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tudes auxquelles il est toujours exposé. Les grands avantages qui en résulteront, pas moins pour la religion que pour le repos public, doivent remplir de joie l'âme de tous. Votre Eminence comprendra facilement quelle part y prend, plus que tout autre, Sa Sainteté, qui aime si tendrement le premier Consul. Le Saint-Père attend donc que Votre Eminence l'informe aussitôt, quand le vœu de la nation sera réalisé, afin de ne pas retarder un seul instant pour manifester au nouveau monarque ces mêmes sentiments ».

Peu de jours après, arriva à Rome la notification officielle de M. de Talleyrand, relative à l'élection de l'empereur, qui fut reçue avec une extrême joie. « Je ne tardai pas, manda Consalvi, le 30 Mai, à Caprara, de porter cette très-joyeuse nouvelle à la connaissance du Saint-Père, qui en éprouva une allégresse supérieure à toute expression ».

Le Pape ordonna encore, le même jour, que les Brefs de créance fussent aussitôt rédigés et expédiés incessamment au cardinal-légat. «En attendant, manda Consalvi, si Votre Eminence a l'occasion de voir le nouveau monarque, elle pourra le prévenir de cet acte, afin qu'il connaisse le vif intérêt qu'y prend Sa Sainteté ».

Ces lettres de créance, en effet, ne se laissèrent pas attendre, et furent expédiées à l'empereur dès le 4 Juin (1). Elles étaient accompagnées d'une autre lettre confidentielle, dans laquelle le Pape lui exprime, en termes nobles, toute sa joie pour son élévation à l'empire, de même que le vœu que ce glorieux événement ne soit pas seulement avantageux à la France, mais bien aussi à la religion catholique de ce vaste et puissant empire.

(1) Pièces justificatives, nos 8, 9 et 10.

CHAPITRE DEUXIÈME.

Difficultés suscitées par le serment du Sénatus-Consulte du 18 Mai 1804.

Grande perplexité du Pape à cause de ce serment, qui obligeait l'empereur à jurer, au moment de son sacre, de respecter les lois du Concordat de 1801 et de respecter et de faire respecter la liberté des cultes. Coup d'œil général sur la question de la tolérance civile des cultes en Allemagne, en Pologne, en France et en Angleterre sous Jacques II. Consultation de Bossuet, évêque de Meaux, à ce sujet. Pie VII remet cette question au Saint-Office. favorables des théologiens.

Consultations

Pendant que tout allait si bien, en faveur du vif désir de Napoléon, et que le Pape, comme s'exprima Consalvi dans sa dépêche du 5 Juin au cardinal-légat, par un sentiment d'admiration autant que de gratitude et de paternelle affection pour le nouvel élu du peuple français, ambitionnait en quelque sorte l'honneur d'être un des premiers parmi les souverains à reconnaître l'empereur, arriva à Rome le fameux sénatus-consulte du 18 Mai, accompagné du serment que Napoléon devait prêter le jour de son inauguration. Ce serment portait entre autres sur deux objets certainement graves surtout aux yeux des théologiens l'empereur devait jurer de respecter et de faire respecter les lois du Concordat et la liberté des cultes; l'un semblait être dirigé contre le Concordat, et l'autre porter atteinte à la foi de l'Eglise catholique tout entière.

Il n'en fallait pas davantage pour que l'âme angélique du pieux Pontife se troublât profondément, et se livrât à toute sorte de craintes.

La consternation du Pape fut augmentée par une autre circonstance à la fois douloureuse et grave.

Les évêques de France non démissionnaires à Londres, l'appui et l'espérance de la dynastie déchue, peut-être secrètement avertis du projet de Napoléon, crurent devoir faire une dernière tentative pour sauver, ou au moins pour affirmer par un acte solennel, en face de l'Europe, les droits de cette infortunée famille royale au trône de France, comme d'ailleurs ils avaient déjà annoncé vouloir le faire dans leurs réclamations de 1803, contre les stipulations du Concordat. Ils rédigèrent donc et signèrent, au nombre de treize, deux écrits, l'un intitulé: Décla ration sur les droits du roi, datée du 8 Avril, et l'autre du 15 du même mois, formant suite aux réclamations canoniques de l'année précédente. Dans le premier, ils déclaraient que le roi conservait tous les droits à la couronne qu'il tenait de Dieu, et que rien n'avait pu dégager ses sujets du serment de fidélité. Dans le second écrit, les mêmes évêques se plaignaient des articles du Concordat, qui permettaient un nouveau serment au gouvernement établi en France, qui ordonnaient des prières pour ce gouvernement, et qui le reconnaissaient investi des mêmes droits que l'ancien. Ils s'élevaient aussi contre la déclaration portée au même Concordat, relativement aux biens ecclésiastiques, contre les articles organiques et contre plusieurs dispositions du nouveau Code civil.

Il est regrettable que ces remontrances aient coïncidé avec la grande conspiration, ourdie par les royalistes français, émigrés et soudoyés par les Anglais, contre la vie du premier Consul et qui fit tant de victimes.

