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L'ÉCLIPSE DE SOLEIL DU 17 AVRIL 1912

OBSERVÉE AU

LABORATOIRE DU COLLÈGE N.-D. DE LA PAIX A NAMUR

L'éclipse de Soleil du 17 avril dernier a fait l'objet d'observations variées de la part des Pères de la Compagnie de Jésus, réunis au Laboratoire de physique de la Faculté des sciences du collège Notre-Dame de la Paix qui, par un heureux hasard, se trouvait très voisin de la ligne centrale.

En attendant que les données recueillies aient fait l'objet d'un travail d'ensemble, qui promet des conclusions précises et intéressantes, nous donnons ici, dans une première partie, une note préliminaire du P. Lucas, professeur de Physique à la Faculté de Namur, sur l'organisation et les résultats immédiats des observations et, dans la seconde partie, une étude du P. F. Willaert, sur l'enregistrement cinématographique de l'éclipse dont il était chargé à Namur.

I

Organisation et résultats immédiats des observations

Le service de l'heure était assuré par une horloge Kessels aimablement prêtée par M. Lecointe, directeur du service astronomique de l'Observatoire royal d'Uccle.

Sa marche a été contrôlée par la réception photographique des signaux horaires et des battements émis par la tour Eiffel. A cet effet, grâce à la haute intervention de M. le Ministre des Sciences et des Arts et de M. Lecointe, un poste récepteur de T. S. F. avait été établi par le P. Lucas dans son laboratoire.

La méthode ordinaire de contrôle consiste à recevoir au téléphone les signaux horaires tandis que l'on suit

des yeux la marche de l'horloge à contrôler. Veut-on dans ce cas atteindre une grande précision, il faut prolonger l'observation pendant assez longtemps et recourir à la méthode des coincidences. C'est dans ce but que le service radiotélégraphique de la tour Eiffel a organisé les séries de battements envoyés entre 21 et 22 heures (1).

Nous obtenions une égale précision par la réception d'un seul signal horaire, et le procédé employé avait en outre l'avantage d'être entièrement objectif et d'éliminer toute équation personnelle.

Il s'agissait, en premier lieu, d'imprimer photographiquement sur un papier sensible enregistreur le signal radiotélégraphique.

A cet effet, le P. Wulf, du Collège Saint-Ignace à Fauquemont, s'est servi de son nouvel électromètre unifilaire.

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Un fil de quartz métallisé par pulvérisation cathodique, fixé à sa partie supérieure, est attaché par son extrémité inférieure à une boucle de quartz isolant et qui fait ressort (Fig. 1). Ce fil est parallèle aux arêtes

(1) Pour plus de détails voir la brochure publiée par le Bureau des longitudes Réception des signaux radiotélégraphiques transmis par la tour Eiffel. Paris, Gauthier-Villars, 1912.

de deux coins métalliques isolés, dans le plan desquelles il peut se mouvoir. On voit immédiatement que cet appareil ce prête à tous les modes d'emploi de l'électromètre à quadrants. On peut, par exemple, charger les deux coins à l'aide d'une pile et recevoir sur le fil mobile le potentiel à mesurer.

La sensibilité de l'appareil se règle par l'écartement des arêtes des coins et par la tension du fil. Son domaine d'emploi varie de l'ordre du millivolt jusqu'au potentiel explosif. Les lectures se font directement au microscope armé d'un micromètre oculaire ou bien par projection. Dans ce dernier cas, les déplacements du fil peuvent s'enregistrer photographiquement.

Les tracés fournis par cet appareil ne laissent rien à désirer au point de vue de la précision.

Voici maintenant comment se faisait, par l'intermédiaire de cet électromètre, la comparaison de l'horloge Kessels avec les signaux radiotélégraphiques de la tour Eiffel.

Au fond de la caisse de cette horloge, derrière la tige du pendule supposé immobile, on fixa un petit miroir concave. A la tige même fut attachée une lamelle métallique noircie. Une lampe Nernst envoyait un faisceau de lumière sur le miroir qui la concentrait en un foyer très petit. La source et le miroir étaient disposés de telle sorte que, dans le mouvement du pendule, la lamelle coupât la lumière exactement au moment du passage dans la position d'équilibre ou à peu près, ce qui n'a pas d'importance, comme on va le

montrer.

