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Comment cela s'est-il produit? Pourquoi mépriset-on aujourd'hui des arguments qui paraissaient hier encore irrefutables? - Les faits ont-ils changé ? Les réfutations ont-elles été plus convaincantes? Les expériences ont-elles trompé l'attente de ceux qui les ont entreprises et conduites? Toutes ces raisons pourraient être invoquées, et il serait aisé de répondre à ces questions par l'affirmative.

En effet, Darwin et ses continuateurs ont eu une conception vague de l'évolution et du transformisme. Ils ont émis, pour expliquer un très grand nombre de faits, des hypothèses qu'ils n'avaient pas pris la peine de vérifier, et même qui n'étaient pas vérifiables. Ils ont accumulé les interprétations ingénieuses, certes, en tenant compte des tendances et des opinions de l'époque; mais ils n'ont jamais tenté de trouver à leurs hypothèses un appui expérimental.

Il faut toutefois leur reconnaître le mérite d'avoir indiqué les faits sur lesquels l'expérience devait s'exercer, d'avoir soulevé les questions à éclaircir et d'en avoir donné des solutions, tout erronées qu'elles soient.

Elles étaient erronées en effet, mais l'expérience tarda pendant un demi-siècle à le démontrer.

Après cinquante années d'efforts pour établir les doctrines darwiniennes, on est obligé de revenir enfin à une autre doctrine antérieure de cinquante ans à celle de Darwin. La tendance actuelle est bien caractérisée par Gaston Bonnier :

Un siècle a passé aujourd'hui depuis l'apparition de l'œuvre de Lamarck, un demi-siècle depuis celle de l'oeuvre de Darwin; maintenant quelles sont les conclusions que fournissent l'examen attentif des faits, et les expériences entreprises? Des milliers de chercheurs dont l'ardeur première a été, il faut le reconnaître, suscitée bien plus par Darwin que par Lamarck, ont

essayé de scruter à fond la nature. Quelle est, à l'heure présente, la tendance actuelle de la plupart d'entre eux ? C'est la critique du darwinisme et la glorification du Lamarckisme (1). »

La doctrine de Lamarck est imposée maintenant par l'expérience, après avoir été ignorée et laissée à l'écart pendant près d'un siècle.

En comparant les idées de ces deux hommes, dont les noms sont désormais inséparables, nous devons faire quelques réflexions sur l'accueil qui leur fut fait par les biologistes.

Lamarck était un savant dont les oeuvres zoologiques nombreuses étaient appréciées par les spécialistes; les découvertes positives qu'il a faites sont restées des acquisitions précieuses pour la science. Son œuvre philosophique capitale eut le malheur d'avoir été écrite par un catholique et à une époque où son adversaire Cuvier était tout puissant en France. On n'accorda aucune valeur à ses théories, on les tourna mème en ridicule. Il mourut aveugle, méconnu, incompris de ses pairs, succombant sous les sarcasmes de ses contemporains savants ou philosophes. Sa fille, par piété filiale, le consolait en lui prédisant que l'avenir lui rendrait justice; elle ne croyait vraiment pas dire aussi vrai.

Darwin n'était pas un vrai savant. Il n'était pas rompu, comme Lamarck, à la sévère discipline scientifique qui s'acquiert par de nombreux travaux personnels. C'était plutôt un philosophe doublé d'un observateur souvent superficiel, mais doué d'un esprit très souple, très ingénieux, très habile à présenter au lecteur avec une grande vraisemblance, les choses dont il n'était pas certain. Il arrivait à un bon moment; on

(1) Gaston Bonnier, Pour et contre le darwinisme. REVUE HEBDOMADAIRE, juillet, 1911.

était fatigué d'accumuler des matériaux sans avoir d'idées générales pour les relier entre eux. On l'accueillit comme un sauveur; il fut entouré pendant toute sa vie de l'admiration de tous les savants, surtout des incroyants. Il n'eut pas le courage de se séparer de ses disciples, qui poussèrent ses sophismes jusqu'à leur dernière conséquence logique, malgré ses restrictions, à l'encontre de ses conseils de prudence, en dépit de ses scrupules. Il mourut entouré de gloire, mais pressentant l'étendue du mal qu'on avait commis en son nom, et entrevoyant la ruine de son système. Une fois de plus, que cette comparaison nous rappelle qu'il ne suffit pas d'avoir du génie pour conquérir le succès et la gloire en ce monde. On y réussit plus aisément par la souplesse et l'habileté, en flattant les erreurs et en suivant le courant des idées régnantes dans le milieu où l'on s'agite.

