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DE 1789 À 1814.

SUITE DU LIVRE SEIZIÈME.

ARRIVÉE sur les bords de l'Adda, beaucoup plus profond et de rives plus escarpées que le Mincio et l'Oglio, l'armée française prit les positions suivantes : Serurier, avec la gauche, gardait la partie supérieure du fleuve, occupant Lecco sur le lac, où il avait une tête de pont fortifiée, et prolongeant sa ligne jusqu'à Imbezzago et Trezzo. Il donnait la main, dans cette dernière place, au corps de bataille commandé par Victor et Grenier, et qui s'étendait, par la droite, jusques à Cassano. Sur la gauche était une tête de pont avec des tranchées garnies de canons. L'artillerie du château protégeait encore les deux généraux; et comme les républicains présumaient que l'ennemi tenterait un coup de main contre Cassano, situé sur la grande route de Milan, ils avaient apposté, derrière la ville, un gros de cavalerie, tout prêt à se porter où sa présence deviendrait nécessaire. La droite, aux ordres de Delmas, se prolongeait sur les bords de l'Adda, couvrant Lodi et Pizzighettone. Au moyen

IV.

de ces dispositions, les Français espéraient arrêter les progrès du vainqueur.

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Cependant, un grand changement s'était opéré dans le commandement suprême de l'armée. Les soldats républicains qui se croyaient invincibles, parce qu'ils n'étaient pas accoutumés à être vaincus, avaient conçu la plus vive indignation contre Scherer, qu'ils accusaient de tous leurs désastres. Les moins braves ne cachaient plus leur effroi, et déjà le découragement se communiquait de proche en proche dans l'armée. L'image de la France se présentait à l'esprit des soldats, et leur rendait odieux le séjour de l'Italie. Ce changement subit faisait craindre aux officiers d'avoir bientôt à combattre, et la fureur de l'ennemi, et la résistance de leurs propres soldats. Des murmures s'élevaient de toutes parts contre Scherer; le moindre reproche qu'on lui adressât, c'était qu'il n'entendait rien à la guerre. Il lui était impossible, sans doute, de commander avec fruit une armée qui avait conçu pour lui tant d'aversion. Il n'y avait d'autre parti à prendre pour ranimer la confiance et le courage des troupes, que de placer à leur tête un autre général, aimé du soldat, et fameux par de récentes victoires. Scherer vit tout cela; cédant aux circonstances, il remit lui-même ses pouvoirs à Moreau, et pria le directoire de confier l'armée d'Italie au général qui s'était acquis tant de gloire sur le Rhin. La proposition fut ac

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cueillie; Moreau prit le commandement; Scherer partit pour la France. Irrités de leurs disgrâces, les républicains multiplièrent contre lui les accusations; mais si l'armée commit sous lui des excès, il faut en chercher la cause dans les coupables exemples précédemment donnés. Sous le rapport de l'habileté militaire, on ne voit pas quel autre reproche pourrait être adressé à Scherer, si ce n'est de n'avoir pas couru subitement à Vérone, dans la journée du 26, lorsque la déroute de l'aile droite autrichienne livrait le passage de l'Adige aux Français. Du reste, le plan général de cette bataille et de celle de Magnano, n'a rien qui ne lui fasse honneur. Sa retraite sur l'Adda, au milieu d'événemens si désastreux, donne elle-même une idée avantageuse de ses talens. Mais avoir essuyé des défaites où Buonaparte venait de remporter des victoires, voilà ce qui nuisait le plus à Scherer, et souleva la haine des républicains. Empressons-nous aussi de payer à Moreau le tribut d'éloges qui lui est dû, pour avoir accepté le commandement d'une armée vaincue, et au moment où toute espérance de succès était à peu près anéantie. Moreau n'ignorait pas l'impossibilité de se défendre long-temps sur l'Adda, contre les forces réunies des confédérés; mais il eût été peu honorable à ses yeux de céder, sans un nouvel effort, la capitale de la république cisalpine, alliée de la France, et dont les soldats combattaient dans l'armée. Il voulait aussi,

en arrêtant les progrès de l'ennemi, donner le temps d'approvisionner les forteresses du Piémont. Sur ces entrefaites, ayant reçu quelques renforts de France, de Piémont et de la Cisalpine, il résolut de faire face à l'ennemi, et d'éprouver si la fortune serait plus favorable à la république, sur les rives de l'Adda, que sur les bords de l'Adige.

A peine arrivé, Suwarow se dispose au combat. Il commandait en chef l'armée confédérée. Son intention était d'insister à droite, du côté des montagnes, au lieu de suivre le cours du Pô, afin de séparer les Français qui combattaient en Suisse, de ceux qu'il avait en tête, dans l'Italie ; c'est pourquoi il longea la chaîne des Alpes, aimant mieux passer l'Adda vers le lac, que dans les environs du Pô. A l'exemple des Français, il divisa son armée en trois corps. Le premier, qui s'avançait par la droite, fut confié aux généraux Rosemberg et Wukassowich; celui-ci guidait l'avant-garde. Ils avaient ordre de se frayer un passage du côté du lac. Le second corps, c'est-à-dire le centre, sous la conduite de Zopf et Ott, devait traverser à la hauteur de Vaprio, et s'emparer de la place. Le troisième enfin, commandé par le général en chef autrichien, vint prendre position en face du quartier-général français, à Cassano. Après avoir combattu et repoussé avec une rare valeur le prince russe Bagration, qui voulait enlever la tête de pont de Lecco, Serurier, en se repliant, par ordre

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