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notre esprit. Plus l'homme s'attache aux choses matérielles, plus il s'assimile à la bête; plus au contraire il ambitionne les choses spirituelles, plus il s'assimile aux anges. De là mille et mille degrés, depuis la créature la plus imparfaite jusqu'à la plus parfaite; depuis l'homme animal, jusqu'à l'homme esprit; depuis celui qui est au dernier chaînon qui sépare l'homme de la bête, jusqu'à celui qui sépare l'homme des anges.

Avancement vers la perfection, voilà le bien, le vrai bien; et le vrai bien, c'est le but de notre destinée. La religion et la révélation nous l'apprennent. Être vertueux, c'est aspirer à une ressemblance avec la Divinité, se rapprocher de la vocation de l'homme, avancer vers l'unité de la créature et du créateur.

Dieu est l'amour le plus parfait et le plus pur; sa plus grande félicité consiste dans un amour incessamment actif; ses commandemens sont amour, et notre vocation n'est autre chose qu'amour.

Aimez-moi, aimez-vous les uns les autres; voilà son grand commandement. Que n'observons-nous ce commandement dans toute son étendue! Quelle félicité ne règnerait point sur la terre! mais les ténèbres de la discorde nous écartent toujours de la lumière, de l'unité et de l'amour. Que tous les hommes s'aiment

entre eux, voilà le monde heureux; mais loin de s'aimer, ils se haïssent, ils foulent aux pieds leur vocation, pour devenir des animaux

voraces.

Cessons toutefois de publier des maximes inconnues! Qu'il est petit le nombre de ceux qui comprennent le langage de l'amour! et ceux qui le comprennent, la Divinité inspire déjà ses maximes à leurs cœurs, sans le secours d'un faible mortel.

Sur le sentiment

DE MON EXISTENCE.

E sens mon existence, c'est-à-dire, je sens que je vis, que je suis un être qui

a la conscience de son existence! Mon œil voit la magnificence de la nature, les plaines fleuries, le vert bosquet, les forêts majestueuses; mon oreille entend le murmure des ruisseaux, les sons frétillans de l'alouette, le chant plus mélodieux du rossignol.

Je respire l'ambroisie des fleurs, je me délecte au doux parfum de la rose; mes joues sont sensibles au souffle caressant d'un vent léger; l'aimable zéphir en se jouant dans ma chevelure, rafraîchit de son haleine mon visage

brûlant. Ici s'offrent des branches chargées de fruits, qui me nourrissent et me restaurent; je savoure avec délices leur chair délicate et parfumée, ici la poire succulente, là le moelleux abricot, plus loin la riante cerise m'invitent à es cueillir; je veux, je puis aller à eux; je veux cueillir ces beaux fruits et je le puis; j'en jouis et je sens du plaisir à cette jouissance? Et l'être qui a la connaissance de cette sensation, c'est moi, moi qui suis une énigme à moi-même; qui existe maintenant ici, et qui n'existait point autrefois. Je suis, je sens mon existence. · Et qui m'a placé ici? qui a donné cette admirable structure à mon corps? qui m'a doué de la précieuse faculté de jouir de tout ce qui m'environne? quel est l'être à qui je suis redevable de tout cela? C'est celui qui a créé ces globes magnifiques, et dont la sollicitude bienfaisante s'étend à tout. Mais que sont les plaisirs de la nature matérielle auprès des sentimens de l'âme, auprès de ces tendres émotions qu'il a mises dans mon cœur?

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Si j'étais isolé sur la terre, les plus aimables jouissances de la nature extérieure me seraient bientôt insipides. — Mais sa main bienfaisante m'a donné des milliers de créatures pour compagnes; elle a mis dans mon cœur une sensibilité supérieure, pour sentir de concert les plaisirs que les autres sentent. Tout ce qui

m'entoure est animé; mille insectes divers rampent sous la plus petite de ces feuilles; tous vivent, tous sentent sa bonté.

Ici mille oiseaux égaient à l'envi le bosquet de leur ramage; là, le lion majestueux rugit le plaisir de son existence; ici, roucoule une tourterelle; là, j'entends la linotte siffler; plus loin la fauvette sautille, elle fredonne et se réjouit de son existence. Je suis au milieu de tous. Je vois, je sens, je partage leurs plaisirs; mais je sens aussi un pouvoir intérieur, un mouvement secret qui m'annoncent que j'ai de la ressemblance avec celui qui m'a créé.

Une voix intime me dit: Jouis de la vie qui t'est donnée. - Mille sentimens alors, mille mouvemens, auparavant inconnus, s'élèvent dans mon cœur. J'éprouve l'amitié, l'amour. La nature me conduit dans les bras d'une douce créature, être semblable à moi, où je retrouve un autre moi-même. J'aime, je deviens époux, ami; j'embrasse, je presse contre mon sein; je sens tout le plaisir de la vie, toute la volupté de mon existence. Ici les mouvemens de la nature m'attachent à des parens chéris; la sympathie à un ami fidèle; l'hymen et l'amour à une tendre épouse; la tendresse paternelle à des enfans.

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Que vous êtes bon, être infini à qui je dois tant de bienfaits! Quelle doit être votre inépuisable bonté! vous êtes l'amour; vous ressembler en amour, voilà ma vocation; tout m'annonce que c'est votre loi.

Mon sens intime me le dicte; il est écrit dans mon cœur en caractères ineffaçables.

Le désir de voir tout heureux autour de moi, est le plus fortuné de tous les désirs. Tout est bonheur pour l'homme; le malheur même sur notre globe, est une préparation au bonheur. Si nous ne sommes pas heureux par nousmêmes, nous le sommes en partageant le bonheur de nos semblables. Le plus pur des sentimens de l'âme que vous avez excité en nous, c'est celui de partager la joie et le malheur des autres. C'est à vous-mêmes, mes enfans, nous dites vous, que je confie le soin de votre bonheur; étendez ces bras que je vous ai donnés, pour vous secourir mutuellement; goûtez le plaisir d'essuyer une larme dans les yeux de votre frère.

C'est ainsi que vous nous avez parlé ; la tendre vigne soutenue par l'ormeau, le faible lierre qui embrasse l'arbre vigoureux pour s'élever, toutes les plantes des champs, les fleurs des jardins nous parlent votre langage. Oui, ce n'est qu'en aimant, en aimant ainsi que vous nous l'ordonnez, que je sens toute mon existence.

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