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que le Pape s'y puisse décider, il faut que ces lois soient ou abolies ou au moins réformées.

3° Les Papes n'ont jamais couronné que les empereurs et les rois qui avaient bien mérité de l'Eglise, pour le temporel du Saint-Siége. Le nouvel empereur est bien loin d'être tel, ayant dépouillé le Saint-Siége de ses trois légations, sans parler d'Avignon et du comtat Venaissin. On dira que ce n'est pas lui qui l'a fait, mais le gouvernement précédent dont il a exécuté les ordres; mais on conviendra aussi qu'étant devenu à présent chef du gouvernement français, il serait de son devoir de réparer les torts et de restituer au Saint-Siége ses possessions.

4° Le plus grand obstacle sera toujours le serment de respecter et de faire respecter les lois du Concordat et la liberté des cultes: c'est grave surtout pour le Concordat, si l'on comprend sous les lois du Concordat, non-seulement ses dix-sept articles, mais bien aussi les soi-disant articles organiques contre lesquels le Pape a souvent réclamé. Le serment relatif à la liberté des cultes est aussi trop général et trop large, et semble renfermer nonseulement la tolérance civile, mais une protection ouverte et active de ces cultes, ce qui est contre les principes de l'Eglise.

5o Les cours, surtout celle de la maison de Bourbon et de l'empereur d'Allemagne, trouveront beaucoup à redire à ce sacre et à ce couronnement, et s'en fâcheront contre le Pape.

6o Le voyage du Pape à Paris excitera la plus grande jalousie dans toutes les cours de l'Europe. On soupçonnera l'union la plus intime entre le Saint-Siége et la France; on craindra un trop long séjour du Pape à Paris, et qu'il ne traite avec l'empereur des affaires au préjudice des souverains.

7° On critiquera beaucoup ce voyage comme entrepris dans un but purement humain, ce que les Papes, depuis dix-huit siècles, n'ont jamais fait. On désirerait pour cela que l'empereur vînt à Rome ou, étant empêché par les affaires de l'empire, au moins dans une ville d'Italie plus ou moins rapprochée de Rome, comme l'avait fait l'empereur Charles V, couronné en 1530 à Bologne, par Clément VII.

8° On se plaindra fortement de l'interruption et de la stagnation de tant d'affaires pendantes entre le Saint-Siége et les différentes cours de l'Europe: affaires qui ne peuvent être décidées que par la présence du Pape à Rome.

9o Le Pape, à Paris, devrait être spectateur de tant de violations des lois de l'Eglise, causées par les articles organiques et autres dispositions: on pourrait croire ou faire croire que par sa présence il les sanctionne.

10° Le Pape pourrait facilement se compromettre avec les quatre évêques constitutionnels rebelles à l'Eglise, et même avec le bas clergé ci-devant constitutionnel, dont plusieurs membres avaient suivi le funeste exemple de ces évêques.

11° Le contact de certaines personnes qui avaient joué un si triste rôle dans les temps passés, serait fort embarrassant pour le Pape.

12° Le danger pour le Pape de ne pas obtenir un bon résultat pour les affaires ecclésiastiques pendantes; ce qui, s'il faisait le voyage à Paris uniquement pour aller sacrer l'empereur, porterait une trop rude atteinte à son honneur et à sa dignité. Si on avait déjà tant censuré le voyage de Pie VI à Vienne, entrepris dans le but le plus noble et le plus sacré, afin de faire revenir le souverain de cette ville de ses malheureuses réformes ecclésiastiques; que serait-ce du voyage de Pie VII à Paris, fait uniquement par un but humain, savoir le couronnement de l'empereur?

13° La crainte de nouvelles demandes qu'on pourrait faire au Pape à Paris, et qu'il lui serait difficile d'accorder: ce qui troublerait l'harmonie réciproque et ferait perdre au Pape le mérite de son déplacement.

14° La crainte qu'on ne rende pas au Pape en France ce qui est dû au chef de l'Eglise, et surtout dans la cérémonie du sacre: ce qui lui attirerait des censures d'autant plus amères que luimême a voulu s'exposer à ce risque.

15° La crainte de voir les autres souverains, à leur avéne

ment au trône, adresser au Pape la même demande, en invoquant ce premier exemple.

16° Enfin, les craintes pour la santé du Pape, qui serait bien rudement éprouvée par un si long voyage.

Le cardinal Consalvi termine ces observations en disant au cardinal-légat les avoir exposées également au cardinal Fesch en toute candeur et franchise.

En effet, ce cardinal-ministre s'empressa aussitôt de faire, à l'empereur, un rapport fort détaillé, de tout ce qui s'était passé jusqu'ici, dans l'affaire du sacre, entre lui, le Pape, son secrétaire d'Etat et les autres cardinaux qui avaient pris part à ces importantes délibérations. Fesch eut même l'habileté de se procurer les votes que les cardinaux avaient remis au Pape, par écrit, à ce sujet.

