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LES RECHERCHES

DE MENDEL ET DES MENDELISTES

SUR L'HÉRÉDITÉ (1)

(Suite et fin).

II. LES TRAVAUX DES MENDÉLISTES

A. Découverte des travaux de Mendel.
Renouveau du mendélisme.

Les mémoires de Mendel demeurèrent longtemps ignorés du monde savant. Il est vrai qu'ils avaient paru dans le Recueil d'une société régionale, peu répandu dans les bibliothèques. Cette circonstance ne suffit cependant pas à expliquer la méconnaissance dont ils furent victimes. Mendel, en effet, avait luimême envoyé ses travaux à Naegeli, l'un des plus célèbres botanistes de l'époque et, d'autre part, les «Verhandlungen » de la Société de Brünn étaient reçues par quelques grandes bibliothèques, entre autres à la Société linnéenne de Londres. Peut-être faut-il avec Bateson expliquer cette indifférence des biologistes par l'apparition récente et l'immense succès de l'« Origin of Species » de Charles Darwin, qui, pendant quelque temps, accapara toute l'attention du monde savant.

(1) Voir la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES, 3o série, t. XX, livraison du 20 octobre, p. 353.

III SÉRIE. T. XXI.

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C'est en 1900 que les mémoires de Mendel furent « découverts ». En cette même année, trois botanistes, Hugo de Vries, Correns, Tschermak, ayant entrepris, indépendamment l'un de l'autre, des recherches sur l'hérédité en cas de croisement, furent conduits à retrouver, pour le monohybridisme et le polyhybridisme, des lois essentiellement analogues à celles de Mendel et même à proposer, à leur tour, l'hypothèse de la pureté des gamètes. Ce n'est qu'après avoir terminé leurs recherches et s'être fait une opinion sur l'interprétation des faits que, guidés par une brève mention de Focke (1), ils prirent connaissance des mémoires de Mendel et y retrouvèrent les lois et les hypothèses qu'ils venaient de formuler. Peu de temps après, parurent les premières recherches mendéliennes sur les animaux, dues à Bateson et à Cuénot.

Au début de ce siècle, le moment était particulièrement propice pour le succès de pareilles recherches. Les études de Biologie cellulaire, à peine nées au temps de Mendel, étaient entrées, depuis 25 ans, dans une phase de brillante activité. Entre autres, les phénomènes nucléaires qui signalent la maturation des cellules reproductrices commençaient à se dévoiler. D'autre part, les cytologistes avaient fait grand succès à l'hypothèse qui voit dans le noyau de la cellule le véhicule des potentialités héréditaires et on s'appliquait à rechercher, dans le détail de l'évolution nucléaire, le secret des manifestations variées de l'hérédité. Aussi un très vif intérêt s'attacha-t-il aux phénomènes mendéliens, qui apportaient le premier exemple d'une hérédité s'accomplissant suivant des lois rigoureuses et par conséquent, autorisaient la recherche précise d'une explication cytologique de la transmission héréditaire. L'intérêt grandit encore lorsque l'on crut avoir

(1) L'ouvrage de Focke: Die Pflanzenmischlinge, Berlin 1881, est le seul qui, avant 1900, consacre quelques lignes aux travaux de Mendel.

trouvé, dans les processus de la maturation des cellules reproductrices, le mécanisme de la ségrégation gamétique que comportait l'hypothèse de Mendel.

Le Mendélisme est maintenant devenu un des chapitres les plus importants de la Biologie générale. Il a ses écoles qui groupent toute une pléiade de travailleurs en Angleterre, Bateson et ses collaborateurs : Saunders, Punnett, Durham, Hurst, Gregory, Lock, Wheldale, Doncaster; en Allemagne, Correns, Baur, Haecker; en Hollande, de Vries, Tammes; en France, Cuénot, Coutagne, Vilmorin; en Autriche, Tschermak; en Suède, Nilsson-Ehle ; en Suisse, Lang; aux ÉtatsUnis, Davenport, Shull, Mac Dougal, Morgan, Castle, East, Hagedoorn, Tower; au Japon, Toyama; et d'autres.

Le Mendélisme a ses revues les REPORTS TO THE EVOLUTION COMMITTEE OF THE ROYAL SOCIETY (Londres), les PUBLICATIONS OF THE CARNEGIE INSTITUTION (Washington), le ZEITSCHRIFT FÜR INDUKTIVE ABSTAMMUNGSUND VERERBUNGSLEHRE (Berlin), l'AMERICAN NATURALIST (New-York), le JOURNAL OF GENETICS (Londres), lui font une part très large; d'autres recueils, très nombreux, publient, eux aussi, des recherches mendéliennes.

Aussi le nom du savant moine de Brünn est-il devenu de plus en plus glorieux. «Meine Zeit wird kommen », disait-il à ses amis. La prophétie s'est réalisée et on pourrait caractériser en partie l'époque scientifique actuelle en l'appelant « l'ère du mendélisme » (1).