Le faisceau réfléchi dirigé par un système de lentilles vers l'appareil enregistreur formait sur le papier sensible une image ponctuelle: sur ce papier mobile se marquait donc une série de traits noirs après développement et parallèles au mouvement; les intervalles entre ces traits correspondent aux époques d'occultation du foyer lumineux par la lamelle. La

marche de l'horloge était dès lors enregistrée avec précision. En effet, le commencement d'un trait correspond toujours au même instant précis de la période d'oscillation du pendule, de même la fin des traits. Par suite, que l'occultation eût lieu en n'importe quelle position voisine de celle d'équilibre du pendule, le milieu d'un trait obscur répondait exactement à une des extrémités de l'oscillation du pendule, et le milieu de l'intervalle clair entre deux traits obscurs à l'autre extrémité.

Pour déterminer à quelles secondes répondait chacun des traits obscurs, il suffisait d'occulter le foyer « chronométrique » avec la main à une seconde connue et dont on prenait note. Cette opération fut répétée à plusieurs reprises comme contrôle.

Cela posé, pour la comparaison de l'horloge, il suffisait d'inscrire, simultanément et côte à côte, sur le papier sensible de l'enregistreur, d'une part, la série de traits donnant la seconde de l'horloge et, d'autre part, les déplacements du fil répondant à chaque émission radiotélégraphique.

Signaux horaires et battements radiotélégraphiques sont reçus à l'Observatoire royal au moyen du téléphone. Nous aurons ainsi les corrections éventuelles à apporter aux heures et les éléments nécessaires à l'utilisation des battements que, par surcroît, nous avons aussi enregistrés plusieurs fois.

La première question du programme comportait la détermination précise du deuxième et du troisième contacts au moyen d'un photomètre au potassium colloïdal d'Elster et Geitel (1).

(1) Des observations du même genre ont été faites au moyen d'un récepteur au sélénium, à l'Observatoire de l'Èbre, à Tortosa, par les PP. Wulf et Lucas, lors de l'Eclipse totale de Soleil du 30 août 1905. On en trouvera l'exposé, en français, dans les ANNALES DE LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE., t. XXX, seconde

Ce récepteur au potassium, tout récemment réalisé et non encore dans le commerce, avait été préparé et mis très aimablement à notre disposition par les inven

teurs eux-mêmes.

Il était monté dans un pont Wheatstone. Une des branches du pont renfermait le photomètre. Sa résistance était balancée par une résistance d'ionium (Bronson). Dans le pont se trouvait l'électromètre de Wulf décrit ci-dessus.

L'enregistreur photographique inscrivait, côte à côte, la variation de l'illumination et la marche de l'horloge.

La sensibilité, réglée deux minutes avant la phase maximum pour l'obscurité présumée, s'est trouvée trop grande pour la diminution de l'intensité lumineuse effectivement réalisée par l'éclipse. Le fil de l'électromètre a traversé tout le champ de l'appareil jusqu'à en sortir pendant les secondes de la phase maximum.

Cette méthode, due au P. Wulf, était donc excellente. Elle a fourni une courbe admirablement nette à laquelle, malheureusement, manque la partie la plus importante.

Un réglage plus heureux du diaphragme iris du photomètre, facile à réaliser grâce à l'expérience acquise, assurerait dans les prochaines éclipses un résultat qui ne laisserait rien à désirer.

Ce premier poste était dirigé par le P. Wulf assisté du P. Lucas.

A un second poste, le P. Stein, du Collège SaintIgnace à Amsterdam, fit au moyen d'un photomètre du même genre, mais moins sensible, un grand nombre de lectures visuelles pendant toute la durée de l'éclipse.

partie, pp. 380-405, et en allemand, dans la PHYSIKALISCHE Zeitschrift, 1. VI, pp. 832-847. Leipzig 1905. — Voir aussi ANNALES, t. XXXVI, première partie, p. 131, une communication du P. Lucas sur le même sujet.

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