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Le 25 de ce mois, le Saint-Père arriva à Fontainebleau à midi et demi, assez fatigué du voyage.

Nous suivrons à présent, sur le séjour du Pape dans cette ville, sur son entrée à Paris et sur la fonction du sacre, le magnifique récit de M. Thiers, auquel nous ajouterons quelques détails (1).

C'est à Fontainebleau que Pie VII devait s'arrêter. Napoléon avait ainsi réglé les choses, afin d'avoir l'occasion de venir à la rencontre du Saint-Père, et de lui ménager deux ou trois jours de repos dans cette belle retraite. Il avait ordonné, pour ce jour-là, 25 Novembre, une chasse qui devait se diriger vers la route que suivait le Saint-Père. A l'heure où il savait que le cortége pontifical parviendrait à la croix de Saint-Hérem, il dirigea son cheval de ce côté, pour y rencontrer le Pape, qui arriva presque aussitôt. Il se présenta sur-le-champ à lui et l'embrassa. Pie VII, touché de cet empressement, regardait avec émotion, avec curiosité, cet autre Charlemagne, auquel il pensait sans cesse depuis quelques années, comme à l'instrument de Dieu sur la terre. On était au milieu du jour. Les deux souverains montèrent en voiture pour se rendre au château de Fontainebleau, Napoléon laissant la droite au chef de l'Eglise. Sur le seuil du palais, l'impératrice, les grands de l'empire, les chefs de l'armée étaient rangés en cercle pour recevoir Pie VII et lui rendre hommage. Celui-ci, quoique habitué aux pompes romaines, n'avait rien vu de si magnifique. Il fut conduit, entouré de ce cortége, à l'appartement qui lui était destiné. Après quelques heures de repos, suivant les règles de l'étiquette entre souverains, il fit visite à l'empereur et à l'impératrice, qui lui rendirent immédiatement cette visite. Chaque fois plus rassuré, plus entraîné par le langage séduisant de l'hôte qui s'était permis non pas de l'intimider, mais de lui plaire, il conçut une affection qu'à la fin de sa vie, après de nombreuses et terribles vicissitudes, il ressentait encore pour le

(1) Histoire du Consulat et de l'Empire, tom. v, pag. 256.

héros malheureux. Les grands de l'empire lui furent successivement présentés. Il les reçut avec une cordialité parfaite, et cette grâce des vieillards, qui a bien aussi son charme puissant. La figure douce et digne, le regard pénétrant de Pie VII, touchaient tous les cœurs, et il était touché lui-même de l'effet qu'il produisait. On ne l'avait entretenu d'aucune des difficultés qui restaient encore à régler. On avait ménagé sa sensibilité, sa fatigue. Il était tout entier à l'émotion, à la joie d'un accueil, qui lui semblait le triomphe même de la religion.

CHAPITRE HUITIÈME.

Sacre et couronnement de l'Empereur.

Pie VII aux Tuileries. Sa lettre à la reine d'Etrurie. Discours adressés au Pape par le Sénat, le Corps législatif et le Tribunat. Joie des Parisiens. Soumission des évêques constitutionnels. Conduite généreuse de l'empereur dans cette affaire. Le Pape réclame contre le mariage civil de l'empereur et exige qu'il soit béni par l'Eglise avant son sacre. Réponse de l'empereur au Sénat. Cérémonie du sacre et du couronnement. Serment de l'empereur. Pourquoi il se mit lui-même, dans la cérémonie du sacre, la couronne sur la tête ?

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Le moment était venu de partir pour Paris et d'entrer dans cette redoutable cité, où depuis un siècle fermentait l'esprit humain, où depuis quelques années se réglaient les destinées du monde. Le 28 Novembre, après trois jours de repos, l'empereur et le Pape montèrent dans une même voiture, afin de se rendre à Paris, celui-ci occupant toujours la droite. Le Pape fut logé au pavillon de Flore, qui avait été disposé pour le recevoir.

Le Saint-Père jouit aux Tuileries d'une surprise qu'il devait à une attention délicate de l'empereur. On avait meublé ses appartements, dans ce palais, comme ceux du Pape à MonteCavallo et au Vatican. Le vénérable Pontife retrouvait sa croix, son prie-Dieu, son bénitier; il ne changea rien à son genre de vie, conservant avec une religieuse fermeté ses habitudes d'anachorète. L'empereur venait le visiter assidûment, et le Pape ne parlait jamais de Napoléon, qu'en employant les expressions d'une sympathie sincère et vraiment paternelle. A cinq heures du matin, le Pape se levait; après la messe, il vaquait aux affaires dont la connaissance lui était soumise.