Notre intention ne peut pas être ici d'exposer les résultats de tous les travaux qui ont été publiés par les

(1) Nous ne pouvons songer à donner ici une bibliographie complète du mendélisme. Nous voudrions cependant indiquer les principaux ouvrages synthétiques auxquels pourront recourir ceux de nos lecteurs qui désireraient, sur la question, plus de renseignements que ne leur en donnera le présent article. Certains ouvrages sont consacrés uniquement au mendélisme. Ce sont: Bateson, Mendel's principles of Heredity, 2e édition, Cambridge,

mendélistes. Nous voudrions seulement, par un choix d'exemples représentatifs, donner au lecteur un aperçu clairement ordonné des extensions nouvelles, des applications variées et des plus importantes modifications que les recherches récentes ont apportées aux lois et aux conceptions de Mendel.

Nous insisterons spécialement sur les catégories de faits qui peuvent présenter une plus grande importance au point de vue des théories, c'est à dire au point de vue de l'hypothèse mendélienne et des compléments qu'elle a reçus. Mais nous accorderons un soin tout spécial à tracer la démarcation entre les résultats positifs des expériences et les explications qui tendent à en rendre compte.

Pour assurer la clarté de notre exposé, il nous faut, dès maintenant, définir certains caractères du mendélisme d'aujourd'hui.

Avant tout, une question de terminologie. Tous ceux qui adoptent l'hypothèse de la pureté des gamètes, admettent qu'un individu de race pure provient de la

1909; ouvrage fondamental en la matière, un peu dur à lire sans une initiation préalable; Correns, Über Vererbunggesetze, Berlin, 1905; brochure déjà un peu ancienne, mais demeurée fort intéressante; Punnett, Mendelism,

3o édition, Londres, 1911; petit ouvrage très clair, utile pour une première initiation, mais un peu simpliste. D'autres ouvrages, envisageant d'une manière plus générale les questions de l'hérédité, consacrent de longs chapitres au mendélisme. Ce sont : Baur, Einführung in die experimentelle Vererbungslehre, Berlin, 1911; traitant surtout, avec une remarquable lucidité, du mendélisme dans les plantes et principalement d'après les expériences personnelles de l'auteur; Goldschmidt, Einführung in die Vererbungswissenschaft, Leipzig, 1911; les chapitres sur le mendélisme constituent l'exposé le plus complet de la question, ils sont en même temps très clairs et très bien ordonnés ; - Haecker, Allgemeine Vererbungslehre, Braunschweig, 1911; fort intéressant surtout parce que l'auteur y développe, en relation avec le mendélisme, ses conceptions cytologiques. Les ouvrages sur l'hérédité, de H. de Vries, de Johanssen, de Godlewski, de Lock, de Cuénot, de Thomson, renferment des exposés plus abrégés des lois mendéliennes. Dans les pages qui vont suivre, nous ne citerons les mémoires originaux que lorsque leurs résultats ne se trouvent pas encore mentionnés dans les traités que nous venons d'indiquer.

fusion de deux gamètes homodynames, porteurs de la même potentialité allélomorphique ; et qu'au contraire, un individu hybride, apte par conséquent à fournir une descendance disjointe, est issu de la fusion de deux gamètes hétérodynames (1). Bateson a proposé de recourir à cette conception pour définir d'un nom la pureté de race ou la nature hybride d'un organisme. Un individu de race pure est appelé homozygote, pour désigner que la zygote ou ceuf dont il provient a pris naissance par la fusion de deux gamètes homodynames; un individu hybride est, au contraire, appelé hétérozygote.

D'autre part, on donne souvent le nom de caractères unités, à ces caractères différentiels qui, dans la dissociation mendélienne, se comportent comme des unités antagonistes et on se sert du nom de facteurs hẻrẻditaires ou, à la suite de Johanssen, du nom de gènes, pour désigner ce quelque chose qui rend un gamète donné porteur d'une capacité allélomorphique précise et détermine dans l'individu nouveau l'apparition du caractère-unité correspondant. D'autres auteurs, avec Cuénot, maintiennent, pour désigner les facteurs, le nom de déterminants, emprunté à la terminologie de Weismann.

L'hypothèse elle-même de Mendel a revêtu chez beaucoup d'auteurs modernes une forme nouvelle que l'on désigne par l'expression: présence et absence. Mendel ne semble pas avoir essayé de se faire une représentation de la nature réelle des facteurs allélomorphiques. Il s'exprime néanmoins comme s'il pensait que les caractères récessifs et les caractères dominants. sont, les uns aussi bien que les autres, représentés dans les gamètes par des facteurs positifs. Actuellement, au contraire, beaucoup d'auteurs admettent qu'à chaque paire allelomorphique de caractères-unités, ne corres

(1) Ces expressions: homodynames et hétérodynames, n'ont pas encore, à notre connaissance, été employées jusqu'ici. Nous pensons qu'elles pour ront rendre des services.

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