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nécessaire de le solliciter à ce qu'on veut, sans trop se fâcher. Il a déjà été accordé tant de choses, qu'en poussant au delà trop vigoureusement, on pourrait mettre au désespoir, non-seulement le Pape, mais encore les vieux cardinaux qui ont passé quatrevingts ans, et qui disent en théologiens : Je vais paraître devant Dieu, auquel seul je devrai compte; que m'importe la puissance de la France?

« J'ai déterminé le Pape à consulter, sur la proposition d'envoyer ses pouvoirs au cardinal Caprara, au sujet du Concordat avec la République italienne. Il y a une assemblée des premiers conseillers du Pape. J'ai fait tout mon possible pour amener une bonne décision. Il n'a pas été possible d'obtenir les pleins pouvoirs.

<< Le cardinal Caprara reçoit des instructions très-étendues, qui lui feront connaître les objections qui s'opposent à sa demande.

<< J'ai l'honneur, etc. >>

Signé : CACAULT.

On concevra facilement la juste résistance du Pape, pour peu qu'on considère, d'un côté, l'esprit hostile dont les négociateurs cisalpins, à Milan, étaient animés contre l'Eglise, et de l'autre, les déclamations des évêques non démissionnaires de Londres, contre le Concordat de 1801. Pie VII se trouvait entre ces deux écueils, et devait tout éviter pour ne pas donner occasion aux uns de chanter victoire, et ne pas fournir aux autres des armes pour justifier en quelque sorte leur opposition opiniâtre contre le Saint-Siége.

Bonaparte fut également très-affecté de ce mauvais vouloir des Cisalpins. Il faut le dire, à son honneur, il était le seul qui agit franchement dans cette négociation; le seul encore qui voulût le Concordat. Irrité par la versatilité et les subterfuges des négociateurs à Milan, il prit cette affaire exclusivement entre ses mains.

Les Cisalpins avaient même demandé qu'on insérât, dans le

projet du Concordat, qu'au fond du cœur ils n'aimaient pas, deux conditions vraiment humiliantes pour le Pape; savoir, qu'on défendrait aux évêques de se rendre à Rome pour la visite apostolique, et que le Pape ferait, dans un article exprès, cession formelle de ses trois légations à la République cisalpine. Bonaparte rejeta avec dédain ces conditions déshonorantes, qui seules, comme il s'exprimait, rendraient impossible toute négociation d'un Concordat avec le Saint-Siége (1).

Napoléon informa enfin, le 28 Juillet, le Pape, qu'il avait remis au cardinal Caprara un premier projet pour le futur Concordat, et l'assura qu'il allait faire tout son possible, pour que cette négociation, malgré l'opposition des Cisalpins, se terminât à sa juste satisfaction: il le pria de conférer pour cela, au cardinal Caprara, les pouvoirs nécessaires. Il lui renouvela cette demande, le 4 Août, en disant (2) :

<<< Il me paraît convenable, pour l'intérêt de la religion dans la République italienne, que Votre Sainteté donne au cardinallégat les pouvoirs nécessaires pour conclure et signer. J'ai pris en considération les observations du cardinal, et je lui ai fait remettre un projet très-avantageux au Saint-Siége, mais sur lequel on fait beaucoup d'objections à Milan; il me paraît donc important de finir promptement ».

Voici ce projet en question (3):

Projet de convention entre Sa Sainteté le Pape Pie VII
et la République italienne.

ARTICLE PREMIER.

<< La République italienne déclare que la religion catholique, apostolique et romaine, continue d'être la religion de la République.

(1) Correspondance de Napoléon Ier, tom. vII, pag. 684, no 6212.

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pag. 703, no 6231.

(3) Archives du ministère des affaires étrangères, à Paris.

ARTICLE 2.

« Il y aura dans la République italienne quatre archevêchés et vingt évêchés.

«Les archevêchés seront ceux de Milan, Bologne, Ravenne et Ferrare.

