Sayfadaki görseller
PDF
ePub

ce musée avait été construit dans une des parties les plus saines de Tien-tsin. « C'est un grand cube de maçonneries, où l'on trouve un laboratoire, un bureau de consultation, un atelier, une chambre noire, etc. Pour y transporter les collections déjà amassées, il n'avait pas fallu moins de 350 charretées. Un jardin botanique des plantes du Nord de la Chine y est commencé et ne groupe pas moins de 400 espèces intéressantes. Et voici que sort de terre l'annexe qui deviendra musée public: déjà, les collections sont à la portée des savants; et bientôt elles seront à la portée du grand public. Des expositions temporaires donneront l'occasion de conférences. >>

Le P. Licent se proposait de retourner aux gisements paléolithiques et néolithiques des Ordos; il voulait faire. de nouvelles fouilles là où il avait trouvé en 1923 deux espèces de Baloutchiterium et toute une faune de petits Rongeurs; il se promettait de récolter des trouvailles intéressantes dans certaines couches jurassiques (1). L'instabilité de la situation politique ne lui permit pas de s'éloigner beaucoup de Pékin. Du moins, put-il organiser trois excursions de courte durée Dans la première, il travailla avec le professeur Barbour, de l'Université de Yenching à Pékin, au site déjà connu partiellement du Sang-kan-ho : « La faune ancienne comprend des échantillons des espèces suivantes : cerf, buffle, tigre, cheval, porc, gazelle, canidae, éléphant, rhinocéros, et toute une faune de Mollusques; ceux-ci semblent appartenir à la même époque géologique que ceux qui ont été trouvés par le docteur V. K. Ting aux rapides du Hoang-ho.' L'étude en sera faite au Service géologique de Chine par le docteur Grabau. Les recherches géologiques indiquent que les animaux ont vécu dans une région marécageuse et que les ossements ont été ensevelis dans des dépôts lacustres : l'étude en sera faite par le P. Teilhard

(1) ÉCHO DE TIENTSIN, 5 avril 1925.

de Chardin au Muséum de Paris» (1). Une seconde excursion permet de doubler cette masse de documents. « Le P. Licent ramène 2.150 livres d'ossements fossiles; il a visité cette fois dans la plus grande partie de son étendue, la région des dépôts lacustres que ravinent le Sang-kan-ho dans son cours moyen et le Hou-liou-ho dans son trajet au pied du Siao-Ou-tai-chan... Outre la paléontologie, il a consacré une partie de son temps à la botanique. Il rapporte environ 80 espèces botaniques qui enrichiront son jardin botanique » (2). Durant le troisième voyage, aux environs de Ta-tung-fu, il découvrit trois nouveaux foyers néolithiques, et, dans une région volcanique, la cheminée d'un volcan éteint remplie de lave qui, par suite de l'érosion, se dresse en témoin au-dessus de la plaine.

Peu de publicité a été donnée à toutes ces découvertes, et l'on a vite fait d'énumérer les articles qui ont été consacrés à ce travail gigantesque ; mais les savants du pays estiment déjà à leur juste valeur ces travaux, et l'un des esprits les plus distingués de Pékin, le Docteur Hu-Shih n'hésitait pas en juillet dernier, dans une conférence qui fut faite à l'Université nationale de Pékin, à associer son nom à ceux de « Richthofen en géologie, Lauffer en archéologie, Karlgren en philologie, Anderson dans la science de l'âge des pierres, le P. Doré en mythologie et Giles en littérature » (3).

Grâce à lui, le nom des jésuites français de Tien-tsin commence à pouvoir être associé à celui de leurs savants confrères de Shanghaï, et le fait n'est pas de peu d'importance. En effet, au moment où le P. Licent dut songer à une installation définitive pour ses collections, il fut décidé que le Musée Hoangho-Paiho s'élèverait sur le même terrain que les Hautes Etudes industrielles et commerciales dont la fondation avait été résolue. Cette

(1) ÉCHO DE TIENTSIN, 3 mai 1925.
(2) ÉCHO DE TIENTSIN, 12 juillet 1925.

(3) POLITIQUE DE PÉKIN, 30 août 1925, p. 710.

Ecole est donc le « cadet » du Musée Hoangho-Paiho ; elle a bénéficié de son prestige naissant; elle peut s'étayer sur ses collections scientifiques; elle peut même utiliser la riche documentation économique que le P. Licent s'est bien gardé de laisser éparpillée, et maintenant elle peut commencer à explorer non plus le monde des sciences naturelles comme le musée Hoangho-Paiho ou le monde météorologique comme l'Observatoire de Zikawei, mais le monde économique et social. Le cadet croît dans l'espace plus vite que son aîné, et, sur le terrain, il ne tardera pas à englober les constructions du Musée HoanghoPaiho pourra-t-il oublier ce qu'il lui doit et ne devra-t-il pas s'obliger constamment à une collaboration qui ne peut être que féconde pour la Chine du Nord?

HENRI BERNARD, S. J. Hautes Etudes de Tien-tsin.

BIBLIOGRAPHIE SCIENTIFIQUE DU MUSÉE HOANGHO

PAIHO

1912. Emile Licent, Recherches d'Anatomie et de physiologie comparées sur le tube digestif des Homoptères supérieurs. (Thèse de doctorat.)

