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DU

PROCÉDÉ DIALECTIQUE'

I. CONNAISSANCE DE DIEU, par A. GRATRY, prêtre de l'Oratoire de
l'Immaculée Conception.

II. LOGIQUE, par le même auteur.

S

I nous réunissons en tête de cet article les titres de

ces deux ouvrages, ce n'est pas que nous nous pro

posions de rendre un compte détaillé de toutes les questions qui y sont traitées. Ce travail nous entraînerait beaucoup trop loin; nous voudrions seulement examiner à fond la question capitale au développement de laquelle ils sont l'un et l'autre consacrés, et dont l'importance aux yeux de l'auteur comme aux nôtres efface celle de toutes les questions secondaires : nous voulons parler du procédé au moyen

1 Nous nous associons de grand cœur à l'hommage que l'auteur de cet article rend au talent élevé du R. P. Gratry, et ses appréciations, prises dans leur ensemble, nous paraissent justes et fondées. Toutefois, il est un point sur lequel nous différons d'opinion: nous voulons parler de la manière dont notre confrère explique l'existence, en nous, de l'idée de l'infini. Mais telle est notre conviction : là où les écoles catholiques sont si partagées, le champ de la discussion doit rester libre. C'est pourquoi, malgré cette divergence d'opinion, nous acceptons avec reconnaissance le travail d'ailleurs excellent du P. Ramière. (Note de la rédaction.)

duquel l'intelligence s'élève à la connaissance de l'infini, et que l'auteur nomme, après Platon, le procédé dialectique.

M

I

AIS avant d'entrer dans cet examen, nous éprouvons le besoin de dire toute notre pensée sur la portée de ces deux ouvrages, et sur le résultat qu'ils nous semblent destinés à produire. A nos yeux, ces livres ont une valeur indépendante de la somme de vérités nouvelles qu'ils apportent à la société humaine, car ils lui apportent quelque chose de plus précieux encore que la vérité, ou du moins quelque chose de bien plus essentiel pour elle : c'est l'instinct de la vérité qu'ils sont destinés à réveiller dans les âmes; c'est la chaleur de la vie qui émane de chacune de leurs pages, et qui ranimera, nous l'espérons, bien des intelligences mortes ou engourdies. C'est bien là ce dont notre société avait besoin; car si dans son sein l'empire des intérêts triomphe tandis que celui des principes tend à s'affaiblir de plus en plus; si les intelligences se dégoûtent tous les jours davantage des nobles doctrines qui les élèveraient au-dessus d'elles-mêmes, pour donner toute leur estime à l'étude de la matière, de ses lois et de ses produits; si les convictions fortes disparaissent, et si le plus beau langage n'est trop souvent qu'un masque pour cacher l'absence des généreuses pensées, ce n'est pas que la vérité nous manque, car sa splendeur nous inonde de toutes parts; mais c'est qu'il n'y a plus dans les esprits assez de vigueur pour en saisir les rayons; c'est surtout qu'il n'y a plus dans les cœurs assez d'énergie pour la chercher quand ils l'ont perdue, et pour la conserver quand elle s'est donnée

à eux. L'instinct de la vérité n'est pas sans doute complétement éteint dans les âmes, car il fait le fond même de leur être, et elles ne sauraient le perdre entièrement qu'autant qu'elles seraient anéanties; mais il est étouffé par les instincts inférieurs que le milieu tout matériel dans lequel s'épanouissent les intelligences tend à développer exclusivement. C'est cet instinct céleste, ce germe divin, qui dort au fond de la plupart des âmes, que les livres du P. Gratry vont réveiller. En les lisant, on sent comme une nouvelle vie circuler dans ses membres, on se trouve en communication plus immédiate avec la vérité, non pas seulement avec la vérité particulière que l'auteur développe dans la page que l'on a sous les yeux, mais avec la source même de toutes les vérités particulières. Ce que dit l'auteur suggère une foule de choses qu'il ne dit pas; sa parole met en vibration l'intelligence qu'elle frappe, en éclaire les obscurités, évoque en elle, en renouvelant des impressions depuis longtemps effacées, tout un monde qu'elle avait, à plusieurs reprises, rapidement aperçu, mais dont aussitôt les distractions et les préoccupations de la vie lui avaient dérobé la vue. Ce caractère éminemment suggestif, pour parler comme les Anglais, des ouvrages du P. Gratry me paraît être le plus haut mérite auquel un écrivain puisse aspirer. C'est déjà un pouvoir bien merveilleux que celui qui est donné à l'homme, par le langage, de faire passer dans l'intelligence de ses semblables les connaissances qu'il a acquises; mais s'il peut leur communiquer la force d'en acquérir par eux-mêmes, s'il peut agrandir la sphère de leurs facultés, élever leurs aspirations, ne participera-t-il pas bien plus encore au pouvoir créateur de Dieu? N'est-ce pas là l'éloquence dans

son acception la plus haute et la plus vraie? Et quand un auteur doué de ce merveilleux pouvoir d'augmenter l'intensité de la vue de ses semblables, l'exercera non sur les facultés sensibles par lesquelles l'homme est en communication avec la nature, ni même seulement sur les facultés. raisonnables par lesquelles il est en rapport avec la société, mais sur les puissances divines de l'âme, sur celles par lesquelles elle atteint l'infini, cet homme ne doit-il pas être regardé comme un bienfaiteur public, quel que soit d'ailleurs le nombre de vérités particulières dont il enrichira le domaine des intelligences? C'est en cette qualité que nous saluons le P. Gratry, et que nous le remercions du bien que la lecture de ses ouvrages nous a fait, et que beaucoup d'autres sans doute ont éprouvé comme nous. Mais dans l'apparition de ces ouvrages, nous trouvons une autre cause de joie et d'espérance. Nous sommes autorisé à les regarder comme le prélude d'une série de travaux, dont le nom des hommes éminents que le P. Petétot a rassemblés autour de lui, nous fait déjà pressentir l'importance, mais dont l'avenir seul nous révélera tout le mérite. Ce n'est pas un astre isolé qui apparaît en ce moment à l'horizon de la science sacrée; c'est une brillante constellation qui se lève, et qui promet d'éclipser par sa clarté les gloires de l'ancien Oratoire. Les ouvrages du P.Gratry ne sont que le premier rayonnement d'un foyer nouveau que le Dieu infiniment miséricordieux vient d'allumer au sein de l'Église de France, au moment où elle gémissait de son impuissance à combattre et à vaincre l'égoïsme d'un siècle d'entraînement industriel. S'il nous est permis de juger de la chaleur du foyer par celle de ses premiers rayons, nous n'avons qu'à bénir Dieu, et nous pouvons nous promettre de

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