Sayfadaki görseller
PDF
ePub

dit pas assez: Jésus-Christ est l'époux et l'Église est l'épouse; comme l'épouse du premier Adam a été formée d'une de ses côtes pendant son sommeil, de même l'Église est sortie du côté de son divin époux pendant son sommeil sur la croix, lorsque la lance du soldat, ouvrant le coeur de Jésus, fit jaillir de cette source mystérieuse le sang et l'eau pour la régénération et le salut du genre humain. Cette union de l'époux et de l'épouse ne dit pas encore assez: Jésus-Christ est la tête, l'Église est son corps mystique; la tête et le corps ne font qu'un ; ils vivent de la même vie, ils possèdent le même esprit.

Mais cette union si étroite et si intime entre JésusChrist et son Église, empêche-t-elle Notre-Seigneur de se servir du ministère des hommes dans l'Église? Pas le moins du monde. Il se sert de ministres visibles pour prêcher l'Évangile, pour administrer les sacrements, pour gouver– ner les fidèles. Dans le sacrifice de la messe, Jésus-Christ n'est pas seulement la victime immolée sur l'autel, il est encore le sacrificateur invisible, le prêtre éternel: cela n'empêche pas qu'il y ait à l'autel un homme mortel et visible qui est prêtre aussi, et qui offre le sacrifice avec Jésus-Christ. Dans le tribunal de la pénitence, il y a aussi un prêtre visible et mortel qui tient la place de Jésus-Christ; c'est ce prêtre visible qui reçoit la confession des péchés, c'est lui qui juge des dispositions du pénitent, qui lui impose des œuvres satisfactoires, et lui donne ou lui refuse l'absolution. Dans un diocèse enfin, il y a un évêque visible et mortel qui tient encore la place de Jésus-Christ: c'est cet évêque visible qui administre les sacrements, ordonne les prêtres, gouverne le clergé et les fidèles; et cependant, saint

Pierre dit aux fidèles en parlant de Notre-Seigneur luimême : « Vous étiez comme des brebis égarées, mais maintenant vous êtes retournées au pasteur et à l'évêque de vos âmes1. » Loin de porter aucune atteinte aux droits de JésusChrist sur ce diocèse et les fidèles qui le composent, il est l'instrument et l'intermédiaire que Jésus-Christ lui-même a établi pour tenir sa place et pour servir de pasteur visible à ce troupeau, d'époux mystique à cette Église, de chef et de tête à ce corps. Pourquoi donc ne pourrait-il pas y avoir, dans le gouvernement de l'Église universelle, un homme qui tiendrait la place de Jésus-Christ, un chef visible tenant la place du chef invisible, un pasteur mortel tenant la place du pasteur éternel?

3

C'est le lieu de rappeler un singulier passage qui se trouve dans la Confession de la foi orthodoxe de Pierre Mogila 2. Il s'agit du neuvième article du symbole : « Je crois l'Église, une, sainte, catholique et apostolique. » Voici une des conclusions que l'auteur prétend en tirer: « Cet article nous apprend que le Christ seul est chef de son Église, selon la doctrine de l'Apôtre ... Les évêques, dans les Églises auxquelles ils président, sont bien appelés chefs de ces Églises, mais il faut comprendre cette dénomination en ce sens qu'ils sont les vicaires de Jésus-Christ chacun dans sa province et qu'ils sont des chefs particuliers', 'et que cependant c'est Jésus-Christ lui-même qui est le prince des pasteurs*. » Cela revient à dire ; il n'y a qu'un seul prince

1 I. Petr. II. 25.

2 Partie I. q. 85.

3 Ephes. v. 231. col. I. 18,

Act. xx. 28.

I. Petr, v. 4.

des pasteurs, un seul chef de l'Église, Jésus-Christ, et les évêques, les pasteurs particuliers sont vicaires de JésusChrist dans leurs Églises particulières; ils sont chefs de ces Églises particulières. Mais que pourrait-on nous répondre, si nous disions à notre tour: il n'y a qu'un seul prince des pasteurs, un seul chef éternel de l'Église, Jésus-Christ; et les papes qui se sont succédé sur la chaire de saint Pierre, et qui sont déjà au nombre de deux cent soixante, ne sont vicaires de Jésus-Christ que pour un temps limité, chacun à son tour. Pourquoi quelques centaines d'évêques, dispersés sur la surface du globe, portent-ils moins atteinte aux droits de Jésus-Christ sur l'Église, que quelques centaines de papes, se succédant dans la suite des siècles?

