Sayfadaki görseller
PDF
ePub

excès des confédérés, l'indignation qui en était la suite, le retour de l'opinion en faveur des Français. Ils s'épuisaient en promesses, offraient leurs services, exagéraient leurs moyens. Mais le temps passait, l'exil durait toujours, l'espoir s'évanouissait, les besoins devenaient plus pressans, le ciel étranger plus accablant et plus insupportable. Cependant, la France tendit les bras au malheur. Indépendamment de quelques secours accordés par le gouvernement, les exilés trouvèrent dans l'humanité française tous les soulagemens que peut offrir une hospitalité généreuse. La patrie seule manquait à leurs voeux. L'opinion n'avait aucune part dans ces actes de bienfaisance. Beaucoup de Français, ennemis des doctrines républicaines, ne s'en montrèrent pas moins sensibles à l'infortune des émigrés, leur donnèrent chez eux un asile, et leur prodiguèrent les consolations les plus touchantes. Partout où les exilés avaient cherché un refuge, c'était un combat de zèle et de bienfaisance, où triomphèrent particulièrement les villes de Grenoble, de Chambéry et de Marseille. Je me complaisais dans cet éloge de la générosité française; et voilà qu'une circonstance horrible se présente à mon souvenir. Je la rapporterai pour que le siècle soit connu. Qu'on sache donc. que la plupart de ceux qui s'étaient enrichis des dépouilles de la péninsule, ne réservèrent à ces malheureux Italiens que duretés, refus et humilia

[ocr errors]

tions; qu'on sache qu'ils n'accueillaient, parmi les exilés, que ceux qui avaient prêté la main à leurs déprédations; qu'on sache enfin, qu'au milieu d'orgies scandaleuses, ils riaient avec eux et de l'Italie et de la France. Ils auraient vu avec indifférence le bouleversement du monde, si ce monde n'eût pas été nécessaire à leurs plaisirs mal acquis. Ainsi, le riche et le pauvre, le royaliste et le républicain, le partisan et l'ennemi de la guerre d'Italie, tous, dans cette France hospitalière, soulageaient, autant qu'il était en eux, la souffrance des exilés; et ceux qui avaient précipité les Italiens dans l'abîme, ceux qui ne devaient qu'à l'Italie leurs moyens actuels de réparer des misères ces hommes seuls refusaient à leurs victimes un pain trempé d'amertume! Ah! s'ils s'étaient contentés de ne point les admettre à leurs tables splendides, de les oublier dans leurs fêtes! mais non, le foyer même était interdit aux supplians, et plus d'une fois la porte fut brutalement refermée sur le malheur éconduit. Là, tout ce que l'humanité a de plus tendre et de plus généreux; ici, tout ce que l'avarice a de plus dur et d'impitoyable. Tant il est vrai que d'un seul vice et d'une seule vertu, peuvent naître toutes les vertus et tous les vices. Les Italiens réfugiés, je dis ceux qui s'occupaient le plus des affaires publiques, s'étaient imaginé que le meilleur moyen de relever l'Italie, et d'aider la France à la reconquérir, c'était

[ocr errors]
[ocr errors]

de mettre en avant le projet de réunir tous les états de la péninsule en un seul état homogène : persuadés que ce mot d'unité allait agir comme un talisman sur l'esprit de leurs compatriotes. Indépendamment des pétitions qu'ils présentèrent, à cet effet, aux conseils législatifs de France, ils firent imprimer un mémoire particulièrement adressé au peuple français et à ses représentans. Ce mémoire commençait ainsi : « Des hordes d'ennemis « barbares et assassins, ne pouvaient devoir le suc<«< cès momentané de leurs armes qu'à la trahison « et à la perfidie. Leurs agens les plus puissans « étaient, à cette époque désastreuse, à la tête de << votre gouvernement français ! Vous avez été « trompés, horriblement trahis comme nous, par « ceux qui, tenant les rênes de l'état pendant un << trop long despotisme, vous conduisaient au bord << de l'abîme que leurs mains impies avaient creusé <«< pour la liberté des peuples. Quelques jours en«< core, et leurs projets infernaux auraient étonné « le monde par de plus grands crimes; et, comme «< nous, vous n'aviez plus de patrie, ni les lois que « vous vous étiez données. Qui pourrait nombrer

les actes arbitraires dans lesquels, violant le « code sacré de vos droits, ils ont trafiqué de « votre liberté et de celle de vos alliés, comme « de vils satrapes le feraient de leurs derniers "esclaves?

« Mais l'espoir renaît.... Combien nous a été

« sensible l'hospitalité franche et amicale que

nous

<< avons trouvée dans l'intérieur de la France!.com«< bien elle diffère des vexations cupides des agens, << des fournisseurs, des compagnies, etc,, qui ont « dépouillé l'Italie! Ce n'est point de ces âmes viles que nous sont venus des secours, nous les « aurions dédaignés.....

« Tourner nos regards, toujours libres, vers <«< notre patrie; chercher à oublier, s'il est possible, «la grandeur des maux que nous avons soufferts « de toutes les tyrannies; méditer sur leurs causes, <«< indiquer des moyens réparateurs; mettre notre « espérance dans la justice, dans la loyauté des « Français et dans les principes qu'ils ont procla«més; prouver que les peuples d'Italie doivent «< être leurs amis et leurs alliés naturels; montrer qu'ils veulent être libres, et faire voir enfin que «<l'unité de l'Italie est nécessaire au bonheur et à « la prospérité des deux peuples : tel est le but, « telles sont les réflexions de cet écrit, dicté par <«<l'amour du bien public et de la vérité. »

Après de longs raisonnemens, partie judicieux, partie peu fondés, touchant l'unité de l'Italie, ils terminaient ainsi :

[ocr errors]

« Si la république française, enfin, ne déclare << pas l'unité de l'Italie, elle ne détruira jamais l'injuste opinion que les quadrumvirs, par le << moyen de leurs agens, aussi perfides que cor« rompus, ont donnée à l'Europe entière de son

<«< immoralité politique et de sa despotique diplo

<< matie.

« C'est au nom de la république française qu'ils « osèrent, la baïonnette en main, chasser le peuple « des assemblées primaires. C'est en son nom qu'ils << refusèrent l'entrée dans la salle des conseils aux (( représentans fidèles , pour y substituer les agens « de l'aristocratie et les meneurs des tyrans, et « que, d'accord avec eux, ils emprisonnèrent ceux qui avaient eu le courage d'annoncer les mal<< heurs prochains de la liberté.

« C'est au nom de la république française qu'on «< força de recevoir des traités injustes, et qu'on <«<les viola; c'est aussi en son nom que l'on com<< prima la liberté de la parole et de la presse, <«< qu'on ordonna des destitutions arbitraires, ne << respectant pas même, pendant la nuit, l'asile << sacré des citoyens ; c'est en son nom qu'on ravit «< leurs propriétés par la force, qu'on cumula les

[ocr errors]

pouvoirs des autorités civiles et des tribunaux «< criminels, qu'on déclara anarchistes et ennemis « de la liberté tous ceux qui avaient encore le cou<< rage d'aimer la vertu et de s'opposer aux dilapi<«<dations et au brigandage. C'est encore en son << nom qu'on refusa des armes aux patriotes, et

qu'on déclara rebelles ceux qui voulaient dé«<fendre leurs foyers après la trahison de Scherer. « C'est enfin au nom de la république française « qu'ils établirent l'oligarchie, qu'ils détruisirent

« ÖncekiDevam »