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fréquemment même dans les potagers des Européens où parfois ceux-ci cultivent du tabac pour leur usage. La seconde raison est la paresse. Le noir ne veut pas s'astreindre à cultiver, et comme dans la région du Kwilu et du Kasai les femmes ne fument guère, elles se désintéressent de cette culture.

Les terrains généralement choisis par l'indigène pour la culture des quelques plantes nécessaires pour sa consommation ne sont pas seulement les amas de déchets provenant de l'alimentation et du balayage, mais aussi le voisinage de vieilles souches d'arbres brûlés, pourrissant dans le sol, ou encore celui des termitières.

Naturellement le tabac pousse fort bien dans les terres récemment déboisées. A Lukombe, poste de culture important de la Compagnie du Kasai, dans le Kwilu, les plantations d'irehs étaient partiellement envahies par des plantes de tabac et l'indigène avait soin, lors du nettoyage de la plantation, de respecter ces plantes qui procuraient une véritable culture intercalaire. Était-elle bien spontanée ? Le noir n'avait-il pas un peu aidé la nature?

Comme nous le disions plus haut, à la faible extension de la culture du tabac il y a quelques exceptions dans le Kasai. A ce propos M. Sapin cite ce qui se passe chez les Bimbadi de la région de Demba. Chez eux le tabac est assez largement cultivé, on en rencontre des champs de plus d'un hectare dans lesquels les plantes sont mises en lignes et cultivées sans écimage.

Dans le voisinage des Missions, la culture du tabac s'est aussi étendue, mais là elle a subi, naturellement, l'action directe du blanc.

Dans l'Entre-Kwilu-Kantja, la culture du tabac était prospère il y a quelques années, et y donnait lieu à un trafic annuel de quelques tonnes.

Les postes d'Eolo et de Luano achetaient le tabac aux indigènes et l'expédiaient dans d'autres régions, en particulier dans les postes de la steppe, où le tabac est rare par suite du manque de terrains appropriés à la culture.

Il y avait là un commerce intérieur qui pourrait être développé, car ce produit servait et peut encore servir de produit d'échange; par lui on peut obtenir du caoutchouc.

Malheureusement, par suite de circonstances diverses, plutôt accidentelles, les indigènes montrent une tendance accusée à réduire leurs cultures de tabac. Cependant cette région pourrait devenir un véritable centre de culture de cet excitant qui trouverait aisément un débouché, même en l'Europe, car il est de bonne qualité.

Les noirs emballent fort bien le produit qu'ils présentent sur leurs marchés sous des formes variées.

Il y aurait même lieu de croire, vu les soins de préparation du produit dans cette petite région, qu'un blanc a initié, il y a quelques années, le noir à faire du bon tabac dans l'Entre-Kwilu-Kantja.

Dans la région d'Eolo-Luano, le tabac est présenté en marottes; ailleurs il est mis en vente sous forme de tresses ou sous forme de masses dures. Celles-ci sont faites en contusant dans un mortier de bois les feuilles fraîches; la pâte ainsi obtenue est malaxée dans les mains, pressée dans de petits paniers et séchée au soleil. Elles se présentent donc en cônes de couleur noire ou verdâtre sur lesquels se marquent les côtes du panier dans lequel elles ont été pressées.

Le tabac en tresses est jaunâtre, il rappelle la couleur du tabac européen.

Mais le cas de réserves destinées à la vente est plutôt rare, bien que sur beaucoup de marchés congolais on puisse trouver du tabac; en général, l'indigène

prépare le tabac dont il a personnellement besoin, et sa prévoyance est très limitée; ordinairement en saison sèche, quand la plante a achevé sa croissance, il est pris au dépourvu et est amené à mendier, à profiter de la pipe d'un voisin ou ami, plus heureux que lui.

Quant au chanvre dont nous avons été amené à signaler l'utilisation en même temps que celle du tabac, nous avons pu recueillir dans nos entretiens avec M. Sapin quelques données assez intéressantes.

Dans presque tous les villages de la région du Kasai on rencontre le chanvre, mais en petite quantité, une ou deux plantes près des cases ou sur un tombeau.

Vraiment cultivé, il n'a été observé par M. Sapin que dans la région du Lulua, entre autres à Thimbumbang près de Kapulumba (Luluabourg); là, en 1906, il a rencontré des champs de chanvre de plusieurs

ares.

D'ailleurs les Lulua fument énormément le chanvre. La tige entière est utilisée; après une dessiccation rapide elle est pulvérisée.

Chez les Musongo le chanvre est, d'après M. Schmitz, découpé en morceaux, séché au soleil, puis tané dans un mortier avec du sel ou de la potasse et un peu d'huile. On obtient ainsi une masse solide, qui est mise à sécher sur le toit de la hutte; à ce mélange on ajoute parfois du tabac. C'est la femme qui fait cette préparation.

Quand on veut fumer, on prend un morceau de la masse que l'on émiette dans le fourneau de la pipe (1).

On fume le chanvre dans une pipe faite généralement d'une grosse calebasse dans laquelle on a adapté un réservoir en bois dur, en métal ou en terre cuite.

On fume rarement le chanvre en se passant la pipe, celle-ci paraît, chez les Lulua, devenue propriété per

(1) Les Basonge, loc. cit.

sonnelle. Hommes et femmes, femmes surtout, se rendent souvent au marché avec leur pipe et fument même en allaitant leur enfant.

Les indigènes Lulua fument souvent le chanvre dès le matin, et l'après-midi ils sont parfois si complètement abrutis qu'il devient difficile de leur faire comprendre quelque chose.

Le noir apprend très vite à fumer le chanvre et s'attache à cet excitant. M. Sapin, ayant dû s'arrêter avec sa caravane dans un village Lulua pendant quelque temps, a vu les hommes et surtout les femmes prendre très rapidement cette funeste habitude de fumer le chanvre. Au lieu de préparer la nourriture des hommes, elles allaient en cachette fumer du chanvre dans les cases de Lulua, et on devait les ramener ivres-mortes au camp.

II pense que malgré tous les efforts, il sera dans certaines régions difficile de vaincre cette passion du noir pour le chanvre; cela sera en tous cas une œuvre de longue haleine, car le noir est trop attaché à cet excitant pour ne pas lutter énergiquement contre celui qui voudra lui supprimer ce plaisir sensuel.

É. DE WILDEMAN.

LA PORTÉE PRATIQUE

DES

RECHERCHES D'ANTHROPOLOGIE PÉNITENTIAIRE

Le terme « anthropologie pénitentiaire » réclame quelque précision. Par recherches anthropologiques dans les prisons, il faut entendre l'étude des délinquants comprise dans son sens le plus large et s'étendant à leur hérédité, à leurs tares constitutionnelles ou morbides, à leur morphologie, à leurs acuités sensorielles, au fonctionnement de leur appareil nerveux, enfin au domaine, plus subtil mais combien plus intéressant, de la psychologie et du développement moral des délinquants.

A côté de cette analyse systématique de leur personnalité physique, fonctionnelle et morale, il convient de faire une part tout aussi large à l'étude si complexe des facteurs mésologiques et des influences sociales criminogènes. Disons tout de suite que ces recherches doivent se faire à un point de vue éclectique, seule méthode qui donne de bons résultats en anthropologie

criminelle.

Mais quelle peut-être la portée pratique des recherches anthropologiques dans les prisons?

La question s'impose après le bruyant insuccès des théories lombrosiennes, car l'exagération même et la généralisation hâtive de la thèse biologique de la cri

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