Si l'autorité que le pape exerce sur l'Église universelle lésait en quelque chose les droits de Notre-Seigneur JésusChrist, il faudrait en conclure, par analogie, que l'empereur de Russie ne pourrait pas, en temps de guerre, confier le commandement de son armée à un général en chef sans abdiquer son pouvoir.

Le modèle de toutes les sociétés chrétiennes est la sainte famille, composée de Jésus, de Marie et de Joseph. Nous pouvons sans crainte y chercher aussi le modèle de l'Église. Qui est l'époux de Marie? n'est-ce pas le Saint-Esprit? Qui est le père de Jésus? n'est-ce pas le Père éternel? Et cependant Joseph est là, tenant la place et exerçant l'autorité de père et d'époux, à tel point qu'il porte même ces deux noms augustes; il est l'époux de Marie, il est le père de Jésus « Votre père et moi nous vous cherchions, » dit Marie à l'enfant Jésus, assis dans le temple au milieu des docteurs.

L'Église est une sainte famille; il y a dans l'Église un Joseph qui tient la place de Dieu, qui exerce l'autorité de Dieu, qui est le vicaire de Dieu, et ce Joseph c'est le pape.

le

Si l'on veut poursuivre la comparaison, on dira que Marie, la Vierge immaculée, est l'Église; l'enfant Jésus est le modèle des chrétiens, Christianus, alter Christus ; chrétien est enfant de l'Église et enfant de Dieu, comme Jésus est le fils de Marie et le fils du Père éternel; et pour que le chrétien se rende semblable à son divin modèle, il faut qu'on puisse dire de lui en parlant de son obéissance vis-à-vis de l'Église et vis-à-vis du pape, ce que l'Évangile nous dit de l'obéissance de Jésus envers Marie et envers Joseph: Erat subditus illis : « Il leur était soumis1. »

Ces explications données, revenons aux textes que nous avons cités plus haut.

Le Sauveur a rassemblé un certain nombre de disciples; il choisit parmi eux douze apôtres placés au-dessus de ses simples disciples; parmi les apôtres, il en choisit un qui doit le remplacer un jour dans le gouvernement visible de l'Église ; « Tu es Pierre, lui dit-il, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle2. »

Jésus-Christ, en même temps qu'il est le fondateur de l'Église, en est aussi le fondement; mais en parlant ainsi à son apôtre, il n'abdique pas son autorité, et il ne prétend pas bâtir son Église sur un autre fondement que sur luimême; seulement, il donne à saint Pierre une participation

1 Luc. II. 51.

2 Matth. XVI. 26,

à ce caractère de fondement qui lui appartient; l'apôtre est une pierre sur laquelle reposera tout l'édifice, mais qui repose elle-même sur Jésus-Christ.

Il n'en est pas moins vrai qu'en vertu de la parole de Notre-Seigneur, saint Pierre est la pierre sur laquelle l'Église est bâtie; or, comment pourrait-il être cette pierre, s'il ne porte pas, s'il ne soutient pas l'Église tout entière? Jésus-Christ compare l'Église à un édifice; Pierre est à l'Église ce que le fondement est à l'édifice. Otez le fondement, l'édifice croule; il n'y a plus d'édifice, il n'y a que des ruines; séparez l'édifice du fondement, l'édifice est renversé; mais tant que l'édifice repose sur le fondement, il est solide; c'est au fondement qu'il doit sa solidité; plus il adhère au fondement, plus il est solide. De même, l'Église repose sur Pierre ; ôtez Pierre, il n'y a plus d'Église, il n'y des sectes; séparez l'Église de Pierre, l'Église est renversée; mais tant que l'Église repose sur Pierre, elle est inébranlable. C'est à Pierre qu'elle doit sa solidité, et plus les liens qui en rattachent toutes les parties à Pierre sont étroits, plus aussi sa force est grande.

a que

Continuons à écouter les paroles de Notre-Seigneur. « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux; tout ce que tu lieras sur la terre, sera lié dans le ciel; et tout ce que tu délieras sur la terre, sera délié dans le ciel. » Voilà cette double action de Dieu et de son vicaire, qui cependant n'en fait qu'une; Dieu confirme dans le ciel ce que son vicaire fait sur la terre; le prêtre absout sur la terre, Dieu ratifie la sentence dans le ciel. Or, ces clefs du royaume des cieux, ce pouvoir de lier et de délier donné sans réserve (tout ce que tu lieras) et donné à saint Pierre par Jésus-Christ,

« ÖncekiDevam »