Voilà donc le Lamarckisme venu enfin à la mode. On va rechercher aujourd'hui les vieux bouquins enfouis sous des tas de poussière. Des auteurs dont les œuvres et les expériences gênantes avaient été méconnues et autour desquelles on avait en quelque sorte organisé la conspiration du silence, sont maintenant ramenés en pleine lumière. Mendel, Naudin, Jordan avaient entrepris d'étudier expérimentalement les questions si complexes d'hérédité; leurs résultats ne cadraient guère avec les idées régnantes; on n'eut pour eux aucune attention. Mais il fallut bien reconnaître la rigueur de leurs méthodes et l'exactitude de leurs résultats, quand on entreprit de faire comme eux, c'est-à-dire d'appuyer les vues théoriques par les preuves expérimentales. On finit trop souvent hélas! par où l'on aurait dû

commencer.

J'ai l'intention de vous entretenir aujourd'hui de quelques-uns des faits expérimentaux qui ont le plus contribué à ramener l'attention des biologistes vers les

idées de Lamarck. Je veux parler de l'influence du milieu extérieur sur les organismes vivants, et sur les transformations que subissent les espèces animales ou végétales qui y sont soumises.

Lamarck concevait la transformation des espèces comme le résultat de leur adaptation au milieu jointe à une longue hérédité des caractères acquis apte à la perpétuer.

Lamarck et ceux qui ont repris sa doctrine, les néolamarckiens, admettent donc que, sous l'influence du milieu, par l'action de causes externes et internes, les organismes vivants subissent des changements lents, gradués et insensibles, qui, aidés par le croisement entre espèces voisines, suffisent à expliquer la multitude des formes vivantes.

Les expériences poursuivies en Hollande par De Vries, ont en outre ramené l'attention sur une autre théorie émise par un émule et contemporain de Lamarck, Geoffroy Saint-Hilaire. Elle eut aussi un malheureux sort.

Geoffroy Saint-Hilaire ne partageait pas les vues de Lamarck sur la variation lente; il admettait plutôt la formation des espèces nouvelles par les variations brusques qu'on observe chez les individus de même espèce. Il fut vraiment le précurseur des mutationistes actuels, qui sont parvenus à prouver la possibilité de la transmission héréditaire des anomalies.

Une troisième opinion est actuellement défendue, qui essaye de réunir et de concilier les deux premières. Giard, professeur à la Sorbonne, distingue, parmi les facteurs d'évolution, des causes premières : le milieu cosmique comprenant le climat, la lumière, la température, la sécheresse, l'humidité, la composition physique et chimique du sol et des eaux, l'état mécanique du milieu, le vent, le mouvement des eaux; le milieu

biologique, comprenant l'alimentation, le parasitisme, la symbiose, etc.; et des causes secondaires qui, incapables d'expliquer seules les changements d'espèces, contribueraient seulement à l'accélération des variations. Il considère comme causes secondaires, l'hybridation, l'hérédité, la sélection naturelle ou sexuelle. Pour Giard, donc, la théorie des mutations serait un complément des doctrines de Lamarck et de Darwin, de la variation lente et continue.

C'est l'étude du milieu cosmique et celle des mutations qui ont retenu surtout l'attention des biologistes, pendant ces dernières années; c'est de quelques-unes des expériences réalisées dans cet ordre d'idées que je voudrais vous entretenir.

Il est incontestable que le milieu ambiant exerce sur les organismes vivants une action modificatrice. Action complexe, multiple en proportion de la structure des êtres vivants et de la composition chimique et physique de ce milieu.

Il me suffira de vous rappeler quelques expériences classiques pour vous en faire comprendre toute l'importance. Telle substance, même en proportion infinitésimale, est absolument nécessaire à la vie de certains êtres. Le champignon, connu sous le nom d'aspergillus niger, si abondant parfois dans nos pots de confiture, ne peut se développer si ce n'est en présence du zinc. Il suffit, d'après les recherches de Javillier, de de gramme de cette substance, pour que la culture prenne un développement normal, tandis qu'elle ne s'effectue pas en l'absence de ce métal.

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Une autre expérience montre quelle précision il faut atteindre et quelles difficultés il faut parfois vaincre pour éliminer telle ou telle substance de la composition des aliments du milieu alimentaire. Pouchet et Chabry, voulant étudier le rôle de la chaux dans le développe

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