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temps, que nous allons successivement produire, justifieront pleinement notre assertion, toute dure qu'elle semble être.

L'Italie fut le premier pays qui, par suite des événements survenus en France depuis 1789, se remua, comme on disait alors, pour secouer ses chaînes séculaires et sortir de sa tombe. Les armes victorieuses de la France, à peine entrées en Italie, furent saluées avec enthousiasme, comme le signal du réveil national. Avec leur aide et sous leur protection, se formèrent aussitôt trois républiques, plus ou moins façonnées sur celle de la France. L'étendard de la liberté allait malheureusement de pair avec celui de l'impiété. Ce fut la République cisalpine qui, la première, déploya ce fatal drapeau contre l'Eglise. Voici sa proclamation, datée de Modène, le 15 pluviôse an VI (3 Février 1797), et adressée aux évêques de son territoire.

<< La République cisalpine et les gouvernements qui la composent, se trouvent en guerre ouverte avec le Pape; étant protégés par la France, ils ont envoyé leurs cohortes, avec les républicains français, contre les troupes pontificales. Nous nous trouvons donc, par cela même, dans la nécessité impérieuse de prohiber tout commerce avec la cour de Rome, sauf l'obéissance canonique due au Chef de l'Eglise, seul dogme essentiel de la religion catholique. Dorénavant il ne sera donc plus permis de recourir à Rome pour obtenir des dispenses de toute espèce, des collations, des bénéfices, etc. Tout papier qui vient de cette cour, n'aura dès ce moment aucune valeur et sera réputé nul ipso facto. Vous devez suppléer aux besoins de l'Eglise avec cette autorité qui vous a été transmise par les Apôtres, et ce que vous comptez de droit divin. Nous nous confions dans votre amour pour l'ordre public, pour croire que vous vous conformerez exactement à la présente disposition ».

Bonaparte, général en chef de l'armée d'Italie, s'empressa aussitôt d'étouffer ce cri d'impiété dans la nouvelle République, et de la ramener à des conseils plus sages, dans sa célèbre allo

cution au peuple cisalpin, datée de Milan, le 22 brumaire an vi (13 Novembre 1797):

<< Nous vous avons donné la liberté; sachez la conserver. << Vous êtes, après la France, la République la plus peuplée et la plus riche; votre position vous appelle à faire une grande figure dans les affaires de l'Europe.

<< Afin que vous soyez dignes de votre destinée, ne faites que des lois sages et modérées; faites-les ensuite exécuter avec force et énergie.

<< Favorisez la propagation des lumières, et respectez la religion ».

Mais malheureusement, la noble voix du libérateur de l'Italie ne fut point écoutée.

La guerre contre l'Eglise alla en croissant, et surtout depuis le départ de Bonaparte pour l'Egypte. On chassait les évêques de leurs siéges, on s'emparait des biens de l'Eglise, on supprimait les instituts religieux, on insultait les ecclésiastiques pendant les saintes fonctions, on dépouillait les églises des vases et des parements sacrés, et on les exposait au mépris public, puis on les profanait d'une manière scandaleuse. La correspondance des évêques de la Lombardie, de la Vénétie, du Piémont et des Romagnes, avec le Saint-Siége, à cette époque, contiennent des faits de profanation cynique et brutale, quant au culte et à ses ministres, tels que nous craindrions de blesser le sentiment moral si nous les produisions. On alla même si loin dans cette guerre impie contre l'Eglise, qu'on défendit aux évêques de faire mention, dans leurs mandements, du Saint-Siége, de pouvoirs reçus de lui, et on leur prescrivit, dans le cas où ils auraient à faire usage des facultés, des dispenses, etc. qui ne leur compétaient pas, d'agir uniquement nomine Ecclesiæ, c'est-à-dire au nom de l'Eglise, et jamais en vertu des facultés obtenues par le Saint-Siége. Terrorisme sans doute inconcevable, auquel pourtant les évêques, bon gré mal gré, de

vaient se soumettre pour pouvoir continuer leur mission apostolique, et dispenser à leurs fidèles les consolations de la religion.

Ce fait paraît incroyable, et il est pourtant constaté par une lettre remarquable, que le cardinal Chiaramonti, évêque d'Imola, devenu, lui aussi, cisalpin par le traité de Campo-Formio, du 30 Septembre 1797, avait écrite, à ce sujet, le 1er Janvier 1798, au cardinal Doria, secrétaire d'Etat de Pie VI, qui, peu après, le 15 Février de cette même année, par un acte du soi-disant peuple souverain de Rome, fut déclaré déchu de sa souveraineté temporelle, et amené ensuite captif à la chartreuse de Florence.

Rome même, pour sauver la foi des peuples de l'Italie, dut fléchir devant cette triste et déplorable nécessité, en accordant aux évêques cisalpins, par un décret du Saint-Office ou de l'Inquisition, du 3 Février, la permission de pouvoir, pendant la tempête de la révolution, se servir, dans leurs mandements et autres actes de juridiction, de la formule octroyée nomine Ecclesiæ.