<< Les évêchés seront ceux de Brescia, Bergame, Pavie, Côme, Crema, Novarre, Vigevano, Crémone et Lodi sous la métropole de Milan;

«De Modène, Reggio et Imola sous la métropole de Bologne; << De Césène, Forli, Faenza et Rimini sous la métropole de Ravenne;

<< De Mantoue, Comacchio, Vérone et Adria sous la métropole de Ferrare.

ARTICLE 3.

<<< Les biens et revenus des évêchés supprimés feront une partie de la dotation des évêchés conservés, des séminaires et autres établissements ecclésiastiques.

<< La répartition de ces biens et celle du territoire des évêchés supprimés, sera faite d'accord avec le Saint-Siége.

ARTICLE 4.

<< Les titulaires actuels des évêchés supprimés, seront nommés à ceux des évêchés conservés qui sont aujourd'hui vacants.

ARTICLE 5.

<< Le Président de la République italienne nommera aux évêchés et archevêchés des ecclésiastiques ayant les mœurs et les qualités exigées par les saints canons.

<< Sa Sainteté conférera l'institution canonique dans les formes établies.

ARTICLE 6.

« Les archevêques et les évêques prêteront le serment de

fidélité entre les mains du Président de la République, dans la forme suivante :

« Je jure et promets à Dieu, sur les saints Evangiles, de garder obéissance et fidélité au gouvernement établi par la Constitution de la République italienne. Je promets aussi de n'avoir aucune intelligence, de n'assister à aucun conseil, de n'entretenir aucune ligue, soit au dedans, soit au dehors, qui soit contraire à la tranquillité publique; et si, dans mon diocèse ou ailleurs, j'apprends qu'il se trame quelque chose au préjudice de l'Etat, je le ferai savoir au gouvernement.

ARTICLE 7.

<< Les curés prêteront le même serment entre les mains des autorités civiles désignées par le Président de la République.

ARTICLE 8.

<< Les biens qui sont affectés à la dotation des évêchés, archevêchés, cures, chapitres, séminaires et pour les fabriques des églises et autres établissements ecclésiastiques, continueront à ne pouvoir pas être aliénés, ni subir aucun changement que d'accord avec le Saint-Siége.

ARTICLE 9.

<«<La République italienne maintient les ordres religieux qui servent à l'instruction publique et aux hôpitaux.

<< Tous les religieux appartenant à d'autres ordres devront rester dans des couvents soumis à leur règle, et auront le droit de porter leurs habits jusqu'à ce qu'ils s'éteignent.

ARTICLE 10.

<< Il sera nécessairement conservé dans la République italienne un nombre suffisant de couvents de religieux. Chacun de ces couvents sera tenu de recevoir des pensionnaires, et restera soumis à la règle de son ordre.

ARTICLE 11.

« Les évêques, prêtres et tous autres ecclésiastiques sont dispensés du service militaire.

ARTICLE 12.

<< Sa Sainteté, pour le bien de la paix, déclare que ni elle, ni . ses successeurs ne troubleront en aucune manière les acquéreurs des biens ecclésiastiques aliénés, et qu'en conséquence, la propriété de ces mêmes biens, les droits et revenus y attachés demeureront incommutables entre leurs mains ou celles de leurs ayant cause.

ARTICLE 13.

<< Sa Sainteté reconnaît dans le Président de la République italienne, les mêmes droits dont jouissait l'empereur comme duc de Milan».

NOTA. « Le commencement de l'article 9 pourra être rédigé comme il l'est ci-dessus, ou de la manière suivante :

<< Les ordres religieux qui servent à l'instruction publique et aux hôpitaux seront maintenus, etc., etc.

<< Le choix de ces deux rédactions dépend entièrement des parties contractantes ».

Pie VII, aux prises avec les plus grandes angoisses, s'ouvre, le 28 Septembre (1), dans toute la candeur de sa belle âme à Bonaparte au sujet du Concordat projeté. Quelles sont touchantes les paroles par lesquelles il commence sa longue lettre, écrite de sa propre main !

<< En lisant votre lettre du 28 Juillet, nous étions profondément pénétré des sentiments d'élévation, de bonté et de

) Archives du ministère des affaires étrangères, à Paris, et Pièces justificatives, no 2.

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