La voix éloquente de ces respectables prélats, tout impuissante et intempestive qu'elle fût, et blessante même pour le chef suprême de l'Eglise, eut néanmoins un grand retentissement en Europe et surtout à Rome, où elle ne pouvait qu'augmenter singulièrement les embarras du Pape, dans l'affaire du couronnement si ardemment désiré par le nouveau souverain de la France. Cette déclaration des évêques devint plus sérieuse encore pour Rome, lorsque le comte de Lille, le prétendant, plus tard Louis XVIII, eut lancé, du fond de sa retraite de Varsovie, le 6 Juin, sa célèbre

protestation contre tout ce qui se faisait en ce moment en France, et qui s'y était fait depuis la réunion des Etats généraux en 1789. Qui ne connaît la réponse sanglante que Napoléon, dans sa verve caustique, fit rédiger et insérer dans le Moniteur, contre cet acte inconsidéré; acte qui, aux yeux de la nation, nuisait à la cause royale plus que tous les efforts des révolutionnaires ?

En face de ces événements, on ne balança pas, à Rome, à se mettre aussitôt sur la réserve, parti le plus sûr pour gagner du temps, pour obtenir des concessions, et, avant tout, pour exiger des garanties, que ni les hauts intérêts de l'Eglise, ni la dignité du Pape ne seraient aucunement compromis, si jamais on se décidait à satisfaire au désir de Napoléon relativement à son

sacre.

Cette question prit dès lors le caractère d'une négociation diplomatique qui, selon toutes les apparences, devait être longue et épineuse: elle dura en effet cinq mois.

A Rome, on avait déjà compris que quand il s'agissait de traiter avec Bonaparte, ce foudre d'action, il fallait renoncer un peu aux délibérations lentes et prolongées, et se décider promptement.

Le Pape et le cardinal Consalvi, il faut leur rendre cette justice, déployèrent une activité et un zèle vraiment surprenants. Les préliminaires de cette négociation furent discutés en moins de cinq jours. Le 30 Mai, on ne connaissait pas encore, à Rome, le sénatus-consulte; et, le 5 Juin, on expédiait déjà une première réponse, y relative, au cardinal Caprara. Le Pape n'avait pas même eu le temps de consulter le sacré Collège comme d'ordinaire, et s'était adressé aux cardinaux les plus éminents par leurs lumières et leur savoir, surtout à di Pietro et à Antonelli, qui étaient l'âme des conseils du Pape et de son secrétaire d'Etat, pour avoir leur avis dans cette grave question.

L'affaire du serment fut remise, par le Pape, à la congrégation du Saint-Office ou de l'Inquisition, pour y être discutée.

Bien des difficultés s'élevèrent au sujet des paroles : Lois du Concordat, que l'empereur devait jurer de respecter et faire

respecter. On se demanda justement si sous ces paroles on devait entendre simplement le Concordat, tel qu'il avait été stipulé entre le gouvernement français et le Saint-Siége, ou bien si l'on y devait aussi comprendre les articles organiques, qui n'ont jamais été reconnus par le Saint-Siége, et contre lesquels celui-ci avait à plusieurs reprises formellement protesté. Dans ce dernier cas, il était bien évident que le Pape ne pouvait guère couronner l'empereur à moins d'une franche explication de sa part, que sous les lois du Concordat, on n'entendait que le simple texte du Concordat. Et en cette question, les votes des théologiens du Saint-Office étaient unanimes.

La question du serment de respecter et faire respecter la liberté des cultes, rencontra moins de difficultés chez ces théologiens. S. Thomas d'Aquin, l'Ange de l'école, l'avait déjà, au treizième siècle, nettement posée et tranchée. L'histoire de l'Eglise, surtout des trois derniers siècles, à commencer du malheureux schisme religieux, dit abusivement la Réforme, y avait répondu par des faits. Les théologiens ont ensuite, conformément à la marche de ces événements, développé et fixé le sens et la portée de cette grave question. On peut dire qu'elle a été posée dans l'Eglise, le jour même où Constantin le Grand, après sa conversion, avait rendu au christianisme la liberté par son fameux édit, relaté par Lactance, et préparé ainsi, et même décidé en moins d'un siècle, la victoire de la religion chrétienne sur le paganisme.

Vouloir développer cette pensée, surtout historiquement, cela formerait la matière de plusieurs volumes et serait hors de notre sujet. Il suffit d'observer que cette question se divise en deux points capitaux, en tolérance civile et en tolérance religieuse ou théologique. Sous la tolérance civile, on entend tolérer simplement ceux qui professent d'autres religions séparées et différentes de la religion catholique, qui est la seule vraie, et par conséquent la seule qui conduit au salut éternel, et les tolérer sans aucune intention de vouloir reconnaître, par cet acte de tolérance, ces religions comme cultes vrais, mais uniquement par raison d'Etat et de la tranquillité publique. Cette

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