Sayfadaki görseller
PDF
ePub

ESSAI DE CONCILIATION

SUR LE DOGME

DE LA

PROCESSION DU SAINT-ESPRIT

L

I

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.

'ÉGLISE Occidentale et l'Église orientale qui, d'après

l'institution de notre divin Sauveur, ne doivent

former qu'une seule Église, ont vécu ensemble, pendant plusieurs siècles, dans la concorde et la paix.

Grâce à cette union qui, après l'appui de Dieu, était leur principale force, ensemble elles ont triomphé de la fureur des persécuteurs; elles se sont préservées des erreurs sensualistes des trois premiers siècles; elles ont condamné de concert les hérésies qui s'attaquaient aux natures divine et humaine de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui détruisaient dans l'adorable Trinité l'unité de l'essence divine ou la distinction des personnes; qui niaient la nécessité de la grâce ou l'existence du libre arbitre, et tant d'autres encore; elles ont abattu ensemble les schismes qui ont déchiré les Églises patriarcales et la célèbre Église d'Afrique ; en un mot, elles ont vu expirer à leurs pieds ou ramper dans le mépris toutes

ces conjurations infernales qui, pendant de longs siècles, se sont élevées contre le Christ, contre son troupeau et contre les pasteurs qu'il a investis de son autorité.

Malgré les dissentiments survenus depuis, Dieu leur a laissé assez de vigueur pour vaincre les ennemis qui ont surgi en ces derniers temps. En face du protestantisme, la hiérarchie des saints ordres a été conservée intacte dans les deux Églises; la doctrine des sacrements n'a souffert aucune atteinte, et l'autorité que Jésus-Christ a conférée à son Église, de connaître souverainement et au nom de Dieu même de toutes les controverses dogmatiques et disciplinaires, est demeurée entière et incontestée. Ce dernier article est d'une extrême importance; tellement que, fût-il resté seul commun aux deux Églises, seul il suffirait pour renouveler l'union primitive et mettre un terme à toutes les divisions.

Les deux Églises n'ont pas seulement combattu les mêmes combats, mais elles ont encore vécu de la même vie; elles se sont aidées mutuellement par leurs hommes apostoliques, par les exemples de leurs saints et les ouvrages de leurs docteurs. L'Orient a donné à l'Occident un grand nombre d'illustres évêques et même des papes; c'est dans l'Orient que les Occidentaux sont allés chercher les plus beaux modèles de la vie monastique. L'Occident, à son tour, n'a pas été sans utilité pour l'Orient; les services qu'il lui a rendus sont consignés à toutes les pages des liturgies orientales; et, comme souvenir de cette ancienne unité de vie, les deux Églises célèbrent encore les fêtes d'un grand nombre de saints dont les travaux ont fécondé l'un et l'autre rameau de l'Église universelle.

Il est donc vrai que, dans le passé, les plus beaux temps attestent l'union de l'Orient et de l'Occident, et qu'aujourd'hui encore nous retrouvons mille points de contact entre les deux Églises.

Serait-il impossible de renouveler les liens primitifs? de rétablir, Dieu aidant, l'union qui a Jésus-Christ même pour auteur? de nous montrer, comme autrefois Orientaux et Occidentaux, ne formant qu'un seul corps et n'ayant qu'un seul esprit, appelés que nous sommes à une même espérance, et ne confessant qu'un Seigneur, qu'une foi, qu'un baptême et qu'un Dieu père de tous1?

Le peuple d'Israël, dans le désert où chaque tribu obéissait à son chef et toute la nation à Moïse, parut admirable à ses ennemis mêmes. Il trouva, dans la bénédiction que Dieu répandit sur cette belle institution hiérarchique, la force nécessaire pour renverser tous les obstacles qui semblaient devoir lui fermer à tout jamais l'entrée de la terre promise. Vingt fois on jura sa perte, vingt fois il triompha de l'astuce et de la violence des adversaires les plus acharnés.