Cette décision de Pie VI, un de ses derniers actes à Rome, par une disposition merveilleuse de la Providence, fut faite en faveur de celui qui, un peu plus tard, devait lui succéder dans la chaire de saint Pierre.

Bonaparte, à son retour d'Egypte, envoyé, par le Directoire, une seconde fois en Italie, pour y recueillir, sur les champs de bataille, de nouveaux lauriers plus glorieux encore que ceux dont il venait de ceindre son front en Orient, au pied des Pyramides, fit hautement entendre aux jeunes autorités républicaines de la haute Italie, aux Cisalpins comme aux Transpadans, ce qu'il pensait de la religion et de l'Eglise, et ce qu'il attendait d'eux quant à l'une et à l'autre. Sa célèbre allocution au clergé de Milan, du 5 Juin 1799, aurait dû éclairer ces impies sur leur guerre insensée contre l'Eglise. C'était le grand programme religieux que Napoléon allait exécuter en France et dans tous les pays qu'il soumettait, soit à son sceptre, soit à sa protection, pour la pacification religieuse et politique des peuples.

Rentré en France, il suivit d'un oeil attentif la marche

des affaires religieuses en Italie, et s'opposa à toutes les violations de la paix de l'Eglise. Ainsi chargea-t-il M. de Talleyrand, le 20 Novembre 1800, d'aviser les ministres de la République cisalpine de s'opposer aux vexations dont les prêtres étaient fréquemment l'objet (1).

Paris, 1er frimaire an IX. (22 Novembre 1800.)

« Vous écrirez aux citoyens Jourdan et Petiet, que c'est avec peine que je vois que l'on cherche à inquiéter les prêtres. Recommandez-leur d'agir avec fermeté, pour qu'on ne les inquiète ni dans leur personne ni dans leur spirituel. Quelques faiseurs de villes cherchent à les exciter; c'est le même moyen que l'on a employé au commencement de la campagne passée ; il produirait aujourd'hui les mêmes résultats. Qu'on respecte les prêtres, c'est le seul moyen de vivre en paix avec les paysans italiens >>.

BONAPARTE.

Le vénérable archevêque de Milan, Mer Visconti, s'était adressé à Bonaparte pour être réintégré dans son droit, quant à la nomination des curés, et à la collation des bénéfices dont les magistrats cisalpins avaient dépouillé arbitrairement, nonseulement lui, mais tous les évêques de la République, et le pria de vouloir employer toute son autorité pour que les affaires ecclésiastiques, dans la Cisalpine, fussent remises sur le pied où elles se trouvaient avant le changement de gouvernement, au mois de Mai 1796. Bonaparte ne tarda pas à donner l'ordre à M. de Talleyrand, d'écrire dans ce sens à ce gouvernement (2).

Décision.

<< L'archevêque de Milan prie le premier Consul de lui faire

(1) Correspondance de Napoléon Ier, tom. VI, pag. 650, no 5190.

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tom. VII, pag. 41, no 5338.

rendre la nomination aux cures et aux bénéfices, et témoigne le désir de voir les choses se rétablir dans la Cisalpine sur le pied où elles étaient en 1796: c'est, dit-il, le seul moyen de conserver la religion catholique dans toute sa pureté ».

Paris, 28 pluviôse an IX. (17 Février 1801.)

<«< Renvoyé au ministre des relations extérieures pour écrire dans ce sens au gouvernement cisalpin et au ministre Petiet >>.

BONAPARTE.

Bonaparte devenait ainsi, par le seul fait de sa protection accordée à la religion, l'arbitre des destinées de l'Italie. Il le devint définitivement par la célèbre consulte extraordinaire des députés cisalpins à Lyon.

Il avait chargé, le 14 Octobre 1801, M. de Talleyrand, de réunir les membres les plus notables du gouvernement provisoire de la République cisalpine, dans une consulte d'Etat extraordinaire à Lyon, afin de concerter avec eux les moyens de donner à cette République une base solide. Les hommes les plus marquants de la magistrature, du clergé, de la noblesse, de l'armée, de la science, au nombre de cinq à six cents, y devaient prendre part. Il s'exprime ainsi relativement au clergé (1): «Tous les évêques, et, en place de ceux qui, à cause de leur âge ou de leurs infirmités, ne pourraient entreprendre ce voyage, leurs grands vicaires; députation de tous les chapitres ; députation par département pour représenter tous les curés et autres ministres du culte; chaque département pourrait, par exemple, envoyer de deux à quatre curés; total du chapitre du clergé, quatre-vingt à cent ».

Pour rassurer davantage le clergé, Napoléon insinua au gouvernement cisalpin de faire accréditer près le Saint-Siége un

(1) Correspondance de Napoléon Ier, tom. VII, pag. 369, no 5807.

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