Ce mémoire, écrit tout de sa main, très-judicieux, quelque peu caustique, est trop important pour ne pas le reproduire dans son entier, parce qu'il explique nettement cette grave question et ce débat animé. Le cardinal y prend peut-être un ton trop rassuré, et pense que s'il avait été chargé seul de cette négociation, sans intermédiaire quelconque, il l'aurait déjà terminée avec succès: en quoi, comme nous le verrons, il se faisait illusion. Il conseille franchement à l'empereur d'adhérer aux conditions émises par le Pape, surtout en ce qui concerne le serment exigé de lui par le Sénat; et alors, dit-il, tout serait fait, et le Pape viendrait à Paris dans le but désiré (1).

<< Sire,

Rome, 21 prairial an XII. (10 Juin 1804.)

<< Votre Majesté impériale connaît les premières démarches que je fis pour persuader Sa Sainteté de se décider promptement à donner une réponse favorable au cardinal-légat, sur son voyage à Paris. Depuis cette époque, je n'ai cessé d'agir confidentiellement avec le secrétaire d'Etat, de répondre et d'aplanir des

(1) Ministère des affaires étrangères, à Paris.

difficultés qu'on se faisait, et, si j'eusse été autorisé à traiter l'affaire, je serais sans doute parvenu à une solution désirable et prompte, et je n'aurais pas donné lieu à des délais qui engendrent des incertitudes, qui s'affermissent par des incidents qui auraient pu inquiéter, mais qu'on aurait été intéressé à décliner par la parole donnée, et à en écouter plus favorablement les solutions. D'ailleurs, au lieu des conférences et des raisonnements sans un mot d'écriture de ma part, j'aurais réduit par des notes l'état de la question, et il aurait été facile de tout simplifier, particulièrement ayant toujours trouvé le secrétaire d'Etat convaincu de mes principes et ne demandant que de faire sentir la vérité et la force de mes réponses.

<< Néanmoins, l'affaire est en bon train, et j'ai lieu de croire qu'on se décidera, immédiatement après la réponse que Votre Majesté impériale fera faire à cette dépêche, à répondre favorablement au cardinal-légat, si elle veut bien m'autoriser à donner par note officielle aux difficultés sur le serment prescrit par le sénatus-consulte à l'empereur, les explications détaillées à la fin du mémoire que j'ai l'honneur de lui adresser, et si elle veut bien adhérer aux conditions exigées par Sa Sainteté, que j'insère dans le corps dudit mémoire, sous le § 3 du titre Io. Oui, j'espère et je crois qu'après cette autorisation, Sa Sainteté prendra sur elle de faire entendre raison à ceux qui s'aveuglent encore, particulièrement lorsqu'elle leur dira qu'elle est assurée que son voyage en France sera utile au bien spirituel des fidèles.

<< Je dois assurer Votre Majesté impériale que les cardinaux qui ont été séparément consultés, et sans se connaître entre eux, sous le secret naturel de la confession et du Saint-Office, l'ont religieusement tenu, et que dans Rome on ne se doute pas de ce dont il s'agit.

<< Pour mettre Votre Majesté impériale au fait, j'ai l'honneur de joindre ici un mémoire très-détaillé et très-exact des votes des cardinaux, des conditions que Sa Sainteté exige, et des derniers obstacles avec l'exposé des réponses que j'ai données verbalement. Il serait à désirer qu'on ne parvînt pas à connaître que

j'ai découvert les secrets du gouvernement romain, afin qu'on ne prît pas de précautions une autre fois pour me les rendre impénétrables.

<< J'ai cru devoir ne rien laisser ignorer à Votre Majesté impériale, même les folies de quelques têtes entichées de la domination de la maison d'Autriche.

« Je dois en outre la prévenir que le Saint-Père n'avait pu prendre sur lui de partir de Rome sans consulter le sacré Collége, et sans obtenir le consentement de la majorité. Sa Sainteté envoie par ce courrier ses brefs de félicitation et de renouvellement de créance pour le cardinal-légat, et dans cette occasion, elle a passé outre aux usages de sa cour, d'attendre que les puissances eussent reconnu Votre Majesté impériale.

« Je m'incline profondément,

<< De Votre Majesté impériale, etc. »

Le cardinal FESCH.

MÉMOIRE

Sur les objections, difficultés et conditions de la cour de Rome sur le voyage de Sa Sainteté Pie VII à Paris, pour y sacrer et couronner l'empereur des Français.

<< Depuis ma dépêche du 3 prairial, le cardinal secrétaire d'Etat s'est occupé à consulter vingt cardinaux des plus influents, leur confiant séparément, sous le secret naturel de confession et de Saint-Office, la dépêche du cardinal-légat, du 10 Mai, (20 floréal) si Sa Sainteté accéderait à la demande de Sa Majesté l'empereur des Français, de se rendre à Paris pour la sacrer et la couronner. Ces cardinaux furent consultés à deux reprises.

<< La première fois, pour leur proposer la susdite question avant l'arrivée du sénatus-consulte.

<< La seconde fois, pour leur soumettre les difficultés que Sa Sainteté s'était faites à la lecture du serment prescrit par

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