Pie VII fut si touché de ces attentions de l'empereur, qu'il en informa aussitôt la pieuse reine d'Etrurie.

Paris, 30 Novembre 1804.

«L'intérêt et l'attachement que Votre Majesté nous a montrés, nous oblige de lui faire part de notre heureuse arrivée dans cette capitale. Nous y arrivâmes avec la spéciale protection de Dieu, le soir du 28, en compagnie de Sa Majesté impériale, qui était expressément venue à notre rencontre à Fontainebleau. Les attentions d'affection dont l'empereur et l'impératrice nous comblent, sont vraiment extraordinaires et sans nombre: elles nous rappellent celles que nous avons reçues de Votre Majesté. Nous n'en perdrons jamais le souvenir et nous en conserverons toujours une vive reconnaissance, animé du désir de pouvoir vous en donner quelque témoignage ».

Pie VII.

On donna au Pape la journée du 29, pour se remettre entièrement, et le 30, on lui présenta le Sénat, le Corps législatif, le Tribunat et le conseil d'Etat. Les présidents de ces quatre corps lui adressèrent des discours dans lesquels ses vertus, sa sagesse, sa noble condescendance envers la France, étaient célébrées en termes brillants et dignes. Cependant, au milieu de ces harangues, fugitives comme la sensation qui les inspire, il faut remarquer celle de M. de Fontanes, grave et durable comme les vérités dont elle était pleine. Le Saint-Père avait été averti de la réputation de l'orateur, et il lui adressa luimême quelques compliments avant de l'entendre, puis le considéra tranquillement, de ce regard céleste que M. de Pradt a peint avec tant de grâce et de vérité.

M. de Fontanes abaissa un moment ses yeux, et parla ainsi :

<< Très-Saint Père,

« Quand le vainqueur de Marengo conçut, au milieu du champ de bataille, le dessein de rétablir l'unité religieuse et

de rendre aux Français leur culte antique, il préserva d'une ruine entière les principes de la civilisation. Cette grande pensée, survenue dans un jour de victoire, enfanta le Concordat; et le Corps législatif, dont j'ai l'honneur d'être l'organe auprès de Votre Sainteté, convertit le Concordat en loi nationale.

<< Jour mémorable, également cher à la sagesse de l'homme d'Etat et à la foi du chrétien! C'est alors que la France, abjurant de trop graves erreurs, donna les plus utiles leçons au genre humain. Elle sembla reconnaître devant lui, que toutes les pensées irréligieuses sont des pensées impolitiques, et que tout attentat contre le christianisme est un attentat contre la société.

« Le retour de l'ancien culte prépara bientôt celui d'un gouvernement plus naturel aux grands Etats, et plus conforme aux habitudes de la France. Tout le système social, ébranlé par les opinions inconstantes de l'homme, s'appuya de nouveau sur une doctrine immuable comme Dieu même. C'est la religion qui poliçait autrefois les sociétés sauvages; mais il était plus difficile aujourd'hui de réparer leurs ruines que de fonder leur berceau.

<< Nous devons ce bienfait à un double prodige. La France a vu naître un de ces hommes extraordinaires, envoyés de loin en loin au secours des empires qui sont prêts à tomber; tandis que Rome, en même temps, a vu briller sur le trône de saint Pierre, toutes les vertus apostoliques du premier âge. Leur douce autorité se fait sentir à tous les coeurs. Des hommages universels doivent suivre un Pontife aussi sage que pieux, qui sait à la fois tout ce qu'il faut laisser au cours des affaires humaines, et tout ce qu'exigent les intérêts de la religion.

<<< Cette religion auguste vient consacrer avec lui les nouvelles destinées de l'empire français, et prend le même appareil qu'au siècle des Clovis et des Pépins.

<< Tout a changé autour d'elle; seule, elle n'a pas changé. <«< Elle voit finir les familles des rois comme celles des

sujets; mais, sur les débris des trônes qui s'écroulent, et

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