Tels étaient aussi les chrétiens d'Orient et d'Occident avant les tristes dissentiments qui séparèrent les frères d'avec les frères. Oh! si l'ancienne union, scellée du sang des apôtres et des martyrs, martyrs, défendue par les saints docteurs avec autant de sollicitude, d'ardeur et de science que les dogmes eux-mêmes; si cette union, pour laquelle NotreSeigneur Jésus-Christ a prié, mais que la défiance, la jalousie, toutes passions humaines ont détruite, pouvait se cimenter de nouveau! Quel beau spectacle ne serionsnous pas pour Dieu et les hommes! quelle vie puissante ne 1 Ephes. iv. 4, 5, 6,

viendrait pas animer tous les membres du corps mystique de Jésus-Christ! quelle force n'aurait pas cette armée s'étendant de l'orient à l'occident, du nord au midi! Nul ne peut y songer sans désirer de toute l'ardeur de son âme le rétablissement de la primitive union.

Mais cela est-il possible?

Et pourquoi pas !

Si un certain nombre d'hommes de l'un et de l'autre rite, tels qu'on en vit pendant le grand schisme d'Occident dans l'obédience de Rome et dans celle d'Avignon, voulaient travailler courageusement et constamment à l'extinction du schisme qui sépare l'Orient de l'Occident, la plus grande difficulté aurait disparu.

Au commencement, ils seraient peut-être peu nombreux; mais leur isolement cesserait bientôt. Du côté des Latins, ils auraient d'abord pour appui notre saint père le pape Pie IX, qui a inauguré, pour ainsi dire, son pontificat par une démarche solennelle en vue de procurer l'union des Églises. Ils seraient soutenus par les voeux de tant d'âmes qui, depuis plusieurs années, se sont associées dans le but de prier ensemble pour la réconciliation des deux rites: on en compte dans un seul diocèse jusqu'à quinze mille. Ils auraient l'approbation de tous ceux qui savent que les chrétiens ne doivent former qu'un seul troupeau. Du côté des Russes (car ce sont les Russes que nous avons en vue avant tous les autres Orientaux), tout appui ne leur ferait pas non plus défaut. Lorsque l'impératrice Catherine II, dans sa célèbre lettre au pape Pie VI, parla de l'union tant désirée, elle n'était que l'écho de traditions qui avaient régné avant elle à la cour de Moscou et plus encore à celle de Saint-Pétersbourg; or, ces traditions

n'ont point complétement péri; nous n'en voulons pour preuve que le beau Mémoire que M. de Tutcheff, — personnage qui occupe, à Saint-Pétersbourg, un poste élevé au ministère des affaires étrangères, — adressa, en 1849, à S. M. l'empereur Nicolas, et qui fut imprimé, avec l'agrément de ce prince, en Allemagne et en France.

Après avoir rejeté la locution impropre : les deux Églises, parce que l'Église est une, il disait : « Comment serait-il interdit aux chrétiens d'espérer que Dieu daignera proportionner les forces de son Église à la nouvelle tâche qu'il lui assigne? qu'à la veille des combats qui se préparent, il daignera lui restituer la plénitude de ses forces, et qu'à cet effet, lui-même, à son heure, il viendra de sa main miséricordieuse guérir au flanc de son Église la plaie que la main des hommes y a faite, cette plaie ouverte qui saigne depuis huit cents ans?

« L'Église orthodoxe n'a jamais désespéré de cette guérison. Elle l'attend, elle y compte, non pas avec confiance, mais avec certitude. Comment ce qui est un par principe, ce qui est un dans l'éternité, ne triompherait-il pas de la désunion dans le temps? En dépit de la séparation de plusieurs siècles et à travers toutes les préventions humai– nes, elle n'a cessé de reconnaître que le principe chrétien n'a jamais péri dans l'Église de Rome, qu'il a toujours été plus fort en elle que l'erreur et la passion des hommes ; et voilà pourquoi elle a la conviction qu'il sera plus fort que tous ses ennemis. Elle sait de plus qu'à l'heure qu'il est, comme depuis des siècles, les destinées chrétiennes de l'Occident sont toujours encore entre les mains de l'Église de Rome, et elle espère avec confiance qu'au jour

« ÖncekiDevam »