... les entendre, leur parler, leur vouer de près, à côté d'eux, le culte secret que nous leur avions si longtemps gardé dans le silence de notre jeunesse obscure, nous dire leur disciple et ne pas nous sentir trop indigne de l'être! Oh! quel est donc le moment, quelle que soit la fortune de notre carrière, qui vaille ce moment-là et qui nous laisse des émotions aussi profondes (1) ? »

L'impérissable souvenir que notre regretté collègue en avait gardé s'affirmait en termes émus dans ses conversations intimes; tous ses écrits nous en apportent l'écho et il circule à travers toutes les pages de la notice qu'il a consacrée à celui qui, en retour de ses services excellents, fut le conseil et l'appui de ses premiers pas dans la carrière scientifique, l'inspirateur de ses travaux et le modèle de toute sa vie.

Au déclin de ses jours, sur une liste qui énumère les fonctions qu'il a exercées et les honneurs qu'il a reçus répétiteur de physique à l'École du Génie civil (1859); professeur de physique mathématique et de mécanique céleste à la Faculté des sciences de Gand (1872); professeur de physique expérimentale à l'École normale des sciences (1880); chargé du cours de géographie physique aux sections normales d'histoire et de langues germaniques (1883); recteur de l'Université (1900-1903); correspondant (1875) et plus tard (1883) membre titulaire de l'Académie royale de Belgique; directeur de la classe des sciences (1895); membre de la Société batave de Physique de Rotterdam

(1) Réponse de Pasteur au discours de réception de J. Bertrand à l'Aca démie française : J. Bertrand, Éloges académiques, t. I, pp. 25-26.

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