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Etablissement de l'empire.-M. Curée.

Discours de Cambacérès.

Réponse de Napoléon. Pourquoi l'empire? - Désir des Français de voir l'empereur sacré et couronné par le Pape. Napoléon exprime confidentiellement au cardinal Caprara le même désir. à cette nouvelle.

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Il félicite l'empereur de son avénement au trône.

Grande joie du Pape

La France, fière du héros qui l'avait relevée de ses ruines et couverte de gloire, gémissait de le voir dans la modeste condition de premier Consul, et brûlait du vif désir de le mettre sur le trône et de lui confier entièrement ses destinées en cela, elle obéissait à la fois à la voix de la reconnaissance, et au penchant qui la pousse, plus que tout autre peuple, vers la royauté.

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La monarchie, ou l'empire, qui n'est qu'une nuance plus radieuse de la souveraineté, disons-le hardiment, l'histoire de l'Europe chrétienne l'atteste à travers tous les siècles, et surtout depuis que Charlemagne l'affermit sur des bases solides et la marqua d'un sceau idéal et sacré, a été, pour ainsi dire, l'ancre de la société et de la civilisation des peuples chrétiens. La royauté

a fondé, elle a conservé, elle a sauvé, et c'est elle encore qui, sous son égide, à la fois puissante et mystérieuse, sauvera. L'Angleterre, dans ses luttes grandioses de transformation sociale, n'a-t-elle pas, à travers les plus terribles tempêtes, conservé la royauté comme nécessaire, comme dernière raison de sa grandeur aussi bien que de son existence? Ne se plaît-elle pas à se nommer empire surmonté seulement de l'auguste couronne royale?

Du consulat à vie à la royauté ou à l'empire, il n'y avait qu'un pas.

Bonaparte et ses admirateurs ne cessaient de préparer l'opinion publique à cet événement. L'Angleterre elle-même, tout en se constituant, avec tant de pompe et de vanité, le gardien et le champion de la dynastie déchue de saint Louis, aurait volontiers. déjà, en 1802, offert ses bons offices auprès des puissances de l'Europe, pour conférer à Bonaparte la couronne royale de France, s'il lui avait fait des conditions plus avantageuses dans la paix d'Amiens, du 27 Mars de cette année.

Mais ce grand homme ne voulait recevoir cette couronne que des mains du peuple français, sûr qu'il était de l'obtenir. Dans toutes les bouches vivaient encore ces fières paroles qu'il avait adressées au Corps législatif, quand celui-ci, le 24 floréal an x (14 Mai 1802), lui fit la proposition de le proclamer Consul à vie: « Qu'ils (les Français) manifestent, répondit-il (1), leur volonté dans toute sa franchise et dans toute son indépendance: elle sera obéie. Quelle que soit ma destinée, Consul ou citoyen, je n'existerai que pour la grandeur et la félicité de la France »; paroles qui renfermaient déjà la secrète pensée de son prochain avenir.

Trois mois à peine s'écoulèrent, et Bonaparte, par le sénatus-consulte du 2 Août, d'après le vœu du peuple français, fut proclamé premier Consul à vie.

M. Curée, député à la Chambre législative, célèbre républi

(1) Correspondance de Napoléon Ier, tom, VII, pag 87, n° 6081.

cain désabusé, ou, comme disait M. Cacault, républicain corrigé, résuma admirablement la situation de la France d'alors, lorsque, dans la séance du 10 floréal an XII (30 Avril 1804), il fit cette mémorable motion, qui rattachait presque sans transition, et comme par un coup magique, la France, à peine sortie de ses luttes sanglantes, mais rajeunie déjà et couverte de gloire, à son grand passé: savoir, de confier le gouvernement de la République à un empereur, et de déclarer l'empire héréditaire dans la famille du premier Consul.

« C'est, disait-il, sanctionner par les siècles les institutions politiques, et assurer à jamais le maintien des grands résultats qu'elles ont laissés après elles, que de ramener et de rétablir, dans un cours de succession certain, authentique, héréditaire, le gouvernement qui est incorporé à ces grands résultats. Les ennemis de notre patrie se sont effrayés de notre prospérité comme de notre gloire. Leurs trames se sont multipliées, et l'on eût dit qu'au lieu d'une nation tout entière, ils n'avaient plus à combattre qu'un homme seul. C'est lui qu'ils ont voulu frapper pour la détruire. Avec lui, le peuple français sera assuré de conserver sa dignité, son indépendance et son territoire. Il ne nous est plus permis de marcher lentement. Le temps se hâte, le siècle de Bonaparte est à sa quatrième année, et la nation veut un chef aussi illustre que sa destinée».

Ces paroles étaient vraies : à l'ancien ordre social, aux siècles des Bourbons, allait succéder, pour la première fois, l'ère nouvelle qui, au début de sa carrière, s'appela déjà hardiment le siècle de Bonaparte.

Le Tribunat s'empressa d'adopter la motion de M. Curée. Le 2 Mai, les membres du Corps législatif se rendent dans la salle des séances de la Questure, et émettent ce vou: «Que Napoléon Bonaparte, premier Consul, soit déclaré empereur; que le système représentatif soit affermi sur des bases inébranlables, et que les institutions politiques, en recevant le caractère de grandeur qui

convient à la majesté du peuple français, garantissent à la fois l'autorité tutélaire du gouvernement et la liberté des citoyens ». Tout alla dès lors à pas de géant : ce qui prouve que cette motion renfermait le vœu de la France, désireuse de rentrer dans un état normal de son existence et de ses grandes destinées. Soixante mille registres furent ouverts dans les cent neuf départements de la France, dans le but de permettre au peuple de consigner ses votes pour ou contre l'établissement de la nouvelle dynastie. Le dépouillement de ces registres donna pour résultat, sur 3,574,898 votants, 2,369 signatures négatives: résultat prodigieux, si on pense que les royalistes, par une noble sympathie envers la dynastie déchue, n'y prirent aucune part, de même que les républicains démocrates.

Sans attendre le résultat de ce plébiscite, le Sénat s'empressa de passer aussitôt au fait accompli. Le 18 Mai, jour à jamais mémorable dans les Annales de France, fut émis le sénatusconsulte qui déféra au premier Consul le titre d'empereur, et qui déclara la dignité impériale héréditaire dans la descendance directe, naturelle et légitime de Napoléon, de mâle en mâle, par ordre de primogéniture, à l'exclusion perpétuelle des femmes et de leur descendance. L'empereur pouvait adopter les enfants ou petits enfants de ses frères, s'il n'avait pas lui-même d'enfants mâles au moment de l'adoption. A défaut d'héritier de Napoléon, la dignité impériale était dévolue à Joseph-Napoléon Bonaparte et à ses descendants.

On convint que le Sénat se transporterait en corps à SaintCloud, où Napoléon résidait, pour lui présenter ce décret et pour le saluer du titre d'empereur. M. Cambacérès, l'homme le plus dévoué au nouvel élu, lui adressa en cette occasion, au nom de cet illustre corps, les paroles suivantes :

<< Sire,

«L'amour et la reconnaissance du peuple français ont, depuis quatre années, confié à Votre Majesté les rênes du gouvernement, et les constitutions de l'Etat se reposaient déjà sur

vous du choix d'un successeur. La dénomination plus imposante qui vous est décernée aujourd'hui, n'est donc qu'un tribut que la nation paie à sa propre dignité, et au besoin qu'elle sent de vous donner chaque jour des témoignages d'un respect et d'un attachement que chaque jour voit augmenter.

« Comment, en effet, le peuple français pourrait-il penser sans enthousiasme au bonheur qu'il éprouve depuis que la Providence lui a inspiré la pensée de se jeter dans vos bras?

<< Les armées étaient vaincues, les finances en désordre; le crédit public était anéanti; les factions se disputaient les restes de notre antique splendeur; les idées de religion et même de morale étaient obscurcies; l'habitude de donner et de reprendre le pouvoir laissait les magistrats sans considération.

« Votre Majesté a paru. Elle a rappelé la victoire sous nos drapeaux; elle a rétabli l'ordre et l'économie dans les dépenses publiques; la nation, rassurée par l'usage que vous en avez su faire, a repris confiance dans ses propres ressources; votre sagesse a calmé la fureur des partis ; la religion a vu relever ses autels; enfin, et c'est là sans doute le plus grand des miracles opérés par votre génie, ce peuple, que l'effervescence civile avait rendu indocile à toute contrainte, ennemi de toute autorité, vous avez su lui faire chérir et respecter un pouvoir qui ne s'exerçait que pour sa gloire et pour son repos.

«Le peuple français ne prétend point s'ériger en juge des constitutions des autres Etats; il n'a point de critique à faire, point d'exemples à suivre l'expérience désormais devient sa leçon.

« Il a, pendant des siècles, goûté les avantages attachés à l'hérédité du pouvoir; il a fait une expérience courte, maist pénible, du système contraire; il rentre, par l'effet d'une délibération libre et réfléchie, sous un régime conforme à son génie. Il use librement de ses droits pour déléguer à VotreMajesté impériale une puissance que son intérêt lui défend d'exercer par lui-même. Il stipule pour les générations à venir, et, par un pacte solennel, il confie le bonheur de ses neveux à des rejetons de votre race. << Heureuse la nation qui, après tant de troubles, trouve

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