1916. E. Licent, La Montagne boisée dans le Nord-Est de la Chine. 1921. E. Licent. Appel aux missionnaires et Renseignements pour la récolte et l'envoi d'objets d'histoire naturelle.

1921. E. Licent, Fouilles paléontologiques et paléanthropologiques au Sinn-kia-keou et environs. (Deux notes.)

1922. P. Teilhard de Chardin, Sur une faune de Mammifères pontiens provenant du Nord de la Chine septentrionale, COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS.

1922. E. Licent, Liste de mes étapes.

1923. P. Teilhard de Chardin et E. Licent, On the Geology of the Northern and Southern Borders of the Ordos, Bulletin of the SOCIETY OF GEOLOGY OF CHINA.

IV SÉRIE, T. IX.

9

1923. P. Teilhard de Chardin et E. Licent, The Discovery of a Palaeolithic Industry in Northern China, BULLET. OF THE SOC. OF GEOLOG. OF CHINA.

1924. E. Licent, Comptes rendus de dix années de séjour et d'exploration dans le bassin du Fleuve Jaune, du Pai-ho et des autres tributaires du golfe du Pei-tcheu-ly.

1924. E. Licent, Les terrasses du Sang-kan-ho à l'entrée de la plaine de Sining-hien.

1924. P. Teilhard de Chardin et E. Licent, Observations géologiques sur la bordure occidentale et méridionale de l'Ordos, BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE, t. 34, p. 49-91. 1924. P. Teilhard de Chardin et E. Licent, Observations complé mentaires sur la géologie de l'Ordos, BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE, t. 34, p. 462-464 (et deux planches). 1925. P. Teilhard de Chardin et E. Licent, On the Geology of N. Chihli and E. Mongolia, BULL. GEOLOG. Soc. CHINA. 1925. P. Teilhard de Chardin, On the structure west of Linnmingkwan, ibid.

1925. E. Licent et P. Teilhard de Chardin, Note sur deux instruments agricoles du Néolithique de Chine, L'ANTHROPOLOGIE, t. 35, p. 65-74.

1925. A. Lacroix, Sur un nouveau type de roche éruptive alcaline mésocrate, l'ordosite, COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS, t. 180, p. 481.

1925. P. Teilhard de Chardin et E. Licent, Note sur la région vulcanique du Talainoor, BULLETIN INTERNATIONAL DE VULCA

NOLOGIE.

1925. P. Teilhard de Chardin et E. Licent, Le paléolithique de Chine (Mémoire préliminaire), L'ANTHROPOLOGIE.

1925. P. Teilhard de Chardin et E. Licent, Comptes Rendus d'un voyage fait en 1924 en Mongolie Orientale, BULLETIN de la SOCIÉTÉ DE GÉOLOGIE DE FRANCE.

En préparation :

E. Licent, La Mission paléontologique française (E. Licent et P.
Teilhard de Chardin), 1923-1924.

G. Seys et E. Licent, Les Oiseaux du Musée Hoangho-Paiho.
E. Licent, L'Herbier des plantes vasculaires du Musée Hoangho-Paiho.
E. Licent et M. H., La Collection des Bois du Musée de Hoangho-Paiho.
E. Licent, La campagne de 1925 dans le Nord de la Chine: Fouilles
paléontologiques et exploration du Nord-Ouest du Chansi.
Principaux articles publiés sur le Musée Hoangho-Paiho ;
PEKING AND TIENTSIN TIMES, LITERARY SUPPLEMENT, 6 mai 1925.
JOURNAL DES DÉBATS, L'Œuvre scientifique française dans la Chine
du Nord, par Francis Borrey, 8 septembre 1924.

ASIE FRANÇAISE, etc.

La Science et la Philosophie d'après M. Meyerson

La question des rapports entre la philosophie et la science est vieille comme la pensée humaine, et cependant d'une actualité toujours plus pressante. Les problèmes si importants de la science et de la foi s'y rattachent étroitement. Les grands mouvements philosophiques depuis le xvIIe siècle, cartésianisme, kantisme, positivisme, scientisme, pragmatisme se sont surtout affirmés par la position qu'ils ont prise au sujet du problème philophique de la science.

De ce problème, M. Meyerson a donné, dans ses deux livres de base, Identité et Réalité (1) et De l'explication dans les Sciences (2), une solution qui se caractérise par sa profonde originalité, tout en se rattachant par plus d'un trait aux parties les plus saines des systèmes philosophiques de tous les temps. Cette solution s'oppose nettement aux points de vue positiviste et pragmatiste qui dominent actuellement, dans toutes les écoles contemporaines, l'interprétation de la science.

Le positivisme, en tant que philosophie de la connaissance, a été préparé par Kant, qui, dans sa Critique de la Raison pure, a séparé d'une manière totale le « noumène >> phénomène », l'être en soi de ses manifestations sensibles. Kant laissait donc subsister l'être en soi, mais il le faisait complètement inaccessible à l'esprit humain.

(1) Paris, Alcan, 1908; 3e édit., 1926.

(2) Paris, Payot, 1922.

« ÖncekiDevam »