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Le sort de l'Italie redevenait douteux. Encore quelques jours, et il allait être décidé qui devait l'emporter, ou des légions républicaines, guidées par Moreau et Macdonald, ou des puissantes armées d'Autriche et de Russie, commandées par Suwarow. Macdonald marchait rapidement à la rencontre de Moreau; ce dernier, ainsi que nous l'avons dit plus haut, avait envoyé Lapoype à Bobbio, pour servir de premier anneau à la chaîne; Moreau lui-même allait déboucher, de la Bocchetta, avec toute son armée, au-devant de Macdonald. Suwarow, de son côté, s'avançait à grands pas, de Turin, pour trouver Macdonald ou Moreau, avant qu'ils eussent opéré leur jonction.

A la suite du combat livré à Hohenzollern, passant par Reggio et Parme, d'où le duc, dans la crainte des républicains, s'était retiré sur la rive gauche du Pô, Macdonald avait pris la route de Plaisance, où il était entré le 15 juin. Il y fut rejoint par la division de Victor, qui, conformément aux ordres de Moreau, arrivait à sa destination par Borgo de Taro et Fornuovo, après avoir passé les monts Liguriens à Sarzana et Pontremoli. Voulant prévenir son ennemi avant qu'il eût rassemblé de plus grandes forces, ignorant peutêtre aussi que Suwarow se trouvait déjà sur le champ de bataille, avec toute son armée, Macdonald commença les hostilités. Le général autrichien Ott, qui formait l'avant-garde, avait ses

positions entre la Trebbia et le Tidone. Attaqué par Macdonald, il se vit obligé de repasser le Tidone, et de s'enfuir jusqu'à San-Giovanni, vivement poursuivi par la cavalerie légère française, aux ordres du général Salm. Mais cette retraite même du capitaine autrichien, avait donné aux premières colonnes de Suwarow, la facilité d'arriver plus tôt à son secours. En effet, Mélas, informé du danger que courait Ott, avait fait prendre les devants à la division Froelich, qui contînt d'abord l'impétuosité des Français. Arriva ensuite fort à propos l'avant-garde russe. Tous ces corps réunis déployèrent tant de vigueur, le prince Bagration avec ses cosaques, sur la droite; le prince Korsakow avec d'autres cosaques et les troupes légères autrichiennes, sur la gauche; Ott et Froelich au centre; que les républicains, malgré l'opiniâtreté de leur résistance, furent repoussés sur la rive droite du Tidone. La nuit survint; les hostilités cessèrent pendant quelques heures; le Tidone séparait seul les deux armées. Ici commence à paraître l'erreur de Macdonald. Erreur manifeste pour qui voudra réfléchir un moment à ce que Suwarow avait intérêt d'entreprendre. Il importait beaucoup au général russe d'en venir promptement aux mains avec les Français, et de les rompre avant que Moreau, qui descendait les vallées de la Trebbia et de la Scrivia, pût l'attaquer sur son flanc droit et sur ses derrières. S'il

n'y parvenait pas avant l'arrivée de Moreau, la retraite devenait une nécessité pour Suwarow, et la jonction des deux généraux français s'opérait sans obstacle. Le Russe persistait-il à combattre sous Plaisance, ayant Macdonald en tête et Moreau en queue, ce dernier appuyé, en outre, par les forteresses d'Alexandrie et de Tortone? Les confédérés pouvaient alors éprouver quelque grande catastrophe. Si donc il importait à Suwarow d'attaquer sans délai Macdonald, il n'importait pas moins à Macdonald de temporiser avec Suwarow, parce qu'il est impossible, à la guerre, que ce qui est utile à l'un des partis, ne soit pas nuisible à l'autre. Macdonald fit très bien, sans doute, d'attaquer au premier abord le général Ott; il ne savait pas alors que Suwarow fût si près, et il devait s'ouvrir le passage vers Moreau; mais une fois instruit par ses coureurs, et surtout par la violence du dernier choc, qu'il avait à faire, non plus à une faible partie de l'armée, mais à l'armée ennemie tout entière; le parti le plus sage, le parti nécessaire était de se tenir sur la réserve, de gagner du temps, de se retirer lentement et avec précaution, jusqu'à ce qu'il eût été informé des événemens entre Novi et Tortone, et de l'arrivée de Moreau sur les derrières de l'ennemi. Néanmoins, soit qu'il s'aveuglât sur la certitude de la victoire, soit qu'il eût l'ambition d'être seul appelé le libérateur de l'Italie, soit enfin répugnance de se réunir à

Moreau, à qui l'ancienneté du grade aurait donné le commandement suprême; Macdonald résolut de livrer bataille; mais il nous semble qu'il y avait, dans cette détermination, plus de bravoure que de prudence.

Les deux vaillans adversaires se préparèrent, pendant la nuit, au combat du lendemain. Suwarow donna ordre à ses soldats d'en venir subitement à l'arme blanche, en criant: Houra! houra! et de ne faire quartier à personne : commandement barbare, et digne d'une réprobation éternelle. Les soldats se montrèrent plus humains que leur général. L'armée républicaine était rangée sur la rive gauche de la Trebbia, plus près de ce fleuve que du Tidone. La droite, sous Olivier, s'étendait vers le Pô, soutenue par la cavalerie de Salm. A la gauche se trouvaient les Polonais de Dambrouski et la division Rusca. Montrichard et Victor guidaient le centre. Suwarow avait divisé ses troupes en quatre corps. Ott à gauche, vers le Pô; puis successivement, Froelich, Forster, Rosemberg, Bagration, et enfin Schweicouski, général russe. Les deux premiers corps, composés presque entièrement d'Autrichiens, obéissaient à Melas; les deux derniers, composés pour la plus grande partie de Russes, à Suwarow. Le 18 juin, les alliés passèrent le Tidone à gué, et avancèrent sur les républicains, qui les attendaient de pied ferme. Leur intention était de s'attacher principa

lement à la gauche des Français. Bagration conduisait l'avant-garde; mais il fut retardé dans sa marche par les fossés et les haies qui coupaient la plaine. Les Français, l'ayant aperçu, n'eurent pas la patience de l'attendre, et se précipitèrent sur lui avec une telle fureur, que ses soldats, pliant au premier choc, allaient se débander, s'il n'avait ordonné au même instant, pour les soutenir, une grande charge de cavalerie. Non seulement alors la bataille se rétablit du côté des confédérés ; mais les Français furent repoussés jusque dans leurs positions. Macdonald le vit, et détacha quelques régimens de la division Victor, qui firent de nouveau pencher la fortune en faveur des républicains. Rosemberg envoya aussitôt Schweicouski au secours de Bagration; la bataille devint terrible sur ce point, et se prolongea pendant plusieurs heures. En même temps Forster, avec son avantgarde, composée principalement de cosaques et d'un escadron de cavalerie autrichienne, chargea l'avant-garde républicaine, et la fit plier après un vif engagement. Survint le colonel Lawarow avec quelques troupes fraîches, qui chargèrent cette avant-garde déjà en retraite et achevèrent sa défaite. Repoussés sur le centre de l'armée française, les fuyards y portèrent le désordre, et l'obligèrent lui-même à reculer, vigoureusement poursuivi par les Impériaux, sur la rive opposée de la Trebbia. Il y allait, pour Macdonald, de